Les transhumances et les raides marées vers les bons plats sont fréquentes en politique de nature africaine. Pour s’attirer les personnes en nombres, il faut être du bon côté des choses. Soumi est entrain de l’apprendre à ses dépens.
Toute l’opposition dite républicaine est en train de se vider des substances qui la maintenaient en vie depuis 2017, c’est à dire à la veille de l’élection présidentielle de 2018. Ceux qui étaient ses ténors se sont rangés du côté de Soumaïla Cissé dans l’espoir que ce dernier allait gagner l’élection présidentielle haut la main. Le fiasco était passé devant eux avec ou sans leur concours.
En tout cas à leur grande déception. Ladji Bourama a survécu au déluge électoral et se réconforte dans son fauteuil à Koulouba. Il aurait même discrètement déménagé au palais et laisser planer l’image selon laquelle il est toujours dans sa demeure de Sebenicoro. De là, commence une vaste campagne contre IBK et son pouvoir par l’opposition pour le vaciller et même faire tomber son pouvoir trop fragile à cause de la situation générale du pays. Meetings par ci, marches de contestation par-là, il était loin d’être inquiet car son PM de l’époque était très machiavélique et jouer avec lui revient de facto à perdre. Malgré les prétextes de tout genre, IBK et son Tigre tenaient Koulouba et la cité administrative.
L’opposition tient bon car dans ses rangs figurent des affamés. Elle change de méthode et se renforce avec des nouvelles têtes. Des acteurs font leur entrée sur la scène et la donne change. La peur a aussi changé de camp. Désormais les jours du tigre PM étaient comptés. Le chérif de Nioro, l’AN et d’autres acteurs invisibles accentuent la pression pour faire partir SBM. Comme le soleil qui se lève et se couche, le Tigre à abdiquer et déposer sa démission.
L’ère de la renaissance et du dialogue politique renait. Certains gourmands de l’opposition rêvent déjà d’un gros fauteuil ministériel. Dans la foulée, le président IBK nomme un nouveau PM. Les loups de l’opposition ont eu l’appétit aiguisé surtout qu’un jeune agneau est mis à la place d’un Tigre-Hérisson. Pour parvenir à leur fin, ils contraignent le nouveau PM a initié un semblant de dialogue politique : le folklore machiavelique qui consiste à tendre la main à l’autre de façon officielle alors qu’officieusement, c’est lui qui vous supplie pour le prendre.
Dans le gouvernement issu de ce dialogue politique des dinosaures aux commandes de trois portefeuilles ministériels : Tiébilé Dramé aux Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Oumar Hamadoun Dicko au Dialogue social, du Travail et de la Fonction publique et le gamin, Amadou Thiam, aux Réformes institutionnelles et des Relations avec la Société civile. Un silence assourdissant retentit dans le harem de l’opposition, le ciel devient nuageux et commence à s’assombrir et le pauvre Soumi commence à avoir des maux de ventre : ses ailes et pieds sont cassés politiquement. Pour achever la ‘’bête’’ Cissé, il faut lui retirer sa langue et l’utiliser contre lui : Rasta le dépèce sur certaines radios.
Dans l’agonie, il peut survivre donc mieux vaut l’achever une bonne fois pour toute : ses petits doigts et ses yeux mutilés à chaque mercredi au conseil des ministres hebdomadaire. Aujourd’hui, Soumi traverse certainement la plus dur période de sa carrière politique depuis les années 2002 et 2007.
Soumi le rédempteur abandonné
Comme le pasteur sud-africain, Soumi avait permis à beaucoup de morts politiques de revenir sur la scène politique. Soumi, le seul homme fort qui a tenu tête à IBK durant les élections présidentielles de 2013 et de 2018 et qui a puis s’arroger les faveurs et bénédictions de certains saints. Fort de ses alliances de circonstances, Soumaïla Cissé pensait à l’époque redéfinir les règles du jeu politique et donner une nouvelle direction à la démocratie malienne afin de mieux se préparer pour 2023. Après avoir déstabilisé le régime sur plusieurs plans, aidé par des vieux routiers, Soumi a réussi à se faire l’interlocuteur privilégié pour les réformes et le dialogue politique. Mais c’est le dialogue même dont il rêvait qui a fait de lui un vendeur ambulant de couteau.
Malheureusement pour lui, la mauvaise pièce lui a été rendue comme monnaie. Pour reprendre les termes d’un humoriste, c’est Soumi qui « remis en selle après moult disgrâces ‘’Juda’’ Dramé, de Étienne ‘’Viagra’’, Djimé ‘’Troubadour’’ et compagnies. Étienne, il l’a accueilli à bras ouverts après la « Koulouba tape ». Ne parlons pas du Hamadoun Courteau». Tout cette bande se trouve actuellement dans le camp du pouvoir et ont abandonné leur sauveur. Le même humoriste revient à la charge contre Soumi « chaque mercredi est devenu une hécatombe pour les anciens soutiens du Champion de Badala. Chaque mercredi est un jour noir».
Que fera Soumi face à ce renversement de situation ? Il sait une chose : désormais faire confiance à un homme politique revient à se mettre la main dans le feu. Que reste-t-il alors de l’opposition et de son mentor ? Rien, à priori. Le pauvre assiste donc impuissamment à son isolement chaque jour que Dieu fait. IBK est tout simplement très fort.
B.M
LE POINT DU MALI