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POLITIQUE : Qu’est-ce qui fait courir Moussa Mara ?

Après sa bourde de Kidal et avant, sa gestion quelconque de la mairie de la Commune IV, tout autre que Moussa Mara se serait battu la coulpe, aurait fait son mea-culpa ou se serait fait oublier un moment. Mais, pas lui. Mara est un homme pressé. Aujourd’hui, il veut être maire de Bamako. Pour cela, il se donne tous les moyens, rencontre tout le monde. Mais, là, sont ces ambitions à courts termes. Il voit loin, il vise plus haut.

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Dans un contexte absolu, on ne pourrait avoir que de l’admiration pour ce jeune qui a vite blanchi sous le harnais. Il est courageux, intelligent, travailleur. Il n’a pas peur d’affronter ses adversaires, de livrer ses idées. Mara joue aujourd’hui sa survie politique. Il a échoué à la mairie de la Commune IV et à la Primature. Personne ne veut être vu avec lui. Au gouvernement, il a créé des problèmes à Thierno Amadou Oumar Hass Diallo, allant jusqu’à lui couper les vivres.

Mais, justement, pour ces mêmes raisons, Mara fait peur. Il est intelligent et le fait savoir à tout le monde. La courtoisie ne l’étouffe pas. Moussa Mara n’est second de rien. Ou il est premier, ou il est le chef, ou il n’est pas dedans. Il n’a pas de collaborateurs, mais des obligés à qui il fait subir le supplice de Tantale 24 h sur 24 h. Sa grande capacité de travail, son énergie font croire qu’il a le don de l’ubiquité, tant il est partout, à la rencontre de tout le monde.

Ce qui fait peur chez lui maintenant, c’est qu’il semble prêt à tout pour Koulouba. On était d’abord surpris de le voir dans un gouvernement RPM, ensuite à la tête du gouvernement contre toute logique et contre des principes qu’il a développés des années durant, y compris dans nos colonnes.

Premier ministre, il s’est comporté en proconsul, en vice-président, daignant à peine lever la main du clavier de sa tablette pour saluer les visiteurs, sans jamais leur adresser un regard. Raccompagner était au-dessus de sa force.

Mara, avant d’être élu maire de la Commune IV était déjà le messie. Il reparaît une route, faisait un pont, entretenait des associations, équipaient des femmes, des mosquées. Il avait même réussi à mettre IBK en ballotage.

Elu maire, il n’y a rien que l’on peut retenir comme haut fait de l’homme. La Commune n’a pas été un modèle et sa gestion non plus. Rien de cette période n’est gravé dans l’histoire. Au Mali, il n’y a aucun homme politique qui soit aussi présent que lui sur les réseaux sociaux.

Depuis qu’il s’est fixé comme mission de devenir maire du district de Bamako, il a certainement compris qu’il lui faut un marchepied. Et visiblement, il a jeté son dévolu sur les islamistes. Il a pris l’accoutrement, il ne rate ni zihara ni lecture du Coran où que cela se passe au Mali.

Mais, le point noir, le boulet qu’il trainera toute sa carrière c’est certainement sa visite à Kidal. « Une fanfaronnade« , a dit IBK. Moussa Mara, sur les réseaux sociaux, s’est expliqué. Il a précisé qu’il ne va pas s’excuser, puisqu’il ne se sent pas en faute. « Je ne souhaite pas polémiquer avec qui que ce soit mais je me dois, au-delà des positions politiques et partisanes, d’essayer d’éclairer si cela était encore nécessaire, les personnes de bonne foi qui sont sans doute majoritaires sur le réseau (…) Le principe de ce déplacement a été soutenu par tout le pays, je rappelle que le député Mody Ndiaye de l’opposition a été parmi les premiers à me demander à l’Assemblée nationale quand est-ce que je partirais à Kidal, c’était à l’occasion du débat sur la déclaration de politique générale à la fin du mois d’avril 2014.

Le but principal de notre déplacement, je le rappelle, n’avait rien à voir avec le processus politique ou les négociations, mais était, comme on l’a fait à Sikasso ou Tombouctou, de nous entretenir avec les administrateurs et les agents de l’Etat, pour nous enquérir de leur situation, apprécier les moyens dont ils ont besoin pour travailler toujours mieux au service des Kidalois qui sont des Maliens comme les autres.

 

« Si je devais le refaire, je le referai« 

Nous avons prévenu tout le monde de ce déplacement, mais ce que je me suis refusé à faire et que je ne ferais pas, c’est de demander la permission de me déplacer à qui que ce soit, en tant que Premier ministre agissant sur instructions du chef de l’Etat, sur une partie du territoire national reconnue comme telle par tous, notamment les groupes armés qui avaient signé les accords de Ouagadougou, accepté l’élection présidentielle à Kidal et participé, certains d’entre eux, aux élections législatives de 2013.

Je ne me suis jamais excusé de quoi que ce soit dans ce dossier et je ne le ferais pas. Je ne me reproche pas de fautes pour m’excuser. Là également, ce n’est pas une bravade ou une indécence comme le dirait quelqu’un, mais simplement une attitude logique. J’ai fait mon devoir de responsable public en mission pour les populations et travaillant selon des principes républicains. Si je devais le refaire, je le referai évidement, sans provoquer qui que ce soit, mais en agissant avec détermination pour ce que j’estime être l’intérêt du pays et son honneur« .

En tout état de cause, Mara, aujourd’hui, fait peur et montre un visage qu’on ne lui connaissait pas : il est pouvoiriste. La seule question qu’on n’ose pas se poser est de savoir jusqu’où est-il prêt à aller pour assouvir ses ambitions ?

Alexis Kalambry

 

Source: lesechos

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