Chrysoula Zacharopoulou, la secrétaire d’État chargée du Développement, qui se voit reprocher par des patientes des gestes assimilables selon elles à des “viols” quand elle exerçait comme gynécologue, a rejeté vendredi ces accusations, les jugeant “inacceptables et révoltantes”.
Après le dépôt de deux plaintes pour viol, Mme Zacharopoulou a été visée vendredi par une troisième plainte pour violences sans incapacité de travail par personne chargée d’une mission de service public, selon le parquet de Paris.
La plainte a été déposée jeudi, selon la même source.
La chaîne TMC a recueilli le témoignage de cette patiente, qui dit avoir subi des “violences gynécologiques” lors d’un rendez-vous en 2018 avec Mme Zacharopoulou pour soigner son endométriose, dont cette gynécologue franco-grecque de 46 ans a fait sa spécialité.
Le 27 mai le parquet de Paris avait ouvert une enquête après le dépôt de deux plaintes pour viol contre contre Mme Zacharopoulou.
Selon l’hebdomadaire Marianne, qui a révélé l’affaire, les faits reprochés auraient été commis dans le cadre de sa profession de gynécologue.
Mercredi, une jeune femme aujourd’hui âgée de 26 ans, affirmant alors hésiter à déposer plainte, avait raconté à l’AFP avoir fait face fin 2016 à une gynécologue insistant pour l’ausculter, qui lui avait lancé: “Tu vas devoir ouvrir”. Une scène vécue “au moins comme une agression sexuelle” par cette jeune femme.
Sollicitée précédemment par l’AFP, en vain, la secrétaire d’Etat a finalement réagi pour la première fois vendredi à ces attaques.
“Les accusations graves à mon encontre, portant sur des examens cliniques médicaux réalisés afin de diagnostiquer et de soigner la maladie de mes patientes, sont inacceptables et révoltantes”, a-t-elle déclaré dans un communiqué transmis par son avocat, Antonin Lévy.
Affirmant avoir appris l’existence de ces plaintes par “voie de presse”, Mme Zacharopoulou se dit “choquée et profondément blessée” en tant que “femme et médecin”.
“Débat important”
Mme Zacharopoulou assure encore n’avoir “jamais imposé le moindre examen à aucune de mes patientes sans leur consentement”. “Je soigne mes patientes de façon consciencieuse et dévouée”, écrit-elle.
Chrysoula Zacharopoulou – élue en 2019 sur la liste Renaissance au Parlement européen, où elle a notamment siégé à la commission des droits de la femme – est une médecin engagée de longue date sur la question de l’endométriose. Elle avait remis l’an dernier un rapport sur le sujet au gouvernement français.
Née à Sparte, elle fait ses études en Italie avant d’exercer en France, à l’hôpital militaire Bégin de Saint-Mandé (Val-de-Marne) puis aux Hôpitaux de Paris (AP-HP), notamment à Tenon dans le service du Pr Emile Daraï, sous le coup d’une enquête pour des accusations de viols.
Mme Zacharopoulou est entrée fin mai au gouvernement au poste de secrétaire d’Etat chargée du Développement, de la Francophonie et des Partenariats internationaux, auprès de la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, dans le gouvernement de la Première ministre Elisabeth Borne.
Cette dernière avait assuré jeudi soir “que les plaintes sont déposées, la justice va faire son travail”, en qualifiant de “débat important” celui “du consentement quand on fait des examens”.
Plusieurs ministres actuellement en poste sont accusés de violences sexuelles, dont le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, visé par une plainte pour viol, classée sans suite dans un premier temps puis relancée et pour laquelle le parquet a requis un non-lieu début 2022.
Plus récemment, le ministre des Solidarités Damien Abad a été accusé de viols. Le parquet de Paris a fait savoir qu’il n’ouvrait pas d’enquête préliminaire “en l’état”.
Ces accusations ont suscité critiques et mobilisations, notamment au sein des mouvements féministes.
24/06/2022 18:13:48 – Paris (AFP) – © 2022 AFP