L’édition de Mali-Mètre 8 s’inscrit dans la droite ligne des éditions précédentes et a pour objectif de recueillir l’opinion des Maliennes et Maliens sur les sujets d’actualité politique : les préoccupations nationales et régionales (au niveau des régions administratives) ; la confiance dans les institutions ; la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation ; la sécurisation du Mali ; le processus électoral ; la Commission Vérité Justice et Réconciliation et la projection dans le futur.
L’enquête s’est déroulée du 25 novembre au 06 décembre 2016 sur un échantillon global de 2142 personnes enquêtées. Les enquêté(e)s sont âgé(e)s de 18 ans ou plus et réparti(e)s dans l’ensemble des capitales régionales, y compris Kidal, Ménaka et Taoudénit.
En portant un regard sur les douze derniers mois, 32 % de la population pensent que la situation générale du pays s’est améliorée, 26 % pensent qu’elle est restée inchangée alors que 41 % pensent qu’elle s’est détériorée.
La lutte contre la pauvreté constitue le défi majeur pour 56 % des citoyens. Elle est suivie de la gestion du problème du nord et de la lutte contre le chômage citée respectivement par 50% et 45 % des citoyens.
La lutte contre la pauvreté constitue le principal défi pour 56 % des citoyen(ne)s. Elle est suivie de la gestion du problème du Nord et de la lutte contre le chômage citée respectivement par 50 % et 45 % des citoyens.
Dans l’ensemble des régions, la lutte contre le chômage (56,3 %), la lutte contre la cherté de la vie (40,4 %), la lutte contre l’insécurité alimentaire (23,1 %), l’amélioration de l’accès à la santé (19,8 %) et la lutte contre l’insécurité physique (19,8 %) constituent les principales priorités.
Si 46 % des personnes enquêtées se disent satisfaites des actions du Président de la République, elles sont 52% à être insatisfaites (avec 28% de plutôt insatisfait et 24% de très insatisfait).
Au niveau des régions, Ménaka (73 %), Ségou (60 %) et Sikasso (49 %) présentent la proportion la plus élevée de personnes satisfaites, contrairement à Bamako (67 %) et Kidal (73 %) où les proportions d’insatisfaits sont les plus élevées.
Selon le niveau d’instruction, les citoyen(ne)s les plus insatisfait (e)s se comptent parmi ceux ayant un niveau secondaire et supérieur : 57 % d’insatisfaits contre 41 % de satisfaits pour le niveau secondaire et 62 % d’insatisfaits contre 38 % de satisfaits pour le niveau supérieur.
Niveau de satisfaction du Gouvernement : Dans l’ensemble, les résultats concernant la satisfaction des citoyen(ne)s des actions du Gouvernement s’apparentent à ceux du Président de la République : 52 % d’insatisfaits contre 42 % de satisfaits.
Les plus forts taux d’insatisfaction sont relevés dans les régions de Kayes (60,1 %), Sikasso (49,9 %), Mopti (55,2 %), Kidal (74,2%) et Bamako (70 %). Dans les régions de Gao et Ménaka, les populations sont à 63% et 75% plutôt satisfaites des actions du Gouvernement.
Niveau de satisfaction par rapport à lʼAssemblée nationale (députés) : Plus de la moitié de la population (52,4%) sont insatisfaits des actions des députés dans la gestion du pays. Toutefois 32% sont satisfaits, avec seulement 7% qui sont très satisfaits et 25% qui sont plutôt satisfaits.
Niveau de satisfaction de lʼopposition politique : 29% des citoyen(ne)s en sont satisfaits contre 48% d’insatisfaits des actions de l’opposition politique.
L’analyse par région montre que plus de la moitié des citoyen(ne)s se disent satisfaits à Tombouctou (52%), Gao (53%) et Ménaka (73%). A l’opposé, plus d’un individu sur deux dans les régions de Kayes (61 %), Koulikoro (57%), Mopti (51%), Bamako (61 %) se disent insatisfaits.
43% des citoyen(ne)s déclarent avoir confiance en la justice malienne (avec 11 % qui estiment avoir totalement confiance et 32% qui ont partiellement confiance). Par contre, 47 % (23 % pas confiance et 24 % pas du tout confiance) des citoyen(ne)s affirment ne pas avoir confiance en la justice. Dans la région de Kidal, 87 % des citoyen(ne)s affirment ne pas avoir confiance en la justice malienne. Elle est suivie des régions de Taoudénit (72,5%), Bamako (59,6%), Tombouctou (53 %) et Mopti (52 %). A l’opposé, plus de la moitié des personnes ont confiance en la justice malienne dans les régions de Gao (58,2 %) et Ménaka (64,1%). Les hommes ont moins confiance en la justice que les femmes : 54% contre 41 %.
Par tranche d’âge, 48 % des 18-25 ans et 45 % des 25-35 ans ont confiance en la justice malienne. Les taux de confiance sont respectivement de 40 % et 39 % pour les 36-55 ans et les 56 ans et plus.
Concernant le fonctionnement de la justice, plus de la moitié (51,4%) des citoyen (ne)s disent n’en avoir aucune connaissance. Environ 31 % estiment en avoir une faible connaissance et 14% un niveau moyen de connaissance. Seulement 4% jugent avoir une bonne connaissance du fonctionnement de la justice.
Par tranche d’âge, ce sont les plus jeunes (18-24 ans) et les plus âgés (56 ans et plus) qui savent peu du fonctionnement de la justice, avec respectivement 52% et 60%.
Fréquence de lʼimpunité : Pour la majorité des citoyen(ne)s (75,5 %), l’impunité est fréquente dans le pays (45,8 %) très fréquente et (29,7 %) fréquente. Seulement 3 % de citoyen(ne)s estiment que l’impunité n’est pas fréquente.
Dans la plupart des capitales régionales, plus de 70 % de enquêté (e) s pensent que l’impunité est fréquente au Mali : 68 % à Bamako, 62 % à Kidal. Dans les régions de Kayes (45,7%), Ségou (54,9 %) et Tombouctou (50,5 %), la majorité déclare que l’impunité est très fréquente au Mali.
La proportion des hommes qui pensent que l’impunité est fréquente est de 79% (avec 50 % très fréquente et 29 % fréquente) contre 72 % pour les femmes (42 % très fréquente et 30 % fréquente).
Près de deux tiers des personnes enquêtées (63,2%) pensent que la corruption est très élevée au Mali et 18 % estiment qu’elle est élevée. Seulement 2 % disent le contraire et 14 % soutiennent qu’elle est peu élevée.
Dans toutes les capitales régionales, la majorité des citoyen(ne)s pensent que la corruption est très élevée au Mali : Bamako (75,7 %) ; Kidal (71 %) ; Koulikoro (67,5 %) ; Sikasso (61,6 %) ; Ségou (62,4 %), Tombouctou (60,6 %) et Mopti (58 %). Et dans l’ensemble des capitales régionales la proportion de personnes qui soutient que la corruption n’est pas élevée ne dépasse pas 4 %.
Principales raisons de lʼexistence de la corruption au Mali : Cinq principales raisons sont avancées pour justifier l’existence de la corruption : la pauvreté des populations (45 %) ; le bas niveau des salaires et des revenus (34,7 %) ; les mauvais exemples des dirigeants (31,9%) ; l’avidité (28,7 %) et l’impunité (25,6%).
Domaines concernés par la corruption : Selon les résultats de l’enquête, les domaines les plus concernés par la corruption sont : la justice (41 %) ; la police (38,3 %) ; la douane (27,6 %) ; la mairie (26,7 %) et la santé (18,1%). Tant pour les hommes que pour les femmes, la justice est le principal domaine concerné par la corruption 45% et 37% dans l’ordre.
Les trois principales sources d’information citées sont la radio (67 %), la télévision (60%) et les grins (30%).
Dans les régions nord du pays, excepté Taoudénit, la radio apparaît comme principale source d’information (Tombouctou (61 %), Gao (75 %), Kidal (83 %), Ménaka (94 %)). A Taoudénit, la principale source d’information est la famille (77%), suivie des grins avec 67 %.
Par tranche d’âge, la radio apparaît comme la première source d’information sur l’Accord pour la paix et la réconciliation ; elle est suivie de la télévision et des grins. Les jeunes s’informent plus au niveau des grins que leurs aînés.
Autorités intérimaires : Les personnes enquêtées sont 67% à déclarer n’avoir pas entendu parler des autorités intérimaires. Seulement un tiers (33%) en ont entendu parler.
Par région, c’est surtout à Kidal (76,3 %), Ménaka (73,9 % et à Tombouctou (55,6 %) que les populations déclarent avoir entendu parler des autorités intérimaires, ce qui est le contraire à Koulikoro (78,2 %), Sikasso (74,3%), Ségou (77,6 %) et Mopti (74,8 %).
Appréciation de la mise en place des autorités intérimaires : 53 % de Malien (ne)s apprécient positivement et moins de la moitié (40,4%) pensent le contraire.
Pour les régions, Ménaka arrive largement en tête des régions nord du pays par rapport à la mise en place des autorités intérimaires avec 93%. Elle est suivie de Taoudénit (83,7%), Kidal (77,5 %) et de Tombouctou (61,9%). Cette appréciation est partagée par seulement 32 % des populations de Gao.
Connaissance de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation :25% des citoyen(ne)s disent en avoir connaissance contre 75% qui déclarent ne pas en avoir connaissance.
Excepté Kidal, Bamako et Taoudénit où 57 %, 47 % et 44 % des personnes interrogées affirment avoir connaissance de l’existence de la Commission Vérité Justice et Réconciliation, dans les autres localités, moins de 30 % des populations en ont connaissance.
Actions prioritaires pour la réconciliation : la majorité de la population préconise les actions prioritaires suivantes à entreprendre : « organiser des rencontres intercommunautaire et intracommunautaire » (62 %) ; « établir la vérité sur les exactions commises contre les populations » (23 %) ; « identifier et juger les responsables des exactions commises au nord par les groupes armés » (18 %).