Au Mali, le mois d’Octobre est consacré chaque année mois de la session budgétaire de l’Assemblée Nationale conformément à l’article 65 de la constitution du 25 février 1992. Mais cette année, la particularité est que cette session se tient à un moment crucial de la vie de notre pays. En plus de l’insécurité grandissante, il y a eu les scandales à répétition dont la dernière en date est l’affaire des milles tracteurs. De plus, le panier de la ménagère s’appauvrit de jour en jour et le désespoir gagnent de plus en plus des milliers de jeunes qui tirent le Diable par la queue et ne savent plus à quelle porte taper pour déposer leurs énièmes demandes d’emploi. Honorables élus de la Nation, voici le décor bien planté pour vous.

L’Assemblée nationale est la troisième Institution de la République où siègent les 147  députés chargés, entre autres, de contrôler l’action gouvernementale et de voter les lois. Cette mission qui est un sacerdoce est malheureusement en train d’être galvaudée par ceux-là mêmes qui ont bénéficié de la confiance du Peuple pour ce faire. Les statistiques ont montré que plus de 70 % des députés maliens sont des opérateurs économiques, qui sont plus préoccupés par leurs affaires personnelles que par le travail parlementaire au service de la Nation. Pour preuve, ils font presque tous la ronde dans les ministres en quête de marchés. Alors la question que l’on est en droit de se poser est de savoir si un député peut interpeller un ministre à qui il est redevable ? C’est pourquoi les interpellations et autres questions orales adressées aux ministres sont rares. Et celles qui ont eu lieu ressemblent plus à du folklore qu’à de vrais débats auxquels le Peuple a droit.

Lors des passages de certains ministres-barons du régime, nous avons presque assisté à des spectacles dignes du Kotéba National tellement ces ministres ont été adoubés et applaudis. La suite est connue, ils ont presque tous été reconnus coupables et responsables de graves manquements à l’orthodoxie financière ainsi qu’à la loi, discréditant du coup les honorables soutiens des ministres véreux. Avec cette session qui vient de s’ouvrir, ils ont donc l’occasion de se racheter et de faire amende honorable en démentant l’opinion publique la plus répandue selon laquelle l’hémicycle ne serait qu’une chambre d’enregistrement où tout passe comme une lettre à la poste. Pour cette session budgétaire, en plus du traditionnel projet de Loi des Finances 2016 et des 44 projets et propositions de loi qui sont sur le bureau de l’Assemblée Nationale. Ceux qui ont été renvoyés au cours des sessions précédentes et les nouveaux dépôts du Gouvernement seront examinés.

Le Peuple abusé, fonde un réel espoir sur ses élus pour interpeller au cours de cette session, tous les ministres à scandales afin qu’ils rendent compte de leurs mauvaises gestions des affaires publiques. Des affaires qui font l’objet de beaucoup de débats au sein de l’opinion publique et de la classe politique. Les honorables élus du Peuple sont attendus pour sévir contre tous ces ministres qui ne sont pas à  hauteur de mission à eux confiée par le Président de la République. C’est à ce seul prix qu’ils mériteraient leurs macarons. Vivement donc un sursaut patriotique de la part de nos élus pour défendre les intérêts supérieurs du Peuple malien afin de  mériter sa confiance et les moyens financiers et matériels des pauvres contribuables dont ils jouissent.

Youssouf Sissoko

source :  Inf@sept