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Porteurs d’uniforme : Qui doit respecter la loi ?

«Si tu ne peux organiser, diriger et défendre le pays de tes pères, fais appel aux hommes valeureux. Si tu ne peux exprimer courageusement tes pensées fais appel aux griots, si tu ne peux protéger le peuple et braver l’ennemi, donne ton sabre de guerre aux femmes qui t’indiqueront le chemin de l’honneur», (Hymne de bravoure à Samory). Servir la patrie est un sacerdoce. Pour préserver notre État de droit, les porteurs d’uniforme (militaires et policiers) doivent respecter l’uniforme qu’ils portent et respecter les personnes et leurs biens.

Lorsqu’on dresse un tableau de parcours des porteurs d’uniforme des différents régimes qui se sont succédé durant soixante-trois (63) ans de souveraineté nationale, la marche des militaires et policiers n’a pas comblé les attentes. Surtout, durant la démocratie. L’armée et la police ont été transformées en un dépotoir de fils voyous dont l’éducation pose problème dans la famille. On se débarrasse d’un fils en l’envoyant dans l’armée ou à la police.

Le mode de recrutement n’a pas changé, il est demeuré comme une loi entre les porteurs d’uniforme des régimes Moussa Traoré et de l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (ADEMA- PASJ) et sa démocratie. Ce que les deux (02) régimes ont en commun est que pour être recruté à la police ou dans l’armée, il faut nécessairement avoir une porte d’entrée ou avoir un parent porteur d’uniforme.

C’est le lieu de rappeler ici le cas de la «Bande des trois» (Kissima Doukara, Tiécoro Bagayogo, Karim Dembélé) qui ont recruté un grand nombre de jeunes dans l’armée et à la police entre 1970 et 1978. Ce sont les recrues de cette Bande des trois qui ont renversé le général Moussa Traoré, le 26 mars 1991, à leur tête, un certain Amadou Toumani Touré (ATT) (enrôlé dans l’armée par Kissima Doukara). S’il est une erreur que le général Moussa Traoré a commise, c’est d’avoir arrêté «la Bande des trois», alors que tous les dispositifs militaire et policier étaient dirigés par leurs recrues.

Le coup d’État du 18 août 2020 prend un peu sa source chez les faiseurs du putsch du 26 mars 1991 (le père en 1991, le fils 2020). Au Mali, on est porteur d’uniforme de père en fils. C’est pour cette raison qu’on a des difficultés à faire la rupture avec l’ancien système de gouvernance basé sur la corruption, la délinquance financière, le népotisme. Que ce soit l’armée, la police, ce sont les progénitures des démocrates qui ont pris en otage les deux (02) structures en foulant au pied les lois et règles du pays. Tare de notre gouvernement: l’injustice, source de tous les maux. Elle est si naturellement excessive que plus de deux tiers de la population en souffrent.

Le président de la transition et son gouvernement se doivent de freiner la propagation de l’injustice. Quand une lutte se prête d’aussi bonne grâce aux discours, aux dénonciations et à la création de structures qui ne fonctionnent pas, lorsqu’elle offre si opportunément un bouc- émissaire réconciliateur (tribunal militaire, police militaire), il y a gros à parier que l’aveuglement collectif transformera les fautes commises en vérité première.

D’après le comédien Guimba, «moustique ne peut pas fabriquer ‘‘sossotox’’». De la même manière, la justice militaire et la police militaire pourront difficilement sanctionner les indélicats porteurs d’uniforme.

Une société ne peut durer et atteindre son but que si elle a une loi à laquelle tout le peuple obéit. Quand vous vous réunissez pour jouer, si chacun veut en faire à sa tête, c’est un désordre tout de suite, puis la dispute, les querelles, la bataille, le groupe foulent au pied la loi du jeu, c’est l’anarchie. C’est ce comportement qu’on voit en longueur de journée à Bamako. Des injures graves émanant de certains porteurs d’uniformes dans la circulation. Alors qu’un simple décret présidentiel suffit à sanctionner de telles incongruités. Aussi, les agissements de certains militaires et policiers ne sont pas de nature à rasséréner la paix.

L’État, comme on le dit souvent, a toujours existé, l’histoire nous le montre. Chaque fois qu’il a cessé d’être fort, la nation connaît des souffrances. C’est le gouvernement qui fait la loi. C’est à lui de l’imposer, d’exiger à chacun de ne pas la violer. Cela exige des lois, une force qui les impose à tous et qui punit ceux qui les violent. Qui possède tous ces pouvoirs ? C’est le président de la République. Il jure devant Dieu et les hommes de faire respecter scrupuleusement la Constitution. Une République signifie un gouvernement de la nation par des hommes élus pour un temps limité.

L’État doit assurer la paix entre les Maliens, protéger les honnêtes gens contre les violents et les criminels, dire qui a droit quand survient un désaccord. Voilà les raisons des gendarmes et des juges, une police et une justice. Il doit être prêt à défendre le Mali contre l’attaque d’une autre nation, cela explique l’existence d’une force militaire: armée, marine, aviation.

«Dès qu’on a une idée de la grande fourmilière humaine, de la place qu’on y tient et des liens qui unissent bon gré mal gré tous les hommes, ont réagi en ces termes: l’union fait la force. Lorsqu’un homme est seul, le vent de la puissance, la courbe vers la terre, et l’ardeur de la convoitise des grands de ce monde absorbe la sève qui le nourrit. Ne soyez pas comme l’arbre et la plante qui sont seuls; mais unissez-vous les uns aux autres et appuyez-vous et abritez-vous mutuellement».

Tant que nous serons désunis, tant qu’il n’y aura pas d’égalité devant la loi et que chacun ne songera qu’à soi, nous ne récolterons que souffrance, ennuis et malheur, et violence. Chacun de nous a donc en lui comme un juge invisible qui l’avertit avant chaque action, l’accompagne pendant qu’il agit et lui dit ensuite : voilà ce que je pense de toi. Ce juge, c’est notre conscience.

Amy SANOGO

L’Inter de Bamako

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