Selon le professeur agrégé en Droit public, Sidy Alpha Ndiaye, par ailleurs directeur de l’Institut des droits de l’homme et de la paix (Idhp), le Sénégal est très mal parti sur le plan politique pour réussir l’organisation de la présidentielle du 25 février 2024. Invité de l’émission Objection de la radio Sudfm (privée), le dimanche 3 septembre, l’enseignant chercheur agrégé en Droit public tout en déplorant la persistance de la fracture de la société sénégalaise, a estimé que tous les derniers coups d’état au Mali, au Burkina, en Guinée, au Niger, récemment au Gabon, ont pour origine des questions de la gouvernance.
L e Sénégal est très mal parti sur le plan politique pour réussir l’organisation de la présidentielle du 25 février 2024. L’avis du professeur agrégé en Droit public, Sidy Alpha Ndiaye par ailleurs directeur de l’Institut des droits de l’homme et de la paix (Idhp) basé au sein de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Invité de l’émission Objection de la radio Sudfm (privée) le dimanche 3 septembre dernier, l’enseignant-chercheur agrégé en Droit public, analysant le contexte de préparation de cette élection qui va se dérouler pour une première fois de l’histoire politique du Sénégal sans la participation du président sortant, a déploré la persistance de la fracture de la société sénégalaise nonobstant la tenue du dialogue national. Estimant que « le but d’un dialogue, c’est de faire la nation, de consoliderle tissu national, d’éviter la fracture sociale », le Pr Sidy Alpha Ndiaye affirme que «la société sénégalaise est aujourd’hui beaucoup plus fracturée après le dernier dialogue » qui, de son point de vue « n’a pas servi à grand-chose ». « La preuve, les prisons sont pleines, la presse n’est plus libre, des hommes politiques sont emprisonnés. Ily a des délits d’opinion, la société sénégalaise est politiquement, idéologiquement très facturée. Cette fracture renseigne surle désenchantement de notre démocratie, de l’état de droit qui ne se définit pas par l’existence et le fonctionnement d’institutions mais par le sentiment de justice, une forme de proximité entre les aspirations du peuple et les institutions qui sont censées incarner cette volonté générale ».
Ainsi poursuivant son analyse, le directeur de l’Institut des droits de l’homme et de la paix estimant que tous les derniers coups d’état au Mali, au Burkina, en Guinée, au Niger, ré cemment au Gabon, ont pour origine des questions de la gouvernance, met ainsi en garde le régime en place sur les conséquences qui pourraient découler de cette situation. « Faisons attention à ce que ça passe au Sénégal. Étouffer des voix et considérer qu’une bonne partie des Sénégalais ne pourront peut-être pas voter pour le candidat de leur choix, c’est inviter ces personnes à réagir autrement, à s’exprimer autrement, parce que le peuple s’exprime toujours, laissons le peuple s’exprimer électoralement dans les urnes. Une véritable démocratie électorale étouffée peut engendrer d’autre formes d’expressions », a-t-il prévenu avant de poursuivre. « Le Sénégal fait certes l’exception des coups d’Etat militaire et des changements anticonstitutionnels de gouvernement ou encore moins de rupture de l’ordre constitutionnel, mais il y a des coups d’états institutionnels qui se rapportent à l’instrumentalisation de la magistrature, au fait de torpiller et d’interpréter de manière très fourbe les textes de loi à des fins de conjecture politicienne », a-t-il fait remarquer. Toujours sur cette même lancée d’alerte, le professeur Sidy Alpha Ndiaye invite les autorités sénégalaises à bien s’inspirer de ce qui s’est passé au Mali, au Burkina Faso, au Niger et au Gabon pour combattre la mal gouvernance économique qui est également évoquée pour justifier les coups d’état dans ces pays en donnant suite au rapport de la Cour des comptes qui, selon lui, « a parlé des fameux Fonds COVID, que l’on n’arrive pas à retrouver ».
