L’armée française a procédé, hier lundi 13 juin, à la rétrocession de sa base militaire de Ménaka aux Forces Armées Maliennes (FAMa). Il s’agit ainsi de l’avant-dernière étape du retrait définitif des forces de Barkhane et Takuba du Mali, annoncé par le président français, depuis février dernier.
Ouverte en 2018, la base opérationnelle avancée de Ménaka, située dans la zone dite » des trois frontières « , hébergeait notamment le groupement des Forces Spéciales françaises et européennes Takuba. Lesquelles avaient pour objectif d’aider les forces maliennes à gagner en autonomie. Avec cette rétrocession, il ne reste donc à l’armée française que la base de Gao, qui faisait également office de Poste de Commandement, dont le transfert à l’Armée malienne devrait intervenir d’ici fin juillet à début août. Ceci conformément à l’annonce faite par le Président français, Emmanuel Macron, en février dernier, évoquant un délai de 4 à 6 mois pour le désengagement total des forces françaises et de leurs alliés de Takuba du Mali.
Répondant à l’exigence des autorités maliennes, souhaitant que ce retrait soit immédiat, il avait indiqué que celui-ci allait » s’effectuer en bon ordre, en sécurité et de manière maîtrisée « . Rappelons qu’avant cette rétrocession de la base de Ménaka à l’armée malienne, le Colonel Tassel, l’actuel chef du groupe européen de Forces Spéciales » Takuba « , qui relève de Barkhane, avait reçu le Colonel malien Bagayoko pour faire » l’état des lieux de la BOA de Ménaka « , le 6 juin. Des documents formalisant ce transfert ont même été signés entre les deux officiers.
C’est le lieu de préciser que toutes les dispositions avaient déjà été prises pour que l’emprise soit restituée dans les meilleures conditions possibles, avec, en particulier, le transfert de très bonnes infrastructures de protection.
Il faut préciser que cette base opérationnelle, proche de la ville de Ménaka, a été d’une grande utilité dans la lutte contre le terrorisme. C’est ainsi que plusieurs terroristes de l’EIGS, dont leur figure de proue, Adnan Abou Walid AL-Sahraoui, ont pu être neutralisés. S’y ajoute l’apport non négligeable des forces spéciales européennes de » Takuba « , qui ont également formé de nombreuses unités de l’Armée malienne, en dehors de l’engagement opérationnel. En plus de la lutte armée contre le terrorisme à Ménaka, des actions ont également été posées pour le développement de la région.
A ce sujet, outre les projets civilo-militaires, initiés par Barkhane et Takuba au profit des populations de Ménaka, la sécurisation assurée par ces forces avait aussi favorisé le retour de certains services de l’Etat ainsi que des administrateurs civils. Une situation qui a permis la mise en œuvre de nombreuses actions de développement au profit des populations, en instaurant un climat sécuritaire favorable. Dans cette zone, de nombreux organismes français (AFD, Centre de crise et de soutien du MEAE et Expertise France) et européens, aux côtés de la force Barkhane, ont participé à l’appui du retour de l’Etat dans de nombreux secteurs de la vie courante au profit des populations. Plusieurs millions d’euros ont été investis dans des projets pour l’amélioration des conditions de vie des Collectivités et de la population dans les domaines des infrastructures vitales, de l’éducation, de la jeunesse et de la santé.
De plus, selon l’Etat-major français, les échanges avec la population de Ménaka ont toujours été marqués » par une excellente entente et un profond respect mutuel permettant de tisser de profonds liens d’amitié avec les différentes collectivités et populations « . Précisons que le désengagement militaire français au Mali avait débuté depuis novembre 2021, avec la rétrocession des bases de Tessalit, Kidal et Tombouctou à l’Armée malienne. Toutefois, ce processus s’est accéléré avec les trois autres bases restantes, à savoir Gossi, Ménaka et Gao, plus tard, en raison de la décision du président français, au mois de février dernier, de retirer ses troupes du Mali. Ceci, en raison des tensions l’opposant aux autorités maliennes, auxquelles il reproche de ne pas vouloir organiser des élections et d’avoir contracté un accord avec des éléments du groupe paramilitaire russe » Wagner » qualifiés de » mercenaires « .
Ce retrait intervient alors que la zone de Ménaka connait actuellement une recrudescence des incursions meurtrières de l’Etat islamique, occasionnant la mort de plusieurs centaines de civils et poussant de milliers d’autres à aller se réfugier ailleurs.
Massiré DIOP
Source: L’Indépendant