Les auteurs du livre “Rebellions au nord de Mali, des origines à nos jours”, Dr Choguel Kokala Maïga et Dr Issiaka Singaré, ont organisé une rencontre le samedi 29 septembre au Palais de la culture Amadou Hampate Ba, avec des intellectuels, responsables politiques, universitaires, organisations la société civile, hommes de médias et acteurs du processus de paix au nord du Mali. Objectif ? Faire une présentation commentée de leur livre et échanger avec le public sur l’ouvrage qui diagnostique cette crise du nord qui, selon eux, a entrainé l’effondrement de l’Etat malien en 2012 et l’ayant conduit à la signature de l’accord de paix et de réconciliation.
Oublié en juin dernier, le livre “Rebellions au Nord du Mali des origines à nos jours” est un ouvrage de 452 pages coédité par les Dr Choguel Kokala Maïga et Issiaka Singaré, tous deux responsables du Mouvement Patriotique pour le Renouveau (Mpr). Dans cet ouvrage considéré comme une réflexion éclairée par les données de l’histoire, les auteurs tentent de diagnostiquer le mal qui ronge le Mali. Afin cerner les vraies causes de ces rebellions récurrentes, les auteurs ont décidé de découper l’histoire en plusieurs séquences. Ce livre comporte au total dix-sept chapitres susceptibles d’être répartis entre quatre subdivisions que sont les données de l’histoire du VIIè au XIXè siècle, le tournant de la décennie 1950, la gestion des rébellions de 1960 à 2014, ainsi que l’internationalisation de la question du Nord du Mali. C’est donc afin de partager le fruit de leur réflexion, après avoir revisité l’histoire du nord du Mali, que les deux ténors du Mpr décident d’apporter leur contribution à la résolution de la crise.
Le samedi 29 septembre dernier a été mis à profit par les auteurs pour faire une présentation commentée de leur ouvrage devant un public très intéressé par l’histoire du nord du Mali et aspirant à une solution définitive à cette crise récurrente. Après avoir expliqué les origines, le développement et l’internationalisation de la crise qui n’a épargné aucun gouvernement du Mali depuis l’accession de notre pays à l’indépendance, les auteurs ont échangé avec l’auditoire. Selon le Dr Choguel Kokala Maîga, l’Etat malien devrait envisager d’autres solutions que d’essayer à chaque fois d’acheter la paix. “Sans la connaissance des vraies causes de cette crise, on n’arrivera jamais à sa résolution définitive. On peut chaque année apporter des valises d’argent à ses groupes armés pour calmer les choses. Mais la paix, la vraie, on ne l’aura pas avec l’argent. Car on n’achète pas la paix on la requiert”, explique-t-il.
Jugé très riche par certains interlocuteurs ayant lu l’ouvrage, cependant, il ne propose pas sinon très peu de solutions de sortie de crise, selon eux.
Pourtant le professeur Singaré n’a pas hésité apporter des éclaircissements, tout en soutenant que des solutions de sortie de crise sont bel et bien évoquées dans l’ouvrage. A l’en croire, changer le rapport des forces sur le terrain militaire, catonner et désarmer la rébellion comme le prévoient les différents accords, considérer l’accord pour la paix et de la réconciliation au Mali comme une étape en retenant que faire la paix prend du temps, redéployer l’administration, assurer les services de base et le retour des réfugiés, tenir le langage de vérité à tous les acteurs impliqués dans le conflit, établir le contact direct avec les leaders légitimes et donner l’exemple en tant que gouvernement sont des solutions de sortie crise proposées dans le livre. “Pour développer ces solutions, il faudra que ça soit dans un autre livre” précise-t-il !
En ce concerne la population du nord, le Dr Maïga soutient qu’elle n’est majoritairement pas d’accord avec ces rebellions et qu’elle doit dire non elle aussi à cette crise. “Majoritairement, les populations et les cadres du nord ne sont pas d’accord avec ces rebellions. Il faut qu’ils s’assument eux aussi. Il faut qu’ils disent non à cette situation. Tous ces gens qui vivent dans les camps de réfugiés ne sont pas en réalité d’accord avec la rébellion” ajoute-t-il.
Par ailleurs, les auteurs proposent également à l’Etat malien de choisir des hommes attachés à la République et qui sont issus du nord pour mener les négociations et non des gens qui militent au sein des partis politiques à Bamako ou encore des hommes armés venus de la Libye qui ne savent que tirer des fusils en l’air.
Pour finir, les auteurs ont invité tous ceux qui auront lu cet ouvrage de leur faire part de leurs remarques afin de l’améliorer en cas d’une éventuelle réédition. “Nous souhaiterions réellement que les différentes insuffisances que les lecteurs auront décelées dans ce livre soit signalées afin qu’ultérieurement, s’il nous ait donné la possibilité de faire une réédition du livre, qu’il soit revu et augmenté” souhaitent les auteurs.
Les contributions du lectorat leur seront donc d’un grand apport pour approfondir leur réflexion.
Youssouf KONE
Source: Aujourd’hui-Mali