Les Maliens ont vécu leur premier scrutin organisé par les militaires depuis le coup d’État d’août 2020. En effet, le référendum constitutionnel s’est tenu le dimanche 18 juin 2023. Mais force est de constater que les fils et filles du pays qui, en pareilles circonstances, doivent être plus unis que jamais, sont plutôt divisés sur les résultats qui tombent.
Plusieurs voix discordantes se font déjà entendre, appelant à l’annulation pure et simple de ce scrutin. D’abord, ce sont les indépendantistes et autres milices du Nord du pays qui rejettent ce scrutin au motif que le texte ne prend pas en compte l’accord de paix d’Alger, signé avec le pouvoir d’Ibrahim Boubacar Kéita (IBK) en 2015. Ensuite, à Bamako, des leaders religieux réunis au sein de la ligue malienne des imams et érudits du Mali, s’y opposent ouvertement. Car, selon eux, ce texte réaffirme l’attachement du Mali à la forme républicaine et à la laïcité de l’État. Autre motif, celui-ci ne serait pas adapté aux valeurs religieuses et sociétales du Mali. La classe politique n’est pas en reste.
En effet, certains politiques contestent la légitimité du pouvoir de Bamako, affirmant que ce pouvoir est disqualifié pour mener une réforme de la loi fondamentale. D’ailleurs, sur ce sujet, un acteur politique malien, se prononçant sur la tenue de ce référendum, dit en substance que les scores qui sortiront des urnes, seront dignes de la Corée du Nord, c’est-à-dire qu’ils seront soviétiques. A toute cette vague de mécontents, s’ajoute la voix d’une partie de la société civile malienne qui réfute ce référendum.
Tout le mal que l’on souhaite aux Maliens, c’est de s’entendre sur l’essentiel
C’est dire qu’avec ce score pharaonique du OUI dans les urnes, plus la polémique ne fait qu’enfler et au vu de tout cela, on peut se demander si les Maliens ne courent pas le risque de sortir du référendum encore plus divisés qu’unis.
Certes, il est vrai que les militaires ont donné le ton, le 11 juin dernier, en votant par anticipation partout dans les casernes à l’exception de Kidal où le vote n’a pas eu lieu pour les raisons que l’on sait. Un vote militaire dont on ne se fait guère d’illusion pour ce qui sera du résultat. On devine que le pouvoir malien qui n’avait pas les moyens financiers pour l’organisation de ce scrutin et a appelé, pour cela, à l’aide de nouveaux partenaires financiers, est resté droit dans ses bottes quant au respect de la date de ce scrutin. Au risque d’enregistrer, en certains lieux, un faible taux de participation.
En tout cas, du côté de l’opposition politique et d’une partie de la société civile qui conteste ce référendum, des stratégies de lutte sont mises déjà en place, pour saboter les résultats de ce scrutin. Celles-ci invitent déjà leurs militants et sympathisants à la contestation. De quoi s’interroger sur la légitimité de ce vote référendaire.
En tous les cas, tout le mal que l’on souhaite aux Maliens, c’est de s’entendre sur l’essentiel, à savoir la survie de la Nation qui, depuis plus d’une décennie, est confrontée à une équation difficile : le combat contre l’hydre terroriste.
Arouna Traoré