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Point d’histoire : Conquête coloniale

Deux thèses se discutent à propos de la conférence de Berlin : la réunion des puissances européennes avait-elle pour but de procéder au partage de l’Afrique pour entreprendre la colonisation (le «gâteau africain» de Léopold II), ou la crise provoquée par la liberté du commerce dans l’Etat libre du Congo et son accès à la mer (cause de la conférence) a-t-elle été emportée par son propre dynamisme ?

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Dans l’un ou l’autre cas, il en est résulté une «course au clocher», chaque pays envoyant ses détachements pour colorier, à ses propres couleurs, les parties encore blanches  du continent. L’affaire fut rapidement menée. Installés dans les comptoirs bordant les côtes, les Européens avaient connaissance par des marchands locaux des pouvoirs établis dans l’intérieur et, dans certaines régions, le passage des explorateurs, envoyés par des sociétés de géographie financées par des groupements d’intérêts, avait permis de se faire une idée des possibilités du continent, de son commerce  et  de ses voies d’accès.

En 1880, l’Europe contrôlait moins de 10% de la  superficie du continent, et, dans les premières années du XXème siècle, seules quelques régions restaient encore aux mains de quelques «insoumis» (jusqu’au début des années 1920 en Mauritanie et en Angola).

La bataille de Kousseiri (défaite de Rabah, au Tchad, 1900) marque, avec le siècle, la fin de la conquête proprement dite ; elle avait été menée par quelques détachements constitués de troupes d’origines africaines levées dans les zones déjà sous influence, bien armées et conduites par des officiers blancs ou métis (Portugal).

Jouant des antagonismes régionaux, enrôlant les esclaves libérés, ces détachements s’emparèrent de territoires immenses, progressant vers les dernières zones inconnues. Des incidents opposèrent entre eux les porteurs de drapeau, et la course  au clocher faillit atteindre plusieurs fois son point de rupture (incident entre l’Etat libre du Congo et l’Allemagne sur la frontière rwando-congolaise, 1896 ; entre la France  et la Grande-Bretagne à Fachoda, 1898 ; partage du lac Tchad), sans parler de la vente par les Britanniques de fusils à Samory qui tentait d’empêcher l’avancée française (1887) et du soutien britannique au Morho Naba de la  future  Haute Volta.

Pour les populations, la course  au territoire entraîna des tragédies (affaire de la colonne meurtrière de Voulet- Chanoine en route vers le Tchad par la Haute Volta et le Niger, 1900). La seconde phase de la conquête est celle des révoltes contre la mise en place d’une administration plus militaire que civile, et, d’une façon plus générale, pour s’élever contre la violation des contrats passés au cours des premiers contacts.

En Afrique Orientale, les perturbations entraînées par la traite qui avait décimé les populations, favorisé le pouvoir d’aventuriers comme Tippo Tip aux dépens des chefs traditionnels et introduit des religions nouvelles (islam, christianisme), suscitèrent l’émergence de révoltes de type traditionnel (mouvement  Maji Maji). Ces avatars ressurgirent tout au long de l’époque coloniale, jusqu’a l’indépendance (Mau-Mau) et même jusqu’ à la fin du XXème siècle (Mai-Mai, au Congo, et Armée de résistance  du Seigneur en Ouganda).

Toutefois, c’est surtout les grands travaux (chemins de fer, routes), et leur corollaire, le «travail forcé» pour remplacer l’impôt, qui entraînèrent des révoltes locales (Abré en Côte d’Ivoire, 1909 ; Dogon, 1908 ; Toma, 1907). Les autres pays européens ne sont pas en reste. Le Portugal, pourtant présent depuis plusieurs siècles sur la côte angolaise au point d’y avoir donné naissance à un groupe important de métis lusophones, mènera des opérations militaires interminables dans l’intérieur.

Il faut voir dans la durée inégale de la colonisation de ces régions une des causes principales opposant le MPLA, puissant sur la côte, à l’UNITA, regroupant surtout les Ovimbundu du plateau angolais. Matées, les oppositions réapparaissent sous la forme de mouvements religieux syncrétiques regroupés autour d’un «prophète».

«Dictionnaire de l’Afrique»

 

 

Source: L’Inter de Bamako

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