Hasard du calendrier, le 25 mai dernier, lendemain du second coup d’Etat de la junte du CNSP contre les autorités de la Transition, le Vice-président de la Banque mondiale, Ousmane Diagana, devrait commencer par le Mali une mini-tournée sous régionale, qui allait le conduire après au Burkina Faso et au Niger. Suite à ce bouleversement institutionnel, l’émissaire de l’institution financière internationale a alors annulé l’étape malienne de son déplacement.
Quelques jours plus tard, soit en fin de semaine dernière, l’information est tombée. La Banque mondiale a annoncé le gel de ses décaissements.
En effet, selon une note de Kofi Nouve du Bureau de la Banque mondiale à Bamako, l’institution estime qu’elle « suit attentivement l’évolution de la situation politique actuelle au Mali, laquelle situation appelle au déclenchement de la politique opérationnelle de la Banque sur les gouvernements de fait (Politique opérationnelle OP 7.30). A la suite des évènements du 24 mai 2021, nous avons demandé à nos services de décaissement d’observer une pause temporaire des décaissements, jusqu’à ce que la situation soit plus claire. Cette pause se traduit par le non-traitement des demandes de décaissements reçues après le 24 mai, et de celles reçues mais non traitées avant le 24 mai« .
Ainsi, dans le cadre de la mise en œuvre des projets et dans le but d’assurer un suivi fiduciaire approprié du portefeuille durant la période de la pause, les responsables de l’institution ont été invités « à suivre les mesures transitoires ci-dessus relatives à la gestion financière et à la passation des marchés « .
Tout en espérant que » ces mesures temporaires n’affecteront pas fondamentalement les efforts louables déployés pour assurer un taux moyen de décaissement satisfaisant pour le compte de l’année fiscale 2021 « , le document précise que » seules les dépenses récurrentes de fonctionnement (loyer, honoraires/salaires, frais de gardiennage et de sécurité, téléphone, internet, fournitures et consommables de bureaux, carburant) sont autorisées » à être traitées.
En tout cas, l’institution précise que » les dispositions ci-dessus sont transitoires et pourraient être modifiées suivant l’évolution de la situation « . Il faut souligner que la Banque mondiale est le principal partenaire financier de notre pays. Pour la seule année 2021, elle a signé avec le Mali cinq accords de financement pour un montant de 219,35 milliards de FCFA (plus de 397,81 millions de dollars américains) en prêts et dons. Le portefeuille actuel de l’institution au Mali comprend 30 projets actifs, évalués à 938, 870 milliards de FCFA .
Y. CAMARA
Source: l’Indépendant