PR SIDY ALPHA NDIAYE SUR LE CONTRE MANIFESTE DES 1220 INTELLECTUELS : « Des thuriféraires zélés du régime qui ont entendu répondre à un premier manifeste »
Appréciant la sortie des 142 intellectuels qui ont rendu publique une tribune le 21 août dernier pour alerter sur la situation actuelle de l’opposant Ousmane Sonko mais aussi sur la régression de la démocratie sénégalaise, le professeur agrégé en Droit public, Sidy Alpha Ndiaye, réagit au contre manifeste signé par plus de mille acteurs en réponse à leur tribune. Interpellé par notre confrère Baye Oumar Gueye, il a tout simplement qualifié ce contre manifeste de « contrepapier ». En effet, il a précisé d’emblée qu’un « manifeste est l’expression d’un parti-pris idéologique sur une question d’envergure nationale, sur une question qui engage l’avenir de la nation, le destin de la nation sur la question démocratique, sur la question de l’État de droit, sur la question de la démocratie, sur la question du pacte républicain, sur la question de la République, des frontières du territoire. Sur ce qui fait nation, ça pose débat, ça pose question, ça pose débat ». L’enseignant chercheur en Droit public affirme que ce « contre manifeste est plutôt un contre-papier». Car, insistet-il encore, « un manifeste n’a pas pour but de répondre à une préoccupation existentielle démocratique. Un manifeste a pour objectif de dénoncer quelque chose. Qu’est-ce qu’ils dénoncent dans leur contre-papier. J’appellerai ça plutôt un contre-papier plutôt qu’un contre-manifeste ». Par ailleurs, s’exprimant sur les arguments de leurs adversaires qui les accusent de n’avoir pas « réagi lorsqu’il y avait des saccages de bus, lorsque les Auchan étaient vandalisés », il récuse et martèle : « au Sénégal, jamais un manifeste n’a porté sur des faits divers, des supermarchés vandalisés ou sur des bus incendiés même si l’acte est fortement déplorable. C’est torpiller l’idée intellectuelle même de manifeste que de croire que des intellectuels pourraient se réunir pour commenter, ici ou là, des actes qui relèvent d’infractions de droit commun ». Loin de s’en tenir là, le professeur agrégé en Droit public, Sidy Alpha Ndiaye a par ailleurs qualifié les 1 220 sénégalais signataires de ce contre-manifeste intitulé «la démocratie sénégalaise reste debout» de thuriféraires zélés du régime. « Ce sont des thuriféraires zélés du régime qui ont entendu répondre à un premier manifeste ».
PR SIDY ALPHA NDIAYE RECTIFIE LE GARDE DES SCEAUX SUR LA PURGE DE LA CONTUMAX DE SONKO : « Comment peut-on arrêter une personne et continuer à rechercher la même personne qu’on a pourtant arrêtée ? Ce n’est plus du droit»
Une autre voix autorisée qui conforte les avocats du maire de Ziguinchor, Ousmane Sonko dans la bataille juridique qui l’oppose avec l’actuel ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Ismaila Madior Fall, relativement à sa condamnation dans l’affaire de « viol et menace de mort ». S’exprimant sur cette question lors de son passage dans l’émission Objection du dimanche 3 septembre dernier, le professeur agrégé en Droit public, Sidy Alpha Ndiaye par ailleurs, directeur de l’Institut des droits de l’homme et de la paix (Idhp) s’est démarqué de la position de son collègue agrégé de Droit public et de Science politique. « En tant que juriste, on ne peut pas distinguer là où la loi ne distingue pas. La loi pénale dit clairement que l’arrestation du contumax anéantit la décision. Donc, en termes de techniques juridiques pures, d’orthodoxie du droit, la décision qui a été rendue et anéantie dès l’instant que le contumax a été arrêté », a-t-il précisé. En effet, l’actuel chef du département de la Justice continue de clamer un peu partout que la condamnation par contumax du maire de Ziguinchor, Ousmane Sonko, dans cette affaire de viol est définitive. Et ce, malgré son arrestation intervenue le 28 juillet dernier et son « acte de non-acquiescement » adressé le 3 août au greffier en chef du tribunal de Dakar. Le motif évoqué par le Garde de Sceaux et qu’Ousmane Sonko ne s’est pas constitué prisonnier dans les délais de 15 jours suivant la publication de l’ordonnance de sa condamnation mais aussi que son arrestation concerne une autre affaire. Cependant pour le professeur Sidy Alpha Ndiaye la « loi ne précise pas que le contumax doit été arrêté pour un motif donné ». « La loi ne parle que d’arrestation. Et, donc en l’état actuel, pour en revenir à la grammaire du droit pénal, il n’y a plus d’affaire de viol et menace de mort opposant Ousmane Sonko à Adji Sarr. L’affaire a été anéantie parce que l’intéressé, en l’occurrence Ousmane Sonko, a été arrêté même si c’est dans une autre affaire puisque la loi définit un contumax comme fugitif, quelqu’un qu’on ne voit pas, quelqu’un finalement qui est sorti des radars judiciaires, quelqu’un qui est recherché. Dans ce cas précis, comment on peut rechercher une personne, l’arrêter et continuer à rechercher la même personne qu’on a pourtant arrêté ? Ce n’est plus du droit, c’est du bon sens ».
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