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Pour Dominique de Villepin, « la Russie n’a pas forcément intérêt aujourd’hui à la guerre »

Au micro de France Inter, l’ancien ministre des Affaires étrangères est longuement revenu sur la rencontre Macron-Poutine à Moscou, les intentions de la Russie, mais aussi le rôle de la diplomatie française dans le monde, passant en revue les neuf années de conflit au Mali et revenant sur le génocide des Ouïghours.

« L’esprit de guerre domine dans tous les domaines de notre vie collective. C’est vrai dans le domaine juridique, économique, mais aussi technologique et ce parce que la tension est partout. » Cette phrase n’est pas du général Patton ni de Sun Tzu, mais de Dominique de Villepin , ex-ministre multifonctions (Affaires étrangères, Intérieur, Premier ministre). Car s’il existe un homme politique qui connait sur le bout des doigts les dossiers géopolitiques, c’est bien lui ; et rien que pour avoir évité à la France telle honte que la guerre en Irak, il est devenu un des diplomates les plus audibles sur la scène internationale.

 

D’abord, sur le conflit Russie et le rôle de la France dans la fameuse « désescalade » . L’ex-ministre estime que « la Russie n’a pas forcément intérêt aujourd’hui à la guerre », lui qui a toujours privilégié la diplomatie à de potentiels affrontements entre nations et pris en compte les gains et les pertes associées à chaque décision pour ensuite adopter son discours ou son action. Comme il le dit, « un dialogue et un rapport de force a été noué ; il ne faut pas mépriser cet aspect. Une unité se dessine entre Européens, ce qui change des divisions que nous avons connues dans le passé. »

Si pendant que certains commentateurs se sont empressés de critiquer le président français – souvent avec le mépris qu’ils lui reprochent d’ordinaire -, alors que d’autres ont salué son action la larme au coin de l’œil, Dominique de Villepin, lui, est resté mesuré, rappelant que « tant que tout n’est pas réglé, rien n’est réglé : c’est un principe de base d’une négociation diplomatique. » Il a également fait part de ses inquiétudes quant à la viabilité d’une paix entre Russes et Ukrainiens, posant comme point de tension l’OTAN et plus particulièrement l’article 10 qui interdit aux pays membres de fermer la porte à un pays qui souhaite y entrer (comme c’est le cas de l’Ukraine).

 

«Poutine a un problème de succession»

L’ex-Premier ministre a expliqué d’ailleurs à ce sujet : « Il y a la question de structure, c’est-à-dire l’élargissement de l’OTAN aux frontières de la Russie. La négociation sera difficile car il s’agit de la souveraineté ukrainienne. Mais étant donné qu’on ne peut fermer les portes, il faut faire prévaloir une décision politique », ajoutant que « Poutine veut placer au-dessus de la pile le dossier de la sécurité en Europe. Il a réussi à ce qu’on prenne au sérieux sa demande. Mais Poutine est très prévisible, comme l’est tout autant la Chine et comme le sont tout autant les pays autoritaires. » Dominique de Villepin a, par la suite, clos le volet Russie-Ukraine de cette phrase : « Poutine vieillit, il a un problème de succession et veut apporter dans son héritage des progrès substantiels dans l’intégration de la Russie. »

Et les Etats-Unis dans tout cela ? Eh bien ils sont « divisés » d’après le diplomate, lequel y voit deux problèmes de taille : d’un côté, « Joe Biden est affaibli sur le plan politique » et de l’autre, les « mid-terms sont en train d’approcher ». Pour lui, la politique domestique américaine est trop tendue/morcelée pour que le pays ait un véritable poids dans les négociations actuelles, pire, il craint des complications si les Etats-Unis entrent dans la danse : « Ils compliquent le jeu, mais on ne peut pas donner des signes de faiblesse. Ils ne doivent pas freiner les choses. » Ça a le mérite d’être clair !

Sur le Mali, Dominique de Villepin reste fidèle à lui-même – sobre, pas précipité -, détaillant le rôle de la France dans ce conflit qui a duré neuf ans : « Un échec des opérations est éventuel depuis le premier jour. L’intervention militaire de la France est limitée dans le temps. » Bien qu’il dise ne pas vouloir juger l’action de François Hollande puis d’Emmanuel Macron, le diplomate a tout de même confié que « nous avons trop misé sur le militaire », qu’il faut « complètement changer notre posture et nos lignes rouges » et ce même si « à force d’élargir on a perdu le contact avec le terrain. »

Enfin, la situation des Ouïghours, grand dilemme diplomatique et qui concerne bon nombre de pays dans le monde. Alors que l’Assemblée Nationale avait adopté une résolution le 20 janvier dernier qui reconnaissait le génocide de cette population musulmane du Nord-Ouest de la Chine, Dominique de Villepin, bien qu’il reconnaisse les atrocités, a tenu à discuter sur le terrain de la diplomatie et la diplomatie seule : « La diplomatie doit avoir une énorme liberté d’action. La force de la France c’est d’avoir toujours été en point dans une stratégie d’équilibre entre les puissances quelles qu’elles soient. Si la France est la France, c’est parce qu’elle est capable de transgresser. Il faut prendre en compte les droits de l’Homme, moins des positions morales qui limitent nos capacités à parler et à agir. »….Lire la suite sur parismatch.com

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