Il ne fait aucun doute : Ibrahim Boubacar Kéita semble être seul contre tous en cette veille de l’élection présidentielle du 29 juillet 2018. Lâché un à un par certains de ses alliés et de ses proches collaborateurs, le locataire de Koulouba est la cible de boulets rouges que ne cessent de tirer tous ses adversaires qui voudraient le voir « dégager ». « Dégager » IBK de Koulouba semble être le programme de beaucoup de ses adversaires politiques. À tel point que les 5 années de son pouvoir sont présentées comme des plus négatives au mépris du satisfecit de certains grands organismes internationaux reconnus pour leur expertise dans le domaine économique.
Il faut vraiment être ces derniers temps un inconditionnel d’IBK pour s’afficher ouvertement en faveur du gros Malinké de Sébénicoro. En effet, jamais dans l’histoire de la jeune démocratie malienne un chef de l’État aura été aussi vilipendé par une partie de classe politique et de la société civile. Il est possible que le sort réservé au Président de la République par certains de ses concitoyens soit à la mesure de la déception née de cette ferveur de millions de Maliens qui l’ont plébiscité en août 2013 et qui croyaient avoir retrouvé le « messie » qui sauverait Maliba. Il faut être honnête : IBK a montré trop de signes de fébrilité, d’hésitation, de mauvais choix qui se sont traduits par une instabilité gouvernementale qui a vu passer 5 Premiers ministres en 5 ans de pouvoir. Point n’est besoin d’être analyste politique pour remarquer qu’il y a problème.
Très tôt, en 2015 déjà, Ibrahima N’Diaye, Iba, plusieurs fois ministre de la République et ancien compagnon du Président, soutenait que le problème d’IBK était IBK lui-même. Il faut dire que beaucoup de ceux qui ont été proches du Chef de l’État lui reprochent, à tort ou à raison, son manque d’écoute, de leadership. Beaucoup de ses anciens camarades de l’ADEMA avaient soutenu qu’IBK n’était pas l’homme de la situation et qu’il est plus un homme meilleur en tant qu’exécutant que Chef de l’État. Cependant, comme l’a reconnu Mountaga Tall, il y a eu d’indéniables cas de réussite au cours de ces 5 ans de mandat présidentiel, notamment dans le domaine macroéconomique, même si, regrette le président du CNID-FYT, cela ne se traduit pas par un mieux-être chez les Maliens.
Me Tall est des rares intellectuels et politiques qui osent s’assumer et reconnaissent ce qui a été fait en bien sous le régime d’IBK. C’est tout à fait le contraire de la majorité des membres de l’Opposition politique, notamment Soumaïla Cissé et Tiébilé Dramé qui, durant 5 ans, n’ont jamais dit que du mal d’IBK allant jusqu’à personnaliser les débats. L’honnêteté voudrait qu’on reconnaisse que la situation du Mali était difficile, extrêmement difficile en 2013. Il aurait fallu peut-être faire appel à toutes les expertises nationales, toutes les bonnes volontés et tous les patriotes pour se pencher sur le patient Mali. Seul un gouvernement de mission nationale était à même de trouver des solutions adéquates aux problèmes qui se posaient à l’époque et qui se posent toujours.
Le monde politique malien a tellement déçu ces deux dernières décennies par sa fausseté et sa duplicité que beaucoup de Maliens craignent que le prochain Président ne soit un IBK bis, voire pire. Et si l’on gardait le gros Malinké avec l’espoir que SBM l’aiderait encore plus à se hisser au niveau souhaité par les Maliens ?
On ne peut pas refaire l’histoire. Il est donc inutile de vouloir s’y enfermer. IBK a été, certes, en deçà des espérances des Maliens. Cependant, de l’avis des analystes objectifs, l’homme serait profondément patriote. C’est une vertu assez rare de nos jours. Après 5 années de tâtonnement, le Chef de l’État semble avoir trouvé le Premier ministre qu’il lui fallait dès le départ. Car en trois mois, l’effet SBM se fait sentir notamment dans le domaine sécuritaire. La récente tournée du PM au Centre et Nord aura été un événement politique majeur car elle a montré combien était grande l’attente des Maliens de ces régions. Quoi qu’en disent les mauvaises langues, la visite d’un PM à Kidal depuis mai 2014 est le signe que quelque chose a bougé, même s’il est un peu tôt pour en juger vraiment. Cependant, voir des Kidalois exprimer leurs doléances au PM de la République du Mali est la preuve qu’il existe encore au Nord des populations qui désirent continuer avec le Mali, leur patrie. C’est une dynamique qu’il faut entretenir.
On a vu ces derniers mois, des délégations régionales et locales défiler à Koulouba pour rencontrer IBK et lui renouveler leur soutien et leur confiance. Certaines de ces délégations ont été dénoncées par d’autres groupements qui ne se reconnaissent pas en elles ni dans les messages portés par elles. Il n’y a rien de malheureux dans cette situation quand on sait que la population malienne, en tout cas certaines franges, obéissent à des injonctions politiques. En démocratie, cela est parfaitement compréhensible. Tout le monde n’aime pas le Président. Cependant, ce qui pourrait troubler les Maliens en cette approche de l’élection présidentielle, c’est la question du choix de celui ou celle qui pourrait être l’alternative à IBK. Et la coalition improbable d’hommes politiques dont on connaît par ailleurs l’animosité des uns vis-à-vis des autres (pour ne pas dire plus), est des plus inquiétantes.
En effet, beaucoup de ceux qui dénoncent aujourd’hui la corruption du pouvoir, le manque d’autorité de l’État, la mauvaise gouvernance, n’inspirent pas confiance du fait de leur implication dans la politique depuis le temps d’Alpha Oumar Konaré où tous ces maux ont pris racine. Quant à la question sécuritaire, il est indéniable que les Forces armées maliennes et de sécurité n’ont jamais été aussi mieux équipées et mieux formées qu’aujourd’hui et ce depuis l’avènement de la démocratie en 1992. C’est pourquoi il n’est pas superflu, au contraire, de se demander si l’alternative à IBK n’est pas IBK lui-même. Le monde politique malien a tellement déçu ces deux dernières décennies par sa fausseté et sa duplicité que beaucoup de Maliens craignent que le prochain Président ne soit un IBK bis, voire pire. Et si l’on gardait le gros Malinké avec l’espoir que SBM l’aiderait encore plus à se hisser au niveau souhaité par les Maliens ?
Diala KONATE
le combat