Serait-ce le début d’une vraie accalmie ? Depuis plusieurs semaines, le prix du gaz sur les marchés européens connaît un reflux marqué. Mercredi 26 octobre, le Title Transfer Facility (TTF), principale référence sur le Vieux Continent, est passé sous la barre des 100 euros le mégawattheure (MWh), contre 110 euros lundi, ce qui l’inscrit désormais dans le sillage des prix atteints avant le début de l’invasion en Ukraine par la Russie, le 24 février.
Un niveau certes toujours bien au-delà de la moyenne de 46 euros autour de laquelle il naviguait en 2021, mais nettement en deçà des plus hauts, à 330 euros, atteints en plein mois d’août. Pics qui avaient eu pour corollaire un emballement des prix de l’électricité à 700 euros le MWh (contre 180 euros le MWh mercredi). Cette détente pourrait d’autant plus rassurer qu’aux Etats-Unis également les prix du gaz sur le marché texan baissent sous le coup d’une production qui peine à être écoulée.
Alors, embellie réelle ou passagère ? « Il est trop tôt pour le dire. Il faudra voir comment cela évolue avec l’arrivée de l’hiver », explique au Monde Fatih Birol, directeur de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), qui, jeudi, publiait son rapport annuel sur les perspectives énergétiques mondiales. Pour l’heure, ce reflux des prix s’explique, selon lui, principalement par « la météo clémente », ainsi qu’une « destruction de la demande en Europe ». Un contexte auquel s’ajoute « la fourniture importante en gaz naturel liquéfié [GNL] », comme en témoigne la présence embouteillée des méthaniers aux abords des ports européens.
« Les choses peuvent rechanger très rapidement »
Des experts rappellent que les prix sur les marchés de court terme sont volatils à la hausse comme à la baisse. « Les choses peuvent changer très rapidement si l’activité repart en Chine et qu’il commence à faire plus froid », assure, de son côté, le directeur du Centre de recherche en économie et droit de l’énergie, Jacques Percebois, précisant que « les consommateurs individuels dont les tarifs sont indexés sur les prix de gros pourraient bénéficier de cette baisse ».
Néanmoins, et c’est un signe à ne pas sous-estimer, les investisseurs continuent, sur les marchés à terme, d’anticiper des prix de l’électricité assez élevés, autour de 400 à 500 euros le mégawattheure. De surcroît, au-delà de ces doutes pour cet hiver, les incertitudes subsistent pour un peu plus tard, dès lors que les stocks seront épuisés et qu’il faudra songer à leur reconstitution. « A moins d’un problème inattendu de grande ampleur, une destruction d’infrastructure majeure par exemple, l’Europe ne devrait pas rencontrer de difficultés majeures d’approvisionnement cet hiver », rappelle Fatih Birol.