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Postes de péage au Mali, un rapport révèle : Les juges, les porteurs d’uniforme, les préfets… refusent de payer

Selon un rapport d’étude commandité par Mirau/Mali portant sur la gestion des fonds des postes de péage au Mali, le comportement des Maliens qui sont au « dessus des lois » constitue un manque à gagner pour l’Etat. En effet, selon le rapport les récalcitrants se recensent généralement au sein de ceux qui sont censés faire respecter la loi.

En effet le rapport cite une liste non exhaustive de catégorie de citoyens qui refusent de s’acquitter du péage quand bien même ils sont nantis. Ce sont entre autres : les agents des forces de défense et de sécurité, les hauts cadres en mission, les juges et les préfets dans leur juridiction, certains élus de la nation et certains élus communaux. Alors question : sont-ils au-dessus des lois ? Ce qui est sûr et certain, ils ne sont pas inquiétés. Pis, les agents postés sur les routes ont même peur d’eux. Certains font le trafic d’influence, soit en se présentant, soit en faisant usage de macarons. Ç’en est trop !

Aliou Touré

 

Enquête du Mirau sur les fonds des postes de péages

Où trouver 50 milliards de F Cfa / an pour l’entretien des routes ?

Pour l’entretien des routes, le Mali a besoin de 50 milliards de F Cfa par an. Or il n’en dispose que de 22 milliards. Où trouver les ressources ? C’est la grande question qui taraude. C’est du moins ce qui ressort d’une étude réalisée par le Mouvement international pour la renaissance d’une Afrique unie (Mirau/Mali) sur la gestion des fonds des postes de péage.

Les résultats de l’étude ont été présentés, jeudi 28 mai 2015, à travers un débat public organisé au siège du Groupe de suivi budgétaire (Gsb) à l’Hippodrome. C’était à la présence du secrétaire général du Mirau/Mali, Harouna Koné ; du chargé à la communication de l’Autorité routière, Boucary Coulibaly et du représentant du groupe du Gsb. Selon le secrétaire général du Mirau/Mali, Harouna Koné, l’objectif principal de cette étude qui a été menée à Bamako et Kati, est d’informer les citoyens afin qu’ils puissent s’approprier de la gestion des fonds des péages et de l’entretien des routes au Mali. Selon lui, la problématique de la gouvernance constitue un enjeu majeur pour le développement. Cette gouvernance ne saurait être effective sans une implication active des organisations de la société civile. C’est pourquoi, dit-il, le Mirau a initié cette étude sur le secteur routier. Avec l’engagement des acteurs, le Mali est doté d’un important patrimoine routier de plus de 22 700 km. Et, ce patrimoine représente un capital qu’il faut absolument préserver par un entretien normal et régulier. « Beaucoup de réformes furent instituées dans le cadre de la décentralisation en vue d’améliorer les conditions de gestion des deniers publics, mais le constat reste amer », a-t-il laissé entendre.

Et quant au consultant du Mirau (qui a fait l’étude sur le terrain), Asane Koné, il a fait remarquer que selon l’Autorité routière, structure qui gère lesdits fonds, les ressources mobilisées par le péage sont estimées à 2,5 milliards de F Cfa par an. « Ces fonds constituent une goutte d’eau dans l’entretien routier au Mali. Selon toujours l’Autorité routière, le Mali a aujourd’hui un besoin de 50 milliards de F Cfa par an pour faire l’entretien des routes. Mais, le budget disponible aujourd’hui à l’autorité routière est d’environ 22 milliards de F Cfa», indique-t-il. Par rapport à l’utilisation des fonds du péage, Assane Koné dira que le site Internet  de l’Autorité routière explique que les fonds collectés servent exclusivement au financement de l’entretien routier et à l’amélioration de la sécurité routière. Selon le rapport d’étude, les recettes collectées au niveau d’un poste se répartissent comme suit : 90 % destinés à l’entretien routier, 7% constituant une provision pour assurer la maintenance et le renouvellement des équipements du poste, 3 % pour appuyer les efforts de développement de la collectivité locale qui abrite le poste.

Les difficultés liées au  fonctionnement du péage

Le consultant du Mirau, Assane Koné, a évoqué des difficultés liées au fonctionnement des péages. Selon lui, si les ambulances, les corbillards (Cortèges funèbres), les véhicules des forces de sécurité, les véhicules militaires, sont exempts du payement, malgré que les textes soient précis en la matière, il y a une catégorie d’usagers de la route qui refuse de payer la redevance…A cela s’ajoutent les cas de faux tickets, la vente des souches des tickets par certains agents, le fait de laisser passer des connaissances sans qu’ils ne s’acquittent de la redevance, le personnel de l’autorité routière qui se donne une exemption, le fait de payer peu que ce qui devait l’être normalement, avec ou sans ticket (1000 ou 1500 F Cfa au lieu de 3000 F), les agents ne se donnent pas le temps de vérifier les tickets. C’est pourquoi en guise de recommandations, le consultant demande pour éviter les fraudes au niveau des péages, d’équiper les postes d’un dispositif qui minimise l’intervention de l’homme ; sensibiliser les agents sur leur conscience professionnelle ; faire une campagne de sensibilisation sur la catégorie des véhicules qui bénéficient d’exemption ; faire une campagne de sensibilisation afin que les porteurs d’uniforme et certains hauts cadres acceptent de s’acquitter de la redevance aux postes péages ; instituer un système de surveillance de payement des redevances au titre du péage par les usagers, par une autre autorité (police et gendarmerie) ; mener une étude liée au temps de la validité du ticket etc.

Soulignons que, ce rapport d’étude portant sur la gestion des fonds des postes de péage au Mali du Mirau/Mali s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de son programme « projet pour le renforcement de la recevabilité sociale », financé par l’ambassade du Royaume de Danemark. Il vise à renforcer la pratique de la redévabilité sociale à travers le renforcement des capacités des acteurs de la société civile, des élus et des agents de l’Etat et à promouvoir la gouvernance, la transparence, la participation de la société civile dans le suivi des politiques de développement pour la réduction de la pauvreté et l’amélioration des conditions de vie des populations au Mali.

A.Touré

source : Le Matin

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