Avec l’ouverture officielle de la campagne électorale pour la présidentielle de 2013, le 7 juillet dernier, le temps des promesses mirifiques est venu. Comme par le passé, on promet monts et merveilles, la Lune et même le Paradis aux Maliens. Sous la baguette magique des candidats et de leurs représentants, notre pays deviendra subitement un Eldorado où il n’y aura qu’à se baisser pour ramasser or, argent, diamant et autres pierres précieuses; un pays où le plein emploi sera assuré, où les ripailles seront quotidiennes, où la période des vaches grasses sera éternelle.
Et où tous les désirs des citoyens se réaliseront en un clin d’œil, comme dans le Firdaouss. En somme, le pays des Bienheureux. Mais la musique est archi-connue des électeurs et le disque complètement rayé. Sur eux, la magie n’opère plus depuis belle lurette. On raconte même qu’après avoir retiré leurs cartes NINA nombreux sont les électeurs qui confient, volontiers, ne plus savoir pour qui voter, tant les politiques les ont déçu par le passé.
Cependant, malgré tout ce qui est arrivé à notre pays, en grande partie par la faute de son élite politique, s’abstenir de voter ne sera pas la meilleure attitude à avoir. Ici, il faut plutôt appliquer la formule de la solution du moindre mal, en choisissant le candidat ou la candidate présentant le moins d’inconvénients possibles. Car refuser d’exercer son droit de vote équivaudra à offrir sur un plateau d’argent la possibilité au premier opportuniste venu de jouer à votre place en donnant le pouvoir à n’importe quel aventurier. Et prendre ainsi l’avenir du pays en otage.
Un pays sans Président de la République, sans chef d’Etat, sans magistrat suprême se transformera très vite en une véritable jungle, où les plus forts dévoreront les plus faibles, comme on le voit à longueur de semaine, dans les documentaires animaliers. C’est le sens du fameux contrat évoqué par Jean-Jacques Rousseau dans livre non moins célèbre «Le Contrat Social». Un contrat aux termes duquel les citoyens renoncent, d’eux-mêmes, à une partie de leur liberté, au profit de l’émergence d’une communauté organisée et civilisée, qui assure leur protection et préserve leurs droits.
Le Président idéal pour le Mali devra incarner, à lui tout seul, plusieurs valeurs, dont le patriotisme, la compétence, le don de soi, l’amour du travail bien fait, un sens élevé de l’Etat, ce qui l’amènera à prendre les décisions difficiles et à arbitrer toujours en faveur du plus grand nombre, plus précisément de l’intérêt général.
S’y ajoutent la probité morale, le sens de l’honneur, le respect de la parole donnée, une qualité de rassembleur et de visionnaire au-dessus de la moyenne et une autorité naturelle quasi-divine, qu’on appelle le charisme. Naturellement, il ne devra pas trainer derrière lui de casseroles. Tout cela participe du leadership d’un responsable qui, de surcroît, aspire à la magistrature suprême.
Comme on le voit, un tel homme – ou une telle femme – presque parfait(e) ne court pas les rues dans le microcosme politique malien. La stratégie en la matière sera donc de voter en faveur de celui ou de celle qui se rapprochera le plus de ce portrait-robot. Evaluer les programmes de gouvernement et les projets de société des différents candidats pourra aussi aider à prendre une décision pertinente.
Yaya Sidibé