L’alternance au plus haut sommet de l’Etat. C’est le principal argument des formations politiques de l’opposition à la veille de l’élection présidentielle au Mali. Dr Fousseyni Doumbia, seul spécialiste dans le domaine, a un autre regard sur la question. Il compte mettre les fruits de ses recherches au service de la nation : la préservation de l’unité et la diversité à l’issue du prochain scrutin présidentiel.
Publication d’analyses, participation active à des débats radiophoniques et télévisuels ; Dr Doumbia est déjà au four et au moulin pour éviter au Mali une énième crise, celle de l’alternance. L’unique spécialiste dans le domaine est maître-assistant de droit public et de science politique à l’Université des sciences juridiques et politiques de Bamako (USJPB). Docteur en droit et diplômé de l’Université de Rouen (France), Fousseyni a fait ses travaux de thèse sur « L’alternance démocratique au sommet de l’Etat en Afrique : les cas du Sénégal et du Mali depuis l’indépendance». Récemment, il a créé un Centre d’expertise juridique, économique et politique (Cejep-Sarl) dont il est le directeur.
Le premier spécialiste malien dans le domaine estime que la véritable alternance est celle qui se réalise par les urnes. « Maintenant, la garantie accessoire c’est ce qui réside notamment du principe de la limitation de nombre de mandat présidentiel qui oblige les présidents, malgré la situation, à quitter un jour le pouvoir », explique-t-il. Il rappelle que « jamais dans l’histoire du pays, un appel de l’opposition n’a suscité autant d’engouement. Donc pour dire en réalité que les élections de 2018 s’annoncent extrêmement difficiles et sensibles auxquelles il faut de l’abnégation des uns et des autres pour éviter des crises post-électorales ». Dans son analyse, il fait cas de l’impatience de l’opposition qui désire coute que coute arriver au pouvoir et la majorité qui veut maintenir sa position. « On est déjà dans la dynamique des crises pré-électorales surtout avec la visite de Ras Bath à Ségou. Imaginez la tournure que pouvait prendre les évènements de Ségou étant donné qu’ils interviennent dans la dynamique électorale. Nous pouvons mettre cela dans la catégorie des crises pré-électorales ».
Toujours souriant, teint claire aux allures un peu athlétiques, Dr Doumbia aspire à un Mali prospère, paisible et envié de tous. D’où son choix de s’impliquer dans la formation des jeunes, l’amélioration de la qualité de l’enseignement supérieur et l’animation des débats constructifs. « Mon choix pour enseigner le droit public au Mali n’est pas un hasard. Tout juste après ma maitrise, j’ai eu la chance d’aller au Sénégal pour un master en administration publique. Après l’obtention de ce diplôme, je suis revenu au pays pour faire le concours d’entrée à l’enseignement supérieur en 2011. J’ai été admis et j’ai bénéficié d’un programme de formation des formateurs du gouvernement malien. Je ne pouvais que revenir servir mon pays qui m’a tout donné », dit-il avec fierté précisant qu’il arrive parfois qu’il soit sollicité pour participer à des recherches et colloques internationaux en France et partout à travers le monde.
Ce trentenaire, trop attaché aux valeurs de la neutralité, conseil et appui certaines formations politiques. « Dans le cadre de notre centre d’expertise, nous accompagnons plusieurs partis, des organismes nationaux et internationaux, etc. On réfléchit sur des questions politiques, économiques, juridiques. C’est pourquoi je ne milite plus dans un parti politique».
Des conseils à la jeunesse
Grandit à Daoudabougou, un quartier populaire de la capitale malienne, Dr Doumbia est aujourd’hui un modèle de réussite. Malgré son statut social, il est resté dans ce quartier et a même ouvert une école secondaire pas chère afin de faciliter l’accès et le maintien des enfants à l’école. « Beaucoup de jeunes ayant un peu réussit dans leur carrière quitte ce quartier au motif qu’il y réside beaucoup de démunis. Nous apprécions son choix de rester avec nous et d’apporter son expérience dans la construction de notre quartier », dit Mamadou Touré, chauffeur de taxi résidant à Daoudabougou depuis une quarantaine d’année. Il ajoute : « c’est un modèle pour nos enfants. On peut le citer comme exemple de réussite après l’école. Car dans ce quartier, beaucoup de jeunes abandonnent l’école au profit des métiers ayant moins d’exemple de réussite grâce aux études ».
Cet avis est partagé par beaucoup de voisins de M. Doumbia qui est constamment sollicité pour conseiller et orienter les jeunes du quartier. « Je demande toujours aux jeunes de croire en leurs capacités de transformation sociale, de ne jamais se minimiser et surtout quand on a une certaine capacité intellectuelle. Je lance ce message à tous les jeunes du Mali ». Il appelle les jeunes scolarisés à s’intéresser à la vie de la nation, à servir de guide pour les autres, moins instruits, et à se battre pour de véritables changements. « Un jeune formé est une perle rare dans notre société. Ce jeune doit servir la nation et ne doit jamais se décourager », insiste-t-il. Car, précise-t-il, « tous les changements opérés au Mali, sont à l’actif de la jeunesse. De l’avènement de la démocratie en 1991 à sa préservation ».
Avec son centre d’expertise, Dr Doumbia veut créer de l’emploie pour la jeunesse, mais surtout s’impliquer pleinement dans les débats pour que l’alternance tant souhaitée par l’opposition ne fasse sombrer le pays dans un chaos.