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Présidentielle 2018 : Les vrais artisans de la réélection d’IBK Acte II

Le lundi, 20 août dernier, la Cour Constitutionnelle a confirmé la réélection du chef de l’Etat sortant Ibrahim Boubacar Kéita par un peu plus de 67% pour un second mandat face à son rival de toujours Soumaila Cissé, crédité d’un peu moins de 33% des suffrages. Cette victoire, moins éclatante que celle de 2013 face au même adversaire, a été acquise dans la douleur. Après l’acte un de cette rubrique consacrée aux « vrais artisans de la victoire (annoncée) d’IBK », nous présentons dans ce numéro quelques hommes de l’ombre qui se sont distingués par leurs actions pour réussir la réélection de leur mentor à la tête du Mali.

Arouna Modibo Touré : le pragmatisme

Le ministre de l’Economie Numérique, Arouna Modibo Touré, est un homme pragmatique. Il sait ce qu’il veut et ne ménage aucun effort pour atteindre ses objectifs. D’apparence « fier », l’ancien PDG du Pari mutuel urbain est un homme d’un commerce pourtant très facile. Il a joué sa partition dans la réélection d’IBK. Son humilité et sa générosité ont beaucoup contribué dans la mobilisation des électeurs en faveur du candidat IBK à Bamako, en Commune III notamment et à l’intérieur du pays. Un militant d’un parti de l’opposition n’a pas hésité à déclarer hautement et à qui veut l’entendre que contrairement aux injonctions du candidat de son parti, tombé dès le premier tour, il voterait pour le candidat que soutenait le ministre « Papou » : donc IBK !

Baba Moulaye Haidara, « Après IBK, y a IBK »

Le ministre des Transports, Baba Moulaye Haidara et la section 6 du Rassemblement pour le Mali, dirigé par le Dr Moussa Guindo, ont réussi à déjouer les pièges de l’opposition en Commune VI, seule Commune du District encore sous son contrôle en réussissant notamment au second tour. Bien que handicapé au départ, le candidat de l’alliance EPM y a réussi à rafler la mise. Surprise aussi parce que c’est là que se trouvent les plus farouches détracteurs du chef de l’Etat sortant dans le District de Bamako. Me Demba Traoré, le Général Moussa Sinko Coulibaly, Tiébilé Dramé, etc. y vivent. Quoi de plus normal quand on sait que pour Baba Moulaye, « après IBK, c’est IBK !»

Bakary Issa Kéita et Abderrahmane Sylla : la sérénité dans l’ombre

La Commune VI du District mais aussi le Mandé, Yélimané, Kayes et Diéma dans les régions de Kayes et de Koulikoro pourraient être automatiquement acquis au chef de l’Etat sortant. Mais les divers rebondissements dans les secteurs de Kéniéba et dans le Kaarta ont prouvé que les jeux n’étaient pas d’avance gagnés pour IBK, qui a dû recourir à des hommes de convictions qui lui sont restés fidèles pour regagner la confiance des électeurs. Bakary Issa Kéita, Secrétaire général de la Section RPM de la Commune IV et son prédécesseur et actuel ministre des Maliens de l’Extérieur, Abderrahmane Sylla, sont de ceux-ci.

Adama Sangaré : je t’aime, moi, non plus !

Alors qu’il s’était battu corps et âme pour que Modibo Sidibé soit le candidat de l’Adema Pasj en 2012-2013 contre le choix de la majorité des cadres, le Maire du District de Bamako, Adama Sangaré a observé un virage à 360°, ne jurant plus que par Ibrahim Boubacar Kéita en qui il a trouvé un sauveur (au double sens du mot) et un allié de taille. Il fait partie de l’aile dure de l’Adema qui ont imposé le choix d’IBK comme candidat du Pasj dans le cadre d’une coalition similaire à l’ADP qui avait réussi, contre IBK surtout, à faire réélire ATT en 2007 dès le premier tour. En Commune III de Bamako, dont il est l’élu mais aussi à Ségou, sa ville natale, le continuateur des grands travaux initiés par feu Moussa Badoulaye Traoré à l’hôtel de ville de Bamako, a mobilisé pour IBK et il n’est pas prêt de le regretter. Une réélection à la tête de la mairie du District sera une juste récompense, la candidature d’Issa Guindo du RPM au poste va être certainement retirée.

