Quelques mois après la délocalisation du poste de contrôle de Bamako-Sénou à Dialakoroba, si certains habitants de Sénou sont toujours plongés dans la désolation du fait de la chute de leur pouvoir d’achat, la mairie, au contraire, n’a pas subi d’impact négatif. Par contre, les démons de l’insécurité sont aux anges.
La délocalisation du poste de Sénou a été un ouf de soulagement pour les usagers de la RN7, mais aussi un acte de désolation pour une partie populations de Sénou, en l’occurrence ceux qui interviennent dans le domaine du commerce. Beaucoup d’habitants de Sénou n’arrivent pas à s’adapter à cette nouvelle situation. C’est le cas de Seydou Samaké, un vendeur d’articles au poste depuis des années. Il relate son calvaire : « Je suis toujours sous le choc après la délocalisation du poste de Sénou ; j’ai perdu tous mes clients. Auparavant je pouvais vendre 100 000 à 150 000f par jour. Mais actuellement, à peine j’arrive à dépasser 35 000f par jour ». Dramane Bakayoko est tailleur résidant à Sénou. Il raconte qu’avant la délocalisation, beaucoup de ses frères partaient se débrouiller au poste pour ramener peu d’argent à la famille. Maintenant, ils ne peuvent plus, car le poste est loin. « Vraiment, c’est pitoyable pour nous. Ce poste était un meilleur endroit pour Sénou », a-t-il regretté. Pour Djélika Sanogo, ancienne vendeuse de gâteau au poste, tout est bouleversé. Selon elle, avant il y avait suffisamment d’acheteurs, mais actuellement la clientèle est rare. « Cela m’a poussé à changer de marchandise », a-t-elle déploré. Il faut noter aussi que les populations de Sénou espéraient un changement du point de vue sécuritaire après la délocalisation du poste. Hélas ! Contrairement à leur volonté, on assiste toujours à des braquages, à des vols et à des agressions physiques partout dans le quartier. Certains agents de la police affirment aussi que la délocalisation du poste n’a pas diminué le nombre de braquages et de crimes. Pour BouramaGuindo, un habitant de Sénou, la délocalisation du poste a diminué le banditisme uniquement aux alentours du poste. Car beaucoup de ces malfaiteurs profitaient du poste pour braquer les gens. Le président de la jeunesse de Sénou, Seydou Goïta, a déclaré que la délocalisation du poste a diminué les embouteillages sur le tronçon, mais elle a permis également à certains usagers de la route à traverser à toute allure le quartier. Il a rassuré que les dispositions sont en cours pour ériger des ralentisseurs pour que les véhicules ne puissent pas rouler à une certaine vitesse. De son côté, le maire de Sénou, Mme Traoré Mariam Traoré, a annoncé que cette délocalisation n’a eu aucun impact négatif sur les recettes de la collectivité. Elle a affirmé que la mairie continue à recevoir les mêmes recettes et qu’elle vient de connaitre une augmentation en cette fin d’année. Il revient aux populations de se donner les moyens au fil du temps pour pouvoir mieux s’adapter à la nouvelle situation.
Kalilou Diabaté, stagiaire
Source: La Lettre du Peuple