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Politique et religion: la démesure

Le grand meeting organisé, ce dimanche, à l’initiative du Président du Haut conseil islamique, Cheickh Mahmoud DICKO, a remis les pendules à l’heure des relations alambiquées entre le politique et le religieux. Du moins, l’invasion de la scène politique par les religieux.

Déjà, fort compromis dans cette relation incestueuse, du point de vue de la théorie de la séparation entre le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel, les politiques fuient le débat et laissent de plus en plus le champ libre aux religieux.

Dans un pays à forte dominance musulmane, la religion apparaît comme l’élément fondateur de l’identité́ nationale. L’État, par la reconnaissance des dispositions inspirées de la loi coranique, se pose en relais de cette société́ traditionnelle, fondée sur les rapports plutôt verticaux. Le discours fortement teinté de religiosité et de culture dès lors devient aisé pour les religieux qui entendent désormais s’émanciper des politiques.

Le nouvel ordre politique

Sans remettre en cause ouvertement la République et la démocratie, les religieux prônent un nouvel ordre politique. Intervention légitime ou ambition discutable ? Le chef suprême de la communauté musulamne du Mali, Cheickh Mahmoud DICKO, est très clair sur le sujet : « les musulmans ont le droit de faire de la politique… Les musulmans sont des citoyens maliens et ils sont libres de prétendre à des postes électifs. S’il est vrai que les musulmans sont majoritaires dans notre pays, il est tout à fait normal pour eux de se faire entendre en respectant cependant les droits et aspirations de la minorité… Il n’y a pas lieu d’avoir peur… Nous respectons les règles du jeu démocratique ».

La participation à vie politique implique-t-elle pour le musulman défiance et bravade systématiques envers le régime, bref opposition haineuse alors même que l’Islam enseigne dit : ‘’O vous qui avez cru! Obéissez à Dieu, obéissez au Messager et à ceux d’entre vous qui détiennent le pouvoir’’ (Coran, 4:59)?

Profanes, nous sommes ; profanes, nous plaidons l’indulgence au nom de Dieu, le Tout puissant, que nous avons toujours en partage. On aura vu, la plus haute autorité musulmane du pays, Cheickh Mahmoud DICKO, s’écartant du commandement divin, porter atteinte à l’honneur de son frère, le Chef du Gouvernement de son pays (un musulman) en faisant passer l’appui des 50 millions pour une tentative de corruption sur la base de sa suppositions personnelles.

La médisance

Or Dieu ne dit-il pas dans le Coran : «Ô vous les croyants! Évitez de faire trop de suppositions sur autrui, certaines suppositions sont un péché. Ne vous espionnez pas, et ne médisez pas les uns sur les autres. L’un de vous aimerait-il manger la chair de son frère mort? Non! Vous en auriez horreur. Et prémunissez-vous contre Allah, car Il est Celui Qui accueille le repentir, Il est Miséricordieux». (Al-Hujurât: 12).

Au regard de cette irréfutabilité, Cheickh Mahmoud DICKO n’a-t-il pas médit contre son frère Soumeylou B. MAIGA ? En effet, c’est quoi la médisance sinon ce qu’enseigne le Prophète d’Allah lui-même : «savez-vous ce en quoi consiste la médisance ? – Dieu et Son Messager savent plus. – C’est que tu évoques ton frère par ce qu’il n’aimerait pas [entendre dire de lui]. – Qu’est-il si en mon frère se trouve (réellement) ce que je dis ? – [Justement,] si en lui se trouve ce que tu dis, tu l’as médit. Et si en lui ne se trouve pas ce que tu dis, [là] tu l’as calomnié» (Muslim, 2579).

Profanes, nous sommes ; profanes, nous plaidons l’indulgence au nom de Dieu, le Tout puissant, que nous avons toujours en partage. Et nous invoquons à notre décharge l’enseignement du Prophète d’Allah (Paix et salut sur Lui) : ‘’certes je ne suis qu’un être humain à qui vous exposez vos litiges. Or, il se peut que l’un de vous soit plus éloquent que l’autre. Je juge donc en fonction de ce que j’entends. Celui alors auquel je donne raison contre le droit de son frère, en vérité, je ne fais là que lui accorder un châtiment dans le feu’’. (Bukhari et Muslim)

Au-delà de cette honteuse affaire des 50 millions qui aurait pu se résoudre à travers une fraternelle communication téléphonique comme elle a commencé, la véhémence des propos, des griefs, des dénonciations et des accusations tranchent également, à notre avis de profane, avec la tradition musulmane telle qu’enseignée par le Messager d’Allah (paix et salut sur Lui).

En effet, la vérité est toujours dure à entendre et à accepter. La vérité est amère, il faut donc l’envelopper de douceur pour la faire accepter, tel un médicament dans lequel on dilue une substance sucrée pour le faire avaler au patient.

Ceux qui savent nous racontent qu’un homme entra un jour chez le calife Haroun ar-Rashid et lui dit : « je vais te donner des conseils, mais je serai dur avec toi ; alors fais preuve de patience ! » Le calife lui dit : « je n’ai pas besoin que tu me conseilles ainsi, car Dieu a ordonné à des meilleurs que toi de conseiller pire que moi en leur disant : « parlez-lui avec douceur »!

En effet, Dieu ordonna aux prophètes Moussa et Harouna (que la paix de Dieu soit sur eux) qui sont meilleur que l’homme venus conseiller le calife, d’aller parler à Fraouna qui est pire que le calife (un calife pieux et vertueux, loin d’être comparable à Fraouna) et leur ordonna de lui dire des paroles douces : «Allez à Pharaon, il s’est vraiment rebellé. Puis, parlez-lui avec douceur. Peut-être se rappellera-t-il ou Me craindra-t-il ? » (20 : 43 – 44).

Or, en commandant au Raïs (président de la République) de congédier son Premier ministre (alwazir a l’awal) sans ménagement devant 60.000 personnes, Cheickh Mahmoud DICKO sort un peu du cadre tracé, en tout cas ne fait pas preuve de modération telle qu’exige Dieu dans le Coran.

PAR SIDI DAO

Source: info-matin

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