Il est 8 h 15, mardi 18 octobre, à Kharkiv, dans l’est de l’Ukraine. Neuf puissantes explosions claquent en l’espace de trois minutes, faisant trembler les murs. Des clients sortent du magasin d’une station-service pour scruter l’horizon. « C’est la défense antiaérienne », avance quelqu’un sur un ton hésitant, entre l’affirmation et la question. « Non, ce sont des frappes », réplique aussitôt avec assurance un employé de la station-service. « Regardez, on voit la fumée », crie un troisième, désignant deux panaches de poussière s’élevant rapidement en biais dans le ciel. La question est tranchée. Deux clients photographient vite fait avec leurs smartphones, les autres ont déjà tourné les talons pour vaquer à leurs occupations. Le ballet matinal des automobiles dans les rues de Kharkiv se poursuit comme s’il ne venait pas de se dérouler un événement terrifiant.