En liesse, plusieurs personnes ont manifesté, le vendredi dernier, devant l’Assemblée nationale pour célébrer le départ du Premier ministre tout en apportant leur soutien à des députés pour avoir déposé la motion de censure contre le gouvernement.
Un ouf de soulagement à Bamako après la démission du Premier ministre intervenue, le jeudi 18 avril 2019, nuitamment. Au lendemain, de centaines d’individus se sont donné rendez-vous devant l’Assemblée nationale pour saluer la décision de la motion de censure contre le chef du gouvernement qui l’a contraint à jeter l’éponge.
Ce jour, ils avaient à leur tête Mohamed Youssouf BATHILY dit Ras Bath et bien d’autres responsables d’associations de jeunes. Pendant plus d’une heure, ils exaltaient de joie et lançaient des messages de soutien à des députés de l’Assemblée nationale.
« La vérité a fini par triompher. Vive l’Assemblée nationale », scandaient des manifestants. Pour beaucoup d’entre eux, le départ du Premier ministre est une victoire, à l’image de Moussa KEITA. Ce manifestant est l’un des adeptes du Chérif de Nioro qui avait juré de faire partir Soumeylou Boubèye MAIGA.
« Nous sommes venus dire merci aux députés pour leur sage décision. À travers la motion de censure contre le Premier ministre, ils ont fait ce qu’il fallait. Aujourd’hui, nous avons besoin d’une Assemblée nationale au service du peuple », a expliqué le jeune KEITA, soutenant que le départ de SBM a été précipité par la motion de censure. Selon lui, pour l’une des rares fois, les députés ont pris une décision conformément aux aspirations et aux attentes du peuple.
« On sent que les mobilisations du 10 février et du 5 avril ont été bien comprises par nos représentants », s’est réjoui le manifestant.
Selon Issa COULIBALY, le départ du SBM est un vœu exaucé. Tout en sueur à cause de ses vas et vients, le Premier ministre est tombé dans le piège de sa division, imagine-t-il. Selon lui, SBM a eu ce qu’il méritait. « Celui qui sème le vent, récolte la tempête », a-t-il soutenu. En plus des députés, il a indiqué participer à cette mobilisation pour saluer le courage et le dévouement de l’Imam Mahmoud DICKO et du Chérif de Nioro du Sahel.
De son côté, Amadou indique que sa mobilisation n’est pas contre le Premier ministre dont le départ a été exigé par des leaders religieux. « Je suis venu parce que Soumeylou Boubèye MAIGA a échoué dans la gestion de certaines crises. Il a mal géré la crise au centre du pays. Il a mal apprécié la grève des enseignants », a-t-il précisé avant de poursuivre : « il ne faut pas qu’on personnalise ce combat ». Tenant en main une affiche, le jeune Amadou réclame plus de sécurité dans le pays et appelle à la reprise des cours.
« C’est le peuple qui a nous fait confiance. Il était de notre devoir de sortir pour les remercier », a déclaré pour sa part, Zoumana N’Tji DOUMBIA venu à la rencontre des manifestants au nom des députés. Visiblement très fier du geste, il était accompagné des honorables Amadou MAIGA, Mohamed TOUNKARA, Moussa DIARRA. S’adressant aux porte-paroles des manifestants, il a exprimé la reconnaissance de l’Assemblée nationale à la mobilisation. « Nous sommes les représentants du peuple, quand nous posons des actes et qu’elles plaisent au peuple, c’est à nous de le remercier. Si nous sommes à l’Assemblée, c’est de parler en votre nom. C’est ce que nous faisons. C’est pourquoi, ce matin (Ndlr vendredi 19 avril) nous sommes très fiers que le peuple comprenne le rôle que l’Assemblée joue et qu’il veuille remercier les députés », a-t-il salué.
Le RPM n’est pas dirigé contre une personne
L’occasion était également pour le député Zoumana N’Tji DOUMBIA, membre du groupe parlementaire RPM, d’apporter des précisions. Selon lui, dans ce combat, le RPM n’est pas dirigé contre une personne, mais ne veut que le bien-être dans ce pays.
« Au RPM, nous pensons qu’il faut faire en sorte que le Mali bouge, que les enfants soient en sécurité, qu’il faut lutter efficacement contre le terrorisme. Et, il faut de l’apaisement au centre au nord du pays. Enfin, il faut que l’éducation reprenne afin d’éviter une année blanche », a-t-il soutenu. Ces souhaits pour le Mali, a témoigné M. l’élu de Bougouni, étaient partagés par les autres députés signataires de la motion de censure.
« Quand les fondements de la nation sont en train d’être atteints, il n’y a ni majorité ni opposition. Pour nous, il ne s’agissait pas d’un combat de personne, mais s’il s’agissait de faire en sorte qu’il ait un gouvernement qui puisse avoir les bonnes prises de décisions pour permettre au pays d’avancer », a déclaré Zoumana N’Tji DOUMBIA.
Selon lui, des députés souhaitaient le départ du Premier ministre à cause de son incapacité à répondre à des attentes du peuple.
« Nous avons des difficultés majeures auxquelles le gouvernement n’avait pas de solution. Il était important nous de faire en sorte que ce gouvernement soit censuré et qu’il y est la mise en place d’un nouveau gouvernement qui puisse prendre le pays à bras le corps », a-t-il expliqué.
Aussi, il était tout à fait normal que les critiques soient adressées à Soumeylou Boubèye MAIGA parce que « quand le gouvernement est immobile, inefficace, il va s’en dire qu’on puisse s’attaquer au chef de l’exécutif parce que c’est lui la cheville ouvrière ».
Selon lui, le gouvernement était en manque d’arguments face à des priorités comme la sécurité, l’éducation, le bien-vivre.
Quant à l’honorable Mohamed TOUNKARA, le premier député RPM à ouvertement demander la démission de SBM, il a souligné que le départ du Premier ministre n’est pas sa victoire, mais celle de tout le Mali. « C’est le peuple qui a demandé le changement et Dieu a fait en sorte qu’il y a eu le changement », s’est ainsi contenté de commenter.
Par Sikou BAH