La première audience publique de la Commission vérité, justice et réconciliation (CVJR), s’est tenue, le dimanche 08 décembre 2019, au Centre international de conférence de Bamako (CICB). La cérémonie d’ouverture était présidée par le ministre de la Cohésion sociale, de la paix et de la réconciliation nationale, Lassine Bouaré ; du président de la CVJR, Ousmane Oumarou Sidibé et du représentant des victimes, Oumar Sidi Traoré.
Depuis son indépendance le Mali a connu des rébellions armées, des coups d’Etat, des tentatives de coups d’Etat et des crises politiques qui ont occasionné des violations graves de droits de l’homme (meurtres et exécutions extrajudiciaires, arrestations et détentions arbitraires, enlèvements et séquestrations, violences sexuelles, pillages, vols et destructions de propriétés, disparitions forcées, tortures et autres traitements cruels inhumains ou dégradants, etc.)
En effet, c’est dans ce contexte que la Commission vérité, justice et réconciliation, a été mise en place avec le mandat de « contribuer à l’instauration d’une paix durable à travers la recherche de la vérité, la réconciliation et la consolidation de l’unité nationale et des valeurs démocratiques ».
C’est dans cet esprit, la CVJR a inscrit en bonne place dans ses activités l’organisation de six audiences publiques portant sur les thèmes suivants : les atteintes au droit à la liberté (arrestations, détentions, enlèvements, séquestrations, etc.); les atteintes au droit à la vie et à l’intégrité physique (meurtres, tortures, traitements inhumains, etc.); les disparitions forcées ; les atteintes au droit à la propriété (pillages et dégradations de biens); les violences contre les femmes et enfin les violences contre les enfants. « Bien entendu, il ne s’agit pas ici d’audiences judiciaires », a précisé le président de la CVJR, Ousmane Oumarou Sidibé.
En effet, à la différence des tribunaux qui cherchent à établir la vérité sur la culpabilité ou non des auteurs présumés, pendant l’audience seules les victimes ont été entendues, la CVJR leur a offert un lieu digne et sécurité où elles ont pu raconter les souffrances vécues. Le président Sidibé a dans son intervention lors de l’ouverture fait savoir que les audiences publiques visent trois objectifs à savoir : de rendre aux victimes leur dignité et faciliter un début de guérison, en reconnaissant publiquement ce qui leur est arrivé ; promouvoir la reconnaissance nationale des victimes et l’intégration de leurs récits à la mémoire et à l’histoire nationales ; utiliser l’information reçue comme un outil d’éducation et de sensibilisation de la population malienne dans son ensemble, afin de promouvoir le dialogue sur le passé, le pardon, la non répétition du conflit et la réconciliation nationale.
il est à souligner qu’au cours de cette première audience consacrée aux atteintes au droit à la liberté, 13 témoignages ont été entendus qui ne sont qu’un bref échantillon des 15 500 dépositions reçues dans les antennes régionales de la commission. Il s’agit de 13 personnes qui ont souffert dans leur chair des atteintes au droit à la liberté. Elles ont vécu les affres des attestations arbitraires, des détentions arbitraires, des enlèvements et séquestrations ainsi que d’autres formes de violence qui affectent le droit fondamental de l’être humain à être libre.
Seydou K. KONE
Source: Bamako News