Quand une pratique est reconnue comme criminelle, qui mieux que le ministre de la Justice et des Droits de l’homme, Garde des Sceaux pour doter le pays d’une loi pour la punir ? Oui Monsieur le ministre, Me Mamadou Ismaël Konaté, vous avez promis une loi contre l’excision au Mali !
– Le Mali a célébré la journée du 6 février, journée internationale de lutte contre les mutilations génitales féminines « Tolérance zéro aux MGF/Excision » le 9 février 2017 au Centre International de Conférence de Bamako. Une journée placée sous la présidence de l’épouse du Chef de l’ Etat, Keïta Aminata Maïga qui avait à ses côtés le président de l’Assemblée National Issaka Sidibé, la ministre de la promotion de la femme, de l’ enfant et de la famille, Sangaré Oumou Bah, le ministre des affaires religieuses et du culte, Thierno Oumar Hass Diallo et d’autres membres du gouvernement sans compter le grand monde venu signifier leur soutien pour l’ abandon de la pratique des MGF/ Excision au Mali. Aucune ambiguïté n’était possible quant au sens de la rencontre « Tolérance zéro aux MGF/ Excision », les banderoles indiquaient clairement : « Mutilations Génitales Féminines. Plus jamais ça » ; « Oui à une loi contre les VBG au Mali. Non aux MGF » , le contexte était plus que significatif pour cette déclaration « Tous ensemble, engageons-nous pour une loi contre les VBG/Excision » et c’est dans cet esprit que les déclarations du ministre de la justice et des droits de l’ homme, Garde des sceaux du Mali, ont été perçues et applaudies par son auditoire ce 9 février 2017 . Un discours poignant, engagé qui marque un tournant décisif dans la lutte contre la pratique de l’excision au Mali, qui a fait, continue de faire et ferra encore des victimes. Selon les spécialistes de la santé, l’excision a des conséquences néfastes sur la santé de l’excisée, des méfaits à court où à long terme ; des séquelles visibles ou invisible car le silence est mot d’ordre encore dans ce domaine. Le ministre de la justice a été attentif aux différents témoignages projetés dans la salle d’où cette déclaration : « En vous écoutant tous ici aussi bien cela qui ont parlé, cela qui ont chanté que les belles images que nous avons regardé j’ ai été profondément atteint , partagé entre l’ émotion , la douleur et la révolte mais je voudrai simplement garder en moi le sentiment de révolte après avoir vu tant de douleur qui touche le corps de la fillette, qui touche l’âme de la fillette et qui touche l’ esprit de la fillette , nous les hommes nous avons les raisons évidentes d’avoir honte de nous et j’ ai honte de moi . J’ai d’autant plus honte de moi que le corps de la fillette devient un objet de jeu , on s’amuse avec le corps de la fille en oubliant que la fillette d’aujourd’hui est la femme de demain et que la femme de demain est l’épouse de plus tard , cette épouse qui donne naissance à la vie . Et cette vie que nous les hommes n’avons de cesse de détruire … ». Face à une telle déclaration, il était aisé de croire : Je suis désormais votre allié gouvernemental dans la lutte contre les VBG/Excision surtout que le ministre Konaté a également indiqué que pratiquer l’excision revenait à commettre un crime. « Au niveau gouvernemental, on a pris deux initiatives fortes , la première : renforcer le dispositif de violences basées sur le genre d’une part et d’autre part de mettre en place un fond d’indemnisation préalable pour que chaque victime puisse être au préalable être prise en charge : marier de force une fillette est criminel, le Président de la République l’a demandé sans doute que le code pénal suivra, battre une fillette est un crime, violer une fille ou une femme est un crime, exciser une fille est un crime ! » a-t-il martelé dans son discours. Aussi en tant qu’autorité, homme de droit, ministre de la justice et des droits de l’homme, qui mieux que lui peut apporter la solution idoine ? Comment continuer à « gérer un acte criminel si nous ne possédons aucune voie de recours judiciaire ? » Une chose demeure désormais, Monsieur, le ministre c’est qu’en reconnaissant l’excision comme un crime, les tatuquo n’est plus possible. Vous vous devez d’ouvrir, de continuer le débat sur la problématique de la pratique de l’excision pour conclure votre logique. D’ailleurs vous n’étiez pas seul à vous engager contre les VBG/ MGF, ils y étaient consentent : la première dame, le président de l’Assemblée National surtout le ministre des affaires religieuses et du culte en plus de la ministre en charge de la femme et de l’enfant deux ténors qui se doivent de s’expliquer sur la question pour mieux orienter les populations et vous faciliter votre décision.
Nous reprenons vos propos qui illustrent très bien le mutisme abasourdissant, doucereux de ces nombreuses ONG et fédérations féminines de défenses des droits de femmes qui militent contre les MGF : « Mesdames vous êtes les premières blessées, Mesdames vous êtes les premières mises en cause, ce qui est souvent quelque peu dommage c’est que quand vous êtes blessées, que vous êtes mises en cause quand vous êtes l’objet de crime et qu’on poursuit en votre nom, vous êtes souvent les premières à nous demander de nous arrêter » .
Et oui, Monsieur le ministre, vous avez mille fois raison de vous dédire quand on vous jette en pâture aux lions sans aucun secours. En effet, pourquoi risquer votre fauteuil ministériel face à ce pseudo pression populiste, lorsque Madame la ministre de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille dort à poings fermés ? Lorsque le ministre des affaires religieuses et du culte hésite à ouvrir le débat avec ceux qui évoquent l’aspect religieux ? Et que le programme national de lutte contre la pratique de l’excision ne justifie pas son salaire ? En attendant la lame du couteau exciseur va trancher encore et encore pour faire couler le sang jusqu’à expiration.
La rédaction