« L’UNTM déclenche une grève générale de 72 heures sur toute l’étendue du territoire à partir du 18 novembre 2020 ». Voilà la première déclaration du secrétaire général de la centrale syndicale, Yacouba Katilé, lors d’un point de presse qu’il a animé le mardi 03 novembre 2020 à la Bourse du Travail. Ainsi, parmi les points de revendications, figure en bonne place le règlement des droits des compressés et des partants volontaires à la retraite. Si, ces doléances s’avèrent légitimes, la période pose problème aux yeux de beaucoup de Maliens, qui pensent plus à une vengeance qu’à une lutte syndicale.
Cependant, il faut souligner que Katilé a le soutien d’une génération respectable. Il s’agit des Partants Volontaires à la retraite par anticipation. Présents à la Bource du Travail chaque matin, certains d’entre eux ont exprimé, à notre micro, leur soutien à Yacouba Katilé et ses hommes.
Bakary Traoré est un ancien fonctionnaire de l’Etat, il fait partie des victimes de la retraite par anticipation qui n’ont jamais bénéficié de leurs droits à savoir le Fonds de réinsertion et des droits à la pension. Aujourd’hui, il se réjouit du courage des responsables syndicaux. « Je ne sais pas si nous aurons gain de cause avant la mort, mais je pense qu’il faut mettre la pression. Vous avez demandé si c’est le bon moment, moi je dirais qu’il n’y a jamais de bon moment et d’ailleurs c’est aux dirigeants de dire quelque chose si oui ou non on peut compter sur eux. Nous avons toujours eu des dirigeants animés de mauvaise fois par rapport à cette situation, pourtant c’est un droit absolu. Nous ne réclamons pas quelque qui n’existe pas, mais là il s’agit d’un fonds qui était là depuis l’époque de Moussa Traoré et que des individus ont utilisé autrement. Nous n’acceptons pas cela », a-t-il souligné.
L’Etat est une continuité !
Amadou Tandina, ancien militaire âgé aujourd’hui de 74 ans, pour lui, le sentiment n’a point de place devant la loi. « Vous savez, j’ai suivi Katilé sur cette affaire à la télé, même ce matin. J’ai vu comment, il a répondu au journaliste. Je suis très fier de lui, très fier, je dis bien très fier. Ce n’est pas une question de période de transition. Pourquoi parle-t-on de préavis de grève ? C’est parce qu’on vous donne le temps d’agir, de donner une réponse à une demande. Pour moi, l’Etat c’est la continuité et dès l’instant où vous prêtez serment en tant que président ou en tout cas pour une fonction suprême, toutes les doléances se tournent vers vous. Dites-moi, selon vous, c’est quoi le bon moment ? Il n’y aura jamais ce bon moment. Ce sont des excuses et chacun cherche à gagner du temps pour jeter la responsabilité sur l’autre. Tout le temps, ce sont ces mêmes excuses et ça ne finit jamais. Pour moi c’est le bon moment »,a-t-il déclaré.
Pendant que les négociations sont en cours entre les départements, le chrono tourne, les jours passent et l’on se dirige vers la date butoir du premier défi du gouvernement Ouane qui n’a que deux mois de présence environ aux affaires.
La CSTM réagit…
Interrogé par notre équipe au siège de la Confédération Syndicale des Travailleurs du Mali (CSTM), sur le préavis de grève déposé par l’UNTM, Me Barou Diallo, chargé des questions économiques de ladite Confédération, estime que ces mouvements de grève n’ont pas raison d’avoir lieu en ces moments précis. Pour lui, la CSTM n’a pas été consultée et n’est ni de loin, ni de près concernée. « La CSTM n’a aucunement été impliquée dans la gestion de ce préavis de grève. Nous l’avons appris comme tous les autres que l’UNTM a déposé un préavis de grève. Et pour nous, cette grève ne concerne que les travailleurs qui sont affiliés à cette centrale. Nous n’avons pas à prendre une position parce qu’elle ne nous concerne pas du tout. Maintenant, chacun interprète comme il veut et à mon avis, il n’est pas bienséant, surtout compte tenu des difficultés que le pays traverse, que des préavis de grèves intempestives soient déposés sur la table du gouvernement étant entendu qu’une feuille de route a été élaborée pour la conduite de la transition. Donc, ce gouvernement a pour priorité de mettre en œuvre cette feuille de route qui va permettre de s’occuper des affaires courantes. Pour moi, ce n’est ni le bon moment, ni la bonne manière que tout le monde aille en grève maintenant », a-t-il témoigné.
Les comités syndicaux de la DAF, des DRH, des CPS et des DFM disent non !
Dans un communiqué en date 09 novembre 2020, la coordination des comités syndicaux de la DAF, des DRH, des CPS et des DFM, de la primature et des départements ministériels se désolidarise du mot d’ordre de grève et demande à ses militants de travailler normalement pendant les jours indiqués. « L’arrêt des activités de l’Office Centrale de Lutte contre la Corruption et l’Enrichissement Illicite (OCLEI) : Sur ce point l’assemblée générale reste convaincue que la lutte contre la corruption est un devoir syndical et par conséquent nous devrons porter main forte à toutes les structures de contrôle et de vérification pour la déontologie, l’éthique et de notre engagement auprès des militants. L’instauration et l’augmentation de la dotation budgétaire et Culturel : Conseil Economique, Social. A ce niveau l’assemblée générale trouve inopportune toute demande d’augmentation du budget du Conseil Economique, Social et Culturel en raison de ses résultats peu probants. Par rapport à une large participation au Conseil National de Transition : Pour l’assemblée générale la part belle de représentation au sein des membres du Conseil National de Transition doit revenir aux vrais acteurs de l’avènement de la quatrième république pour éviter l’échec de la refondation du Mali. A la lumière de toutes ces incohérences constatées dans le préavis de grève de la centrale historique des 18, 19, et 20 novembre 2020 l’assemblée générale des comités syndicaux de la DAF, des DRH, des CPS, et des DFM de la Primature et des départements ministériels a décidé de se désolidariser du mot d’ordre de grève et demande à ses militants de travailler normalement pendant les jours suscités »,précise le communiqué.
Amadou Kodio
Source : Ziré