Au Mali, les acteurs dits “religieux ”ou ‘’politique’’, jouent un rôle de premier ordre dans la politique autant locale que nationale.
Quelle est la nature des imbrications entre pouvoir politique et pouvoir religieux ? Jusqu’où les jeux d’influence vont-ils ? Qui sont les vrais dirigeants du pays ?
La comparaison qui va suivre vise résolument à faire comprendre la nécessité de ne pas lier identité religieuse et identité étatique, de faire comprendre les conflits d’intérêts que peuvent provoquer l’association du politique et du religieux. D’autres comparaisons auraient été possibles. Je ne soutiens pas l’idée qu’un musulman (imam) soit en charge de la nation. “Si certaines personnes, quelque soit leur religion, disent des choses, mènent une vie qui est en harmonie avec les choses qu’ils disent, et ont des propositions qui bénéficient à notre nation et permettent aux gens de réussir, qui apportent la paix et l’harmonie et contre les dépravations (la prostitution, la pédophilie, l’alcoolisme, etc.…) alors je suis avec eux.
Néanmoins une religion se présente d’abord comme un ensemble de croyances plus ou moins dogmatiques, se rapportant au sacré, c’est à dire à un ordre transcendant et intangible. Une religion est donc aussi un ensemble d’institutions au service de ces croyances, d’où la volonté d’être présente au cœur de la « polis ».
Le leader de l’Association Ansardine International que nous aimons tout comme le président du HCI, le Cheick Mahmoud Dicko, Mamadou Doumbia, Mohamed Seydou Coulibaly dit Faroukou, Chouala Bayaya Haïdara, resteront dans nos cœurs tant qu’ils garderont le Coran et la prêche. En effet, leurs participations aux élections et à la vie politique, nous conduisent à des élections influencées. L’Etat, est condamné à trouver rapidement un système global où sera réglé ce genre de questions. Dans le cas contraire, nous risquons de sombrer dans d’interminables crises politiques qui peuvent malheureusement déboucher sur des guerres civiles.
L’Etat doit avoir des visions théoriques qui ne négligent pas la variable du peuple. Il y a une sorte de mépris envers ce peuple qu’ils veulent diriger et contrôler en lui imposant un système ou un autre. On doit comprendre que le peuple est souverain et mature. On doit lui faire confiance et respecter son propre choix. A mon avis, le meilleur point de départ du gouvernement, pour les sociétés musulmanes est la séparation entre les religieux et les politiciens (la charia ainsi que la laïcité ne peuvent pas être imposées par le religieux ou le politique). Le peuple doit choisir son propre parcours et ses propres représentants qui doivent travailler pour le bien être du peuple. Et les sujets politiques ne doivent plus être abordés à la mosquée. Regardons le cas Amadou kouffa qui, avec le laxisme ambiant, sème des troubles dans la région de Mopti.
L’Etat doit être plus ferme sur ce genre de choses. L’autre problème, est lié à l’interprétation que nous faisons de notre religion. Dans une volonté de construire une société idéale, plus juste, plus équitable, je pense que les Maliens et Maliennes doivent se mobiliser et ne pas céder aux tentatives d’intimidation qui ont lieu dans le pays. Pour aider à la désacralisation de la tradition musulmane en libérant la culture du contrôle de la religion. Et les citoyens doivent respecter les valeurs de l’islam et de l’Etat.
Nouhoum Traoré
Source: La Nouvelle Patrie