La fin du film de l’affaire des 49 ivoiriens par les autorités de la transition n’est pas pour très bientôt.Et ce, malgré l’implication du Président du Haut conseil islamique du Mali, Ousmane Madani Haïdara, et de la médiation du président togolais. L’affaire s’est compliquée suite à l’inculpation d’atteinte à la sûreté de l’Etat et le placement sous mandat de dépôt de ces 49 militaires ivoiriens.
Depuis leur arrestation, le président ivoirien Alassane Dramane Ouattara (ADO) s’est prononcé sur l’affaire des 49 mercenaires lors de sa visite officielle à Pretoria et dans son adresse à la nation à la faveur de la fête de l’indépendance de la Côte d’Ivoire, en indiquant : «Je déplore l’arrestation illégale des 49 soldats ivoiriens au Mali. En réalité, ils étaient 50 soldats, il y a un qui n’était pas en bonne santé. Il s’agit de la 8èmerotation des soldats ivoiriens dans un cadre des Nations unies pour la surveillance du camp allemand », avant d’ajouter : «La Côte d’Ivoire ne peut pas du tout s’investir dans une tentative de déstabilisation d’un pays quelconque, et surtout d’un pays voisin».
« Avant de tenir de tels propos, ADO ne savait-il pas en amont que les textes de l’ONU ne prévoient pas qu’un pays contributeur de troupes de l’ONU ne peut pas envoyer ses NSE (éléments nationaux de soutien) pour sécuriser le contingent d’un autre pays contributeur ? », s’interrogent un officier supérieur de l’armée malienne.
Les NSE ne sont déployés qu’en appoint au contingent de leur pays d’origine, pour exécuter des tâches administratives et logistiques, exclusivement, selon le ministre Abdoulaye Diop. Or, les 49 soldats ivoiriens sont arrivés au Mali avec des armes et munitions de guerre. Soit l’ONU nous ment, soit ADO n’a pas cerné tous les contours des opérations de maintien de paix de l’organisation. Soit tous les deux se foutent de nous, car les soldats arrêtés avaient des badges (faux ou bons) de la Minusma.
L’ONU et l’Allemagne prétendent tous les deux que lesdits éléments (NSE) n’ont jamais été engagés pour sécuriser le contingent allemand. Si cette version s’avère, l’Etat ivoirien échangeait alors les services des militaires de l’armée régulière de la RCI contre espèces sonnantes et trébuchantes d’une société privée SAS (Sahelian Aviation Service).
La jeunesse ivoirienne ouvre les hostilités
Décidément, l’inculpation et le placement sous mandat à Bamako a fait grincer des dents à Abidjan. Très en colère, la jeunesse ivoirienne dans son ensemble a décidé de faire annuler le concert de l’artiste malienne, Mariam Ba, qui était prévu ce lundi 14 août 2022au palais de la culture à Abidjan. Pour parvenir à leur fin, ces jeunes issus des partis politiques et des associations avaient en effet choisi le même jour (14 Août) pour tenir leur meeting au palais de la Culture, histoire de protester contre la détention des militaires ivoiriens au Mali. L’objectif, selon nos informations, était de faire annuler le concert de l’artiste malienne pour envoyer un message à Bamako. La jeunesse ivoirienne a laissé entendre qu’elle n’est plus prête à s’asseoir comme si de rien n’était pendant que les soldats ivoiriens sont arrêtés au Mali. ‘’ Ça sera désormais comme ça avec tous les artistes maliens qui viendront pour des concerts ici en Côte d’Ivoire. Trop c’est trop et on va se faire entendre à travers d’autres actions’’, pouvait-