Hadi Niangadou et Boulkassoum Touré : duo visionnaire

Il a eu le mérite ( !?) de claquer la porte de la CODEM d’Housseyni Amion Guindo, alors ministre de l’Education Nationale à quelques semaines de l’officialisation de la candidature du président IBK à sa propre succession. Hadi, colistier du fils du chef de l’Etat en Commune II et richissime homme d’affaires controversé, est très futé. Il l’a répété à qui veut l’entendre que si son parti décidé d’aller contre IBK, ce serait sans lui. Le député de la Commune II, passé par le CNID, avait une idée derrière la tête : fonder un parti-club de soutien à IBK avec tous ses fidèles compagnons de la CODEM. Le Mouvement pour le Mali (MPM) est né qui entraînera également le départ du député de la Commune I Boulkassoum Touré mais aussi d’un grand nombre d’élus et cadres de la CODEM de Bamako. Les deux ex-vice-présidents de la CODEM et élus de la nation ont mis de leurs moyens et de leur énergie pour qu’IBK soit réélu alors que la CODEM était déterminée à présenter un candidat interne en la personne d’Housseyni Amion Guindo.

Jeamille Bittar, le renard

Ancien vice-président du PDES, ancien président du parti UMAM et président en exercice du CS-ATT, Jeamille Bittar a dit halte à l’errance en choisissant contre toute attente IBK comme candidat de son regroupement qu’il voue à la réconciliation nationale par le retour sans condition de son mentor Amadou Toumani Touré de son exil dakarois. L’ancien président de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Mali (CCIM) et du Conseil Economique, Social et Culturel est désormais sûr d’avoir opéré un choix judicieux. Un pari gagnant pour lui qui est d’ailleurs un des porte-parole du candidat de l’EPM, Ibrahim Boubacar Kéita. A San, il avait promis que personne n’allait battre IBK. Au premier comme au second tour, IBK y a été sacré.

Amadou Koita, la sincérité

L’ancien porte-parole de l’opposition et du FDR, Amadou Koita ne sait faire que dans la démesure. Chaque choix qu’il fait, il l’assume et va jusqu’au bout. Quand il aime, il se jette pieds et mains joints.  C’est la principale qualité des hommes sincères. Il a cru et a prêché la bonne foi d’IBK alors que même dans les rangs du RPM, certains avaient commencé à désespérer de lui. Alors que les thuriféraires attitrés du régime fuyaient les débats sur les plateaux télévisés, Amadou Koita s’y rendait avec joie et plaisir pour défendre bec et ongles le bilan d’IBK. C’est naturellement qu’il a été promu porte-parole du Gouvernement et depuis, l’homme a incarné le nouveau visage du régime. Il a largement contribué, par son optimisme, à faire basculer des voix pour IBK. Une retrouvaille avec Jeamille Bittar, qu’il a côtoyé au PDES puis à l’UMAM avant d’aller fonder son parti, le PS Yelen Koura.

Moussa Timbiné : qui aime bien châtie bien…

Le 1er vice-président de l’Assemblée Nationale du Mali et Président du Mouvement des Jeunes du RPM, Moussa Timbiné, élu en Commune V du District de Bamako, incarne l’avenir du parti et devra continuer à animer le paysage politique malien. Initiateur du mouvement fédérateur la Plateforme Anw Ka Ben, qui a notamment réussi à fédérer les énergies autour de la paix et de la réconciliation nationale, il peut se targuer d’avoir contribué avec des jeunes comme Amadou Koita, au retour d’ATT au Mali. Mais aussi, l’ancien leader estudiantin a su montrer un visage plus modéré du RPM à la face du monde à un moment où beaucoup pensaient que cette formation n’était faite que de revanchards. Parfois virulent quand il s’agit de défendre l’intérêt du parti et de l’hémicycle, Moussa Tembiné a à sa façon largement contribué à la réélection d’Ibrahim Boubacar Kéita.

