A un mois du scrutin présidentiel de 2018, la mobilisation reste très faible non seulement du côté des candidats, mais aussi des citoyens. La recrudescence des violences dans le Centre du pays, la grève des administrateurs civils, la rupture de confiance entre les citoyens et les politiques, le retrait timide des cartes d’électeurs sont des prémices d’un faible taux de participation record à cette élection.
Dans 31 jours, le peuple malien se rendra dans les urnes pour élire un nouveau président. Déjà, en plus du président sortant, une trentaine de candidats se sont déclarés pour briguer la magistrature suprême. Malheureusement, l’élection présidentielle de cette année se passe dans un contexte un peu particulier.
En plus de la grogne sociale et de l’insécurité grandissante, le Centre de notre est en proie à une crise sans précédent. Des communautés, des villages s’affrontent chaque semaine sous l’œil impuissante du gouvernement et les partenaires du Mali. Des terroristes règnent en maîtres absolues et sèment le chaos dans certaines localités du Centre. Si ces affrontements n’empêcheront pas la tenue des élections dans le Centre, ils joueront sérieusement sur le taux de participation.
La deuxième inquiétude reste la grève des administrateurs civils débutée le lundi dernier sur toute l’étendue du territoire. Cet arrêt de travail des administrateurs coïncide avec l’opération de distribution des cartes d’électeurs. La grève de ces acteurs incontournables pour la bonne organisation des élections risque de perturber le bon déroulement des élections.
On enregistre déjà une semaine de retard dans la distribution des cartes. A cause de la grève, l’opération n’a toujours pas démarré dans plusieurs cercles du Mali. Le délai imparti pour distribuer les cartes sera sans nul doute insuffisant pour permettre aux Maliens de retirer leurs cartes.
D’autre part, dans les six communes du district de Bamako, la mobilisation autour du retrait des cartes d’électeur est très faible. Plusieurs personnes nous ont fait savoir qu’elles ne sont pas intéressées par la désignation des “corrompus” à la tête du pays.
D’autres évoquent le découragements de citoyens par la cherté et la situation économique du pays de plus en plus compliquée pour les citoyens lambda. “J’ai voté en 2013 pour libérer le pays et mettre fin à la corruption et l’impunité, mais hélas. Ils sont tous les mêmes”, déclare un vieux de 80 ans.
Une citoyenne déplore l’absence d’un candidat de rupture parmi les prétendants pour une alternance durable. Selon elle, tous les candidats sont “les fils d’une même mère”.
Obsédés par les mensonges et les trahisons des hommes politiques, ces hommes et femmes se désintéressent petit à petit de la politique. Le découragement a donc eu raison de la majorité des Maliens qui cherchent désespérément et quotidiennement un messie pour un miracle. Une véritable rupture de confiance entre le peuple et les hommes politiques.
Malheureusement, cette politique de “Bagnengo” ou de la chaise vide, qui n’est pas une bonne solution, risque de jouer sur le taux de participation.
A ces facteurs défavorables à la participation massive des électeurs, s’ajoutent l’insécurité grandissante sur toute l’étendue du territoire, les grognes sociales, l’absence des projets de société crédibles venant des prétendants, l’hivernage avec la pluie et les travaux champêtres, et surtout le cas spécifique de la région de Kidal.
La campagne sera sans nul doute morose. Si en 2013, les Maliens étaient sortis massivement pour élire le président IBK, 2018 sera sans nul doute le contraire. La crédibilité de l’élection présidentielle se mesurera à travers le taux de participation.
Y. Doumbia
Source: Tjikan