Au vingtième jour de l’intervention militaire russe en Syrie, le président russe jubile. Cette opération «confirme que la Russie est prête à répondre de manière adéquate et efficace aux menaces terroristes et à n’importe quelle menace contre notre pays», a déclaré Vladimir Poutine au Kremlin, ce mardi, devant un aréopage de hauts responsables de l’armée, de la police, de la justice et des services secrets. Ces propos signifient que la Russie pense avoir atteint son but : montrer qu’elle est une puissance mondiale, dont le rayon d’action dépasse son cadre régional, à savoir celui de l’ex-URSS.

L’intervention russe a commencé le 30 septembre. Dans les premiers jours, l’aviation russe faisait une dizaine de frappes quotidiennes en moyenne. Aujourd’hui, elle en effectue souvent 60, voire 80. Selon des sources russes, Au total, l’aviation a réalisé près de 700 vols en Syrie en effectuant plus de 500 frappes contre les positions de l’Etat islamique en Syrie. La marine a de son côté tiré des missiles Kalibr à partir de ses navires basés dans la mer Caspienne. Les avions russes agissent de concert avec les fantassins du régime de Bachar al-Assad, un allié de toujours.

De nombreux civils tués

La Russie affirme frapper des cibles terroristes, dont les jihadistes de l’EI et du Front al-Nusra, la branche syrienne d’Al-Qaeda, mais les Occidentaux lui reprochent de toucher aussi les groupes modérés. En fait, tout porte à croire que la Russie considère tous les opposants au régime comme terroristes, qu’ils soient islamistes radicaux ou non. Pire, elle est indifférente au sort des civils comme le montrent les opérations qu’elle a menées en Tchétchénie au début des années 2000. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), une organisation basée au Royaume-Uni, 127 civils ont été tués dans les bombardements russes (ainsi que 243 combattants).

Les médias russes affirment que les forces d’Al-Assad ont avancé, mais leur seule progression notable se trouverait en fait au sud d’Alep. Conséquence de cet engagement, le Front al-Nusra a appelé la semaine dernière à l’organisation d’attentats contre la Russie en représailles à ses bombardements. Moscou est conscient des risques. Ses services, selon Poutine, auraient déjà déjoué vingt «actes terroristes», tué 112 «bandits» et arrêté 560 membres de réseaux criminels au cours de l’année. Selon l’OSDH, quelque 2000 jihadistes venus des républiques du Caucase russe, notamment la Tchétchénie et le Daguestan, combattraient actuellement en Syrie, essentiellement dans les rangs d’Al-Nusra. Ils seraient visés par les raids russes.

Source: Liberation