Amadou Ouattara : pour gagner mieux, vivons caché

Le Maire de la Commune V du District de Bamako est de cette race d’hommes politiques qu’on qualifie d’apolitiques tant ils sont honnêtes. On parle très peu ou pas de lui dans les médias. Lui-même n’est pas un grand fan de l’exhibitionnisme politicien. Il est pourtant un homme grand dont on peut difficilement comprendre la timidité. Amadou Ouattara, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a été ancien adjoint chargé de l’environnement lors du mandat de son prédécesseur Boubacar Ba dit Bill à la tête de cette Commune urbaine de Bamako.

Maire écolo, M. Ouattara a su toujours faire bien et grand en restant sobre et discret. Et c’est pourquoi, en anachorète, il a compris que les grandes victoires politiques sont celles que l’on acquiert loin des yeux indiscrets et qui nous maintient dans la modestie. Il a lui aussi largement contribué à la réélection d’IBK.

Ibrahim Bocar Ba, la fidélité dans la peine

L’ancien patron de la BMCD et ancien Commissaire économie à la CEDEAO depuis son départ du poste d’ambassadeur du Mali à Bruxelles, Ibrahim Bocar Ba, est un homme entièrement dévoué à IBK au nom de la réconciliation nationale. Le président de l’UM-RDA est resté aux côtés d’IBK dans sa traversée du désert. L’enfant de Diankabou a souvent défendu avec force arguments le bilan du président sortant que certains jugeaient peu reluisants, étalant au grand jour sa maîtrise des enjeux économiques contemporains…au grand dam des détracteurs du régime et de certains politiciens déguisés en analystes économiques.

Maouloud Ben Kattra et Mohamed Ali Ag Ibrahim : le sceau de la confiance

L’un, Arabe de Tombouctou mais dont l’épouse vient de Goundam, a été une figure connue du syndicalisme avant de passer de l’autre côté de la table des négociations. L’autre, Touareg de Goundam, région de Tombouctou, est un fidèle parmi les fidèles de l’Ambassadrice du Mali en Allemagne, Oumou Sall Seck. Le dénominateur commun des deux hommes : des soutiens sincères d’IBK. Quand ils défendent IBK, ils foncent la tête baissée, sans crainte des risques encourus. Maouloud Ben Kattra et Mohamed Ali Ag Ibrahim, respectivement ministre de l’emploi et de la formation professionnelle et ministre du développement industriel ont largement contribué à la réélection d’IBK.

Abderrahmane Diakité et Malick Alhousseyni : le duo gagnant

Le secrétaire général de la section RPM de Gao, adjoint à la communication du BPN RPM et douanier de son état Abderrahmane Diakité et le ministre de l’Energie et de l’Eau, Malick Alhousseyni, sont des hommes comblés. Dans la ville de Gao, avec l’Adema, ils ont réussi à engranger des points pour le candidat de l’EPM, IBK, alors qu’il n’y allait pas favori. Un duo gagnant.

Dr Ali Kouriba et Moussa Badiaga : les stratèges

Le Dr Kouriba, éprouvé par la maladie à quelques semaines de la présidentielle, n’a certes pas eu le temps et l’énergie qu’il espérait pour accompagner IBK comme en 2013, mais il a tout de même pesé lourd dans la réélection d’IBK. Ce n’est pas pour rien que l’enfant de Kilégou (Bandiagara) est surnommé « l’homme de l’ombre » des grandes victoires du RPM, puisqu’il est considéré comme la tête pensante des grandes stratégies politiques du parti du tisserand. Le Secrétaire exécutif du Comité National de Recherche Agricole (CNRA) et du PPAAO/WAAPP a pu compter sur son dynamique staff composé entre autres du Pr Kaba Diarra, de Siaka Batouta Bagayoko et de l’honorable Moussa Badiaga. Ce dernier, député élu à Nara, a réussi avec le président Dioncounda Traoré, à déjouer le piège Niamé Kéita à Nara. L’ancien DG de la police étant passé à quelques semaines de la présidentielle du côté de l’opposition.

