Alléluia ! Bocary Tréta a retrouvé la foi ! Du coup honni soit qui mal pense d’IBK et même qui ne pense pas du tout !
Il lui a fallu perdre son poste de Premier ministre/bis pour lui faire perdre de sa superbe et comprendre qu’IBK est le seul maître à bord. Ces multiples détracteurs ajoutent qu’il a également fallu quelques invitations/demandes d’explication du Pôle économique pour que Tréta rentre dans les rangs.
Il s’est mué du jour au lendemain en défenseur acharné d’IBK, celui qui, pas plus tard qu’hier, pensait que sans lui l’autre n’a pas d’existence. Il multiplie les signes d’allégeance et les appels au secours, donnant chaque jour qui passe de nouveaux gages de sa reconversion.
IBK dit-il urbi et orbi qu’il ne doit pas son élection au RPM ? Tréta a entrepris la tournée des communes en disant partout : « Nous allons être seuls (Ndlr, le RPM) à le faire élire en 2018″ ! Pis, il est allé jusqu’à accuser l’opposition de vouloir faire un coup d’Etat !
Quoiqu’on pense de l’homme, on ne peut que lui reconnaître son flair politique. En son temps, nous avions été parmi ceux qui se demandaient comment ils pouvaient penser qu’en mettant leurs bulletins dans les urnes, les Maliens avaient voté, pas pour IBK seulement, mais pour lui aussi.
Dans sa volonté de prouver à IBK qu’il a compris la leçon, que l’enfant prodigue est de retour dans le cocon familial, il ne fait aucun effort pour se réconcilier avec ses camarades. A ceux qu’il a brimés et qui sont légion, il ajoute désormais des « compagnons de route ».
Certes, il s’agit pour la plupart, de beaucoup qui ont été à tous les râteliers sans jamais se rassasier, mais, dans sa posture, il aurait dû les ménager et gérer les susceptibilités. En effet, lui-même est sur un fauteuil inconfortable et il veut éjecter ceux qui n’ont pas de problèmes avec le RPM.
Il est vrai qu’en politique, il y a des clashs qui sont inévitables. Des compagnonnages, en un moment, arrivent à des points de rupture. La différence entre les hommes politiques réside justement, pour les machiavélique (au sens noble du terme), à épier le moment où on est personnellement en position de force pour provoquer ces ruptures. Or, Tréta n’est pas en position de force. Il met deux fers au feu, contrairement à toute logique politique.
Après avoir réussi à se fâcher avec tous ses camarades, il est en passe de s’aliéner la sympathie des alliés de circonstance, mais alliés quand même. A ce train, s’il parvient à émouvoir le chef et à lui arracher un retour en grâce, ce sera pour lui et pour le RPM, une victoire à la Pyrrhus !
Deux victoires de ce genre et il ne restera plus personne pour raconter l’exploit !
Alexis Kalambry
Source: Les Echos
