Rien n’est sûr que l’Adema, malgré la décision prise par son Comité exécutif, est en mesure, à quelques encablures de la présidentielle, de présenter un candidat consensuel issu de ses rangs. C’est du moins, ce que sous-entend l’honorable Yaya Sangaré qui estime qu’à cinq mois de l’échéance de juillet prochain « aucun candidat potentiel ou annoncé n’est capable de faire le consensus autour de lui au sein du parti, encore moins de se faire accepter par les autres forces politiques et sociales du pays ». Ce qui laisse penser que l’Abeille solitaire s’achemine inexorablement vers sa deuxième option consistant à inscrire son soutien dans une large coalition.
« Il ressort des différents échanges au sommet du parti comme à la base qu’il y’a aujourd’hui une exigence unanime d’aboutir au choix d’un candidat consensuel qui rassemble au sein du parti et au-delà. Car, il est évident qu’aucune formation politique, fut-elle de la stature de l’Adema-PASJ, à elle seule, ne peut gagner la présidentielle de 2018. C’est donc une forte coalition de forces politiques et sociales avec une nouvelle offre politique qui prenne en compte le contexte actuel du pays, un pays profondément affecté par une crise multidimensionnelle, composé d’une jeunesse de plus en plus exigeante, qui est capable d’assurer une victoire certaine à la présidentielle de cette année.
Et nous constatons malheureusement, à quelque cinq petits mois de cette échéance, qu’aucun candidat potentiel ou annoncé n’est capable de faire le consensus autour de lui au sein du parti, encore moins de se faire accepter par les autres forces politiques et sociales du pays. Alors, à l’évidence, toutes les options restent sur la table ».
De cette affirmation, provenant du Secrétaire à la communication de la formation politique rouge et blanc, à la suite d’une longue interview accordée à notre confrère du journal « La Preuve », on dénote toute la difficile tractation pour l’ancien parti au pouvoir à présenter un candidat, sous sa bannière, lors de la prochaine présidentielle de juillet. Et ce, malgré le choix du comité exécutif qui, suite à sa réunion hebdomadaire du 14 février dernier, a accepté, après des débats houleux, de faire le choix d’une candidature interne consensuel.
Mais voilà, le chemin menant à cette personnalité vertueuse pour le moins incontestable, capable de faire le consensus autour de lui au sein du parti et surtout à même de fédérer tous les abeilles, fortement divisés sur la question, semble désormais être la croix et la bannière ; sinon une quête difficilement réalisable. C’est du moins la triste réalité révélée par l’honorable député élu à Yanfolila qui estime par la même occasion qu’il serait matériellement impossible pour son parti de dénicher cet oiseau rare à « cinq petits mois de l’échéance ».
Mieux, répondant à ceux qui tablent ou travailleraient en eaux troubles pour une éventuelle, voire une hypothétique candidature de l’ancien président de la république par intérim, Dioncounda Traoré, seule personnalité répondant aujourd’hui aux critères de choix de cette candidature interne, le Secrétaire à la communication a été clair comme de l’eau de roche : « Je sais que vous avez appris des initiatives sollicitant la candidature du Pr Dioncounda TRAORE, ancien Président de la République par intérim sous la transition, ancien Président du parti Adema-PASJ, ancien Président de l’Assemblée nationale. Ces initiatives, sous forme de pétitions, ont circulé et circulent encore à Bamako et à l’intérieur du pays. Dès le départ, il faut signaler que le Pr Dioncounda a tenu à se démarquer de ces initiatives, parce qu’elles jurent, j’imagine, avec les textes du parti et aussi en raison du fait qu’elles proviennent de certaines personnes très bien connues de Dioncounda lui-même. Je voulais aussi ajouter qu’il a tenu à préciser à chaque sollicitation qu’il n’est et ne sera candidat en rien. Pour mettre fin à toute récupération politique en son nom, il a même chargé le Président du parti d’informer solennellement le Comité exécutif de son refus catégorique et définitif… »
Si l’ancien président du parti, qui continue encore de recevoir de très nombreux courtisans lui demandant de se positionner toujours pour 2018, refuse de se présenter à l’élection présidentielle de 2018, quelles que soient les sollicitations à lui faites, quelle option restera-t-elle pour l’Abeille solitaire ? C’est d’inscrire certainement son soutien au candidat issu d’une forte coalition de forces politiques et sociales qui est capable d’assurer une victoire certaine à ce dernier.
Qui sera cet heureux élu pour qui l’Adema jettera son dévolu lors du futur scrutin présidentiel ? Si l’honorable Yaya Sangaré s’est refusé de dépasser le rubicond en citant nommément le Président IBK (en politique le non-dit a plus de sens que ce qui est étalé sur la place publique), les observateurs avertis croient comme fer qu’il ne peut s’agir que de l’actuel locataire de Koulouba. Ce d’autant plus qu’avant cette sortie du député, l’Adema, à son plus haut sommet, avait eu à affirmer à qui veut l’entendre qu’elle « est et restera membre de la Majorité présidentielle » et qu’elle « assumera avec honneur, et en toute dignité, sa part de responsabilité du bilan du mandat quinquennal qui tend vers sa fin ».
Autant donc, dire que s’il devait apporter son soutien à un candidat en dehors de ses rangs, comme cela semble se dessiner, il ne pourrait être que celui auquel la CMP aura choisi. Donc, inexorablement le préside Ibrahim Boubacar KEITA.
Si de tel scénario devait se réaliser, il dépendra, selon le responsable politique de l’Adema, de l’offre politique et électorale des parties à travers la création dit-il d’un cadre de concertations et de propositions qui puisse permettre à toutes les parties prenantes et convenir du gain de chacune.
« C’est celui qui a le plus besoin de ce plan B qui doit l’activer », a annoncé M. Sangaré pour qui il revient à celui qui sollicite le soutien de son parti de lui faire des propositions concrètes qui puissent lui permettre puisse permettre de rebondir pour les législatives et peut-être les locales et les régionales qui vont immédiatement suivre.
Une autre exigence, pour la concrétisation de ce plan B, c’est le fait de traiter l’Adema avec un plus d’égard en l’associant à certains choix politiques majeurs du pays.
Un souhait légitime qui fait obligation au parti présidentiel, tête de proue de la Majorité, de respecter cette coalition, de prouver sa loyauté envers elle, et surtout de prouver que le parti est capable d’aller vers un grand rassemblement pour conduire la réélection du camarade président fondateur à la tête du pays.
En tout cas, ils semblent lancer et il revient à chaque partie de jouer sa partition et d’assumer sa responsabilité pour permettre au pays de trouver davantage de stabilité afin d’amorcer véritablement son développement harmonieux.
Par Mohamed D. DIAWARA
Info-matin