Nango Dembélé : le « tueur silencieux » de l’opposition

Le ministre de l’Agriculture, Nango Dembélé, qui avait également occupé les portefeuilles de délégué à l’agriculture puis de Commissaire à la Sécurité Alimentaire avant d’occuper celui de l’élevage et de la pêche, est un homme modeste, efficace, généreux et adulé. Si généreux que sa base (Yorosso, de Sikasso, de Koutiala…bref de la zone cotonnière), pour l’en remercier, a fait mal aux adversaires du candidat qu’il soutient en allant massivement aux urnes. IBK l’a en effet emporté haut la main face à ses adversaires au point de faire douter de la sincérité des scores obtenus dans cette partie du Mali presqu’essentiellement dévouée à la culture du coton.

D’aucuns disent aussi que c’est à lui et à ses fidèles hommes de la CMDT et de l’Office du Niger qu’on doit la victoire écrasante d’IBK dans les zones cotonnières et Office du Niger. Pas si faux que cela. Un tueur silencieux.

Ousmane Koné : l’espoir

Ousmane Koné, ancien ministre de la Santé puis de l’Urbanisme et de l’Habitat s’est muré dans le silence. Mais il n’a pas pour autant pas baissé les bras. L’économiste qui a réussi à freiner la fièvre hémorragique à virus Ebola avec l’équipe du Pr Samba Sow est resté fidèle à IBK et a beaucoup contribué à sa réélection à Sikasso alors qu’avec la candidature de Kalfa Sanogo, le maire de Sikasso à la présidentielle, l’on ne vendait pas chère la peau du RPM dans le Kénédougou. Comme quoi un vieux assis voit plus loin qu’un jeune bien dressé.

Mamadou Sangaré dit Blaise et Zoumana N’tji Doumbia : les têtes brûlées

Mamadou Sangaré dit Blaise et Me Zoumana N’Tji Doumbia, respectivement président et secrétaire général de la CDS Mogotiguiya sont deux personnalités influentes du landerneau politique malien. Ils ont prouvé qu’ils ont de l’énergie à revendre et que dans leur base, à Bougouni, ils sont indéboulonnables. Ils ont accompagné sincèrement IBK durant son mandat compliqué et joué pleinement leurs rôles. L’un, en tant que Conseiller spécial et porte-parole du président, l’autre en tant que président de la Commission Loi de l’Assemblée Nationale surtout pour des questions cruciales. Le rouquin de la classe politique malienne et le commissaire-priseur, de grands orateurs, ont souvent dignement et valablement défendu le régime là où les « grandes gueules » du régime dont celles du RPM ont hésité à se rendre. Le Banimonotié leur en a été reconnaissant.

Nouhoum Diarra

Le jeune maire de la ville de Ségou, Nouhoum Diarra, est pourtant considéré comme nouveau venu au RPM. Mais il a su faire montre de responsabilité quand il s’est agi de mobiliser autour d’IBK. Il a fait mieux pour le faire réélire largement à Ségou. A Ségou en effet, IBK, mieux que nulle part ailleurs au Mali, a investi et a changé le visage de la ville dont il veut faire apparemment une ville-dortoir pour décongestionner Bamako, devenue un véritable gros village car surpeuplée. Aux côtés de Zoumana Mory Coulibaly, Abdoul Ghalil Mansour Haidara et l’ancien ministre Mamadou Hachim Coumaré, le maire de Ségou a beaucoup œuvré pour la très confortable victoire d’IBK dans la région de Ségou.

Abinou Témé et Timoré Tioulenta

Ils sont parents (à plaisanterie). L’un est Dogon de Bandiagara, l’autre, Bozo de Ténenkou. Un même parcours ou presque : ils sont tous deux professeurs d’université. L’un anthropologue et l’autre sociolinguiste. Abinou Témé (RPM), ministre de l’Education Nationale malgré lui et Timoré Tioulenta (Adema), ancien député de Ténénkou et Directeur National de la Pédagogie (DNP) sont les têtes de proue de la fédération régionale de l’alliance EPM qui a porté la candidature d’IBK à Mopti avec Yagama Tembély. Moins politique que leurs nombreux compères, le vice-président du RPM et le secrétaire général adjoint de l’Adema ont largement contribué à la réélection d’IBK dans la région de Mopti.

Boniface Dembélé

 L’Enquêteur

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