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Première sortie d’IBK à l’intérieur du Mali : pourquoi Mopti et non Kidal ?

Le tout nouveau chef de l’Etat malien, Ibrahim Boubacar Kéita (IBK), a entrepris, le 17 mars dernier, sa première tournée à l’intérieur du pays. Celle-ci va le conduire dans différentes localités dont Mopti, située à plusieurs centaines de kilomètres à l’Est de Bamako.

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Cette visite de trois jours dans la région vise à mieux s’imprégner des problématiques de développement, et surtout à entendre de vive voix les aspirations des communautés de base.

Aussi, le nouveau locataire du palais de Koulouba visitera des lieux pleins de symboles. Durant la tournée, l’hôpital Sominé Dolo de Mopti ouvrira ses portes. Infrastructure hospitalière de référence, c’est le fruit de la coopération entre le Mali, la France à travers l’Agence française de développement (AFD), et la Coopération technique belge (CTB).

Tôt ou tard, Kidal finira par surmonter ses handicaps pour devenir un autre pôle de développement

Outre le cercle de Mopti, IBK visitera ceux de Bandiagara, Bankass et Koro. Dans les deux dernières villes, était prévue l’inauguration de deux centrales électriques hybrides.

A coup sûr, elles viendront soulager les populations de ces localités soumises à de fortes perturbations en matière de fournitures d’électricité. Est également prévue l’inauguration de la stèle dédiée aux « morts pour le Mali ». La cérémonie sera suivie d’un défilé militaire.

Mais pourquoi donc Mopti et non Kidal, qui reste un verrou important dans la résolution définitive de la crise du Nord-Mali ? Des raisons de sécurité probablement !

On le sait, Kidal demeure encore sous une forte influence des rebelles du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). La ville attend d’être totalement sous l’emprise des nouvelles autorités maliennes. Des raisons de sécurité pourraient donc expliquer le choix de Mopti, au lieu de Kidal. Tout espoir n’est cependant pas perdu.

Tôt ou tard, Kidal finira par surmonter ses handicaps pour devenir un autre pôle de développement. Cela ne dépend que des belligérants, lesquels doivent faire preuve d’un minimum de réalisme, et surtout de compassion à l’égard des diverses composantes du peuple malien.
La présence des forces africaines, l’installation de la stèle en hommage aux victimes des combats fratricides, pourraient donc expliquer le choix de Mopti. Mais, ne s’agirait-il pas d’une sorte de revanche sur l’histoire ?

Aujourd’hui, bien des années après l’indépendance, Mopti de sa superbe. Les splendeurs d’autrefois n’auront pas beaucoup survécu aux menaces environnementales. Chaque jour qui passe voit le désert grignoter un peu plus de terre, restreignant du même coup le lit des fleuves que ne cessent d’envahir des déchets de tous ordres, et les berges qui tendent à s’amenuiser comme peau de chagrin.

Le fleuve Niger qui berce Mopti du clapotis de ses eaux boueuses et nauséabondes, est donc à l’agonie. Comme d’ailleurs la ville que de nombreuses années de mal gouvernance ont contribué à envoyer aux calendes…sahéliennes !

En effet, des voix s’élèvent de temps à autre pour déplorer le fait que durant des décennies, Mopti soit resté en marge des actions gouvernementales de développement, et surtout de désenclavement.

Il s’agit pourtant de la région d’origine de plusieurs sommités maliennes, dont l’ancien président Amadou Toumani Touré (ATT). Vivement donc qu’IBK, fils du Sud-Mali, mais ayant aussi des beaux-parents originaires du Nord-Mali, s’attèle à corriger ces erreurs du passé.

Pour l’heure, il y a en tout cas nécessité de cultiver la paix avec les communautés en présence. Sceller une sorte de réconciliation est indispensable, si l’on veut que l’amorce d’un développement intégré atteigne ses objectifs.
La région de Mopti n’est pas à négliger.

La ville renvoie à un passé plein de symboles.

IBK le sait, et en a fait une priorité. Le chef-lieu se situe en effet à un important carrefour, sur la route du sel et du poisson. C’est donc un symbole fort que d’avoir choisi de venir dans cette région. Il conviendra donc d’agir vite et bien, en identifiant avec les populations, les projets susceptibles de répondre à leurs aspirations.

Après le triomphe de l’élection présidentielle, IBK peut se vanter d’avoir l’accompagnement de la communauté internationale. Il a donc de sérieux atouts en mains pour réussir. A lui de lutter à l’intérieur pour avoir les coudées franches, et d’impulser des actions de développement qui tirent cette zone riche en poissons, de l’abandon dans lequel elle se trouve depuis des décennies.

Mopti mérite plus que ce dont elle dispose aujourd’hui, surtout au plan des infrastructures. Il y a tellement à faire pour réhabiliter cette ville autrefois appelée la Venise du Mali ! Plaise à Dieu que la visite si providentielle d’IBK redonne à la cité et à toute sa belle région, son éclat d’antan. La ville qui constitue un verrou pour la sécurité de tout le territoire malien, a besoin d’une plus grande attention.

Car, si les menaces « djihadistes » ont lourdement pesé sur Mopti durant la crise du Nord-Mali, la ville renvoie à un passé plein de symboles.

Située sur le fleuve Niger, la ville de Mopti aura aussi porté de nombreuses années durant, le sobriquet de « capitale du poisson », plus précisément du « poisson séché ». Mise au point avec les règles de l’art, cette denrée est spécifique à la région de Mopti. En dépit des vicissitudes de l’histoire, « le poisson séché » de Mopti a réussi à traverser la nuit des temps.

En tout cas, il a survécu brillamment à la période coloniale, laquelle aura été pourtant fatale à nombre de produits et mets africains. Tant que faire se peut, le poisson de Mopti continuera d’agrémenter les sauces et les soupes de nombreux ménages ouest-africains. Il faut espérer que Mopti drainera à nouveau vers ses rivages, pêcheurs, commerçants, touristes et aventuriers de tous ordres, en provenance de pratiquement toute l’Afrique de l’Ouest et d’ailleurs.

De sorte que de tout temps, troubadours et autres artistes célèbres ou non, chanteront le charme naturel des femmes peules, les prouesses légendaires des piroguiers, l’audace des pêcheurs, et la dextérité des artistes de la ville multiséculaire.

Source: Le Pays.bf

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