La signature de l’Accord entre le pouvoir et les partis politiques aura sans doute pour implication de consacrer le retour au gouvernement de certains acteurs ayant pris congé de la majorité la veille de la présidentielle 2018. Il s’agit de ceux-là à la posture autonomiste desquels le président de la République sortant avait réagi par des allusions très vicieuses à la déloyauté politique. Après les avoir caricaturés comme des convives opportunistes et sans vergogne, voilà que le chef de l’Etat se retrouve dans la contrainte de partager la même table. Il s’agira moins cette fois de savourer un plat que de supporter le poids d’une charge qu’il a avoué son incapacité à porter seul. A noter que le détail est clairement mentionné dans l’accord avec à la clé une obligation pour les signataires d’être responsable des actions énoncées dans le document.
L’Accord politique n’a pas eu lieu
C’est la déduction qu’on est autorisé à faire du traitement au rabais que l’Ortm a accordé à la signature historique à la Primature de l’accord politique, le document devant rythmer l’action gouvernementale pour une partie du reste du mandat d’ATT. L’Office de Radiodiffusion et de Télévision du Mali s’est contenté du même service minimum qu’il a l’habitude d’offrir au public malien en temps ordinaire, à savoir : un compte-rendu sommaire et robotique auquel les téléspectateurs ont généralement droit pour n’importe quel événement. Sauf qu’il était question cette fois-ci d’un tournant décisif pour autant qu’il marque un début de décrispation politique, après six années d’adversités aux dépens des défis qui assaillent la nation. Pas eu la moindre analyse de l’Accord, aucune tentative de le décortiquer son contenu, ses contours et implications. On eut dit que l’Ortm s’interdit volontairement pareille tâche ou qu’il en éprouve une peur bleue. Quoi qu’il en soit, on est autorisé à penser que c’est à pareille attitude qu’est attribuable le défaut d’appropriation un accord précédent par le public malien.
Quand le «griotisme» encourage la corruption au Mali
Le RECOTRADE, une fois de plus, aura brillé par ses intrusions malencontreuses dans le cours des contentieux judiciaires. Et le bras-de-fer tant attendu entre Mamadou Sinsy Coulibaly et le président de la Cour suprême – comme tant d’autres par le passé – n’aura finalement pas lieu. L’annulation du spectacle est consécutive à une médiation initiée par les communicateurs traditionnels très fiers d’avoir obtenu de Nouhou Tapily le retrait d’une plainte lui ayant attiré tant d’antipathie populaire le jour de la comparution de l’autre protagoniste pour outrage à magistrat. En mettant fin à l’action judiciaire déclenchée par le président de la plus haute instance judiciaire, l’irruption du RECOTRADE lui ouvre une sortie par la voie honorable mais elle pourrait avoir du même coup brisé l’espoir de tout un peuple de braquer un faisceau de lumière sur la haute corruption. Le griotisme aura ainsi tué les enjeux du contentieux Sinsy Coulibaly – Nouhou Tapily en encourageant – au nom d’une soi-disant mission régulatrice de notre société – un fléau qui ronge impitoyablement la même société. Question : le Recotrade a-t-il une alternative de la lutte contre la corruption plus efficace que la dénonciation et la pression populaire ?
2 résidents maliens de Dakar traînés à la Gendarmerie par Soumaila Cissé
Le chef de file de l’opposition est intraitable sur ses droits, y compris son droit à l’image. Il en a une fois de plus donné la preuve et bien au-delà des frontières maliennes. Selon nos sources, en effet, Soumaìla Cissé avait récemment maille à partir avec deux compatriotes résidents à Dakar fautifs apparemment de lui avoir chipé une image. Nos sources précisent que la scène s’est déroulée dans le hall d’un hôtel à Dakar où le chef de file de l’opposition s’était retiré pendant que ses autres partenaires politiques battaient le pavé à Bamako aux côtés des religieux. N’ayant pu tolérer la diffusion massive dans les réseaux sociaux des images d’un séjour qu’il voulait discret peut-être, Soumi Champion, nous a-t-on confié, a réagi en livrant à la gendarmerie sénégalaise deux de ses compatriotes maliens. Les seuls ayant été témoins de ses aller et retour dans la résidence. Mais il nous revient de même source que la gendarmerie sénégalaise a fini par banaliser l’affaire en estimant que le plaignant est un homme public dont l’image peut bel et bien se prêter à des usages sans autorisation préalable. L’épisode rappelle par ailleurs le grand bruit provoqué en son temps par le survol de son domicile de Badalabougou par un drone.
Ni ministres, ni sucre à distribuer
C’est parti pour le mois de ramadan, le rythme de vie qu’il impose aux fidèles ainsi que son impact sur le cours des denrées de consommation courante. Ramadan 2019 se caractérise surtout par la particularité de son contexte puisqu’il intervient pour une fois dans une absence totale de gouvernement et, par conséquence, de mesure d’équilibrage de l’offre et de la demande des produits de première nécessité. Mais il n’est peut-être pas exclu que le marché s’équilibre de lui-même. Et pour cause, de grands demandeurs que sont les membres du gouvernement sont absents du jeu car une équipe gouvernementale a été déposée et la suivante tarde à voir le jour. Ce sont les ministres pourtant qui assurent la dotation de nombreux cercles politiques en produits comme le sucre et autres, que se distribuent annuellement les principaux animateurs de formations politiques. La chaîne de solidarité se répercute d’habitue jusque dans les structures les plus reculées où l’engouement s’est manifestement révélé très faible cette année. Pas de ministres, pas de sucre à distribuer peut-on résumer. La motion de censure contre l’équipe de Soumeylou Boubeye Maiga est passée par là.
La Rédaction
Le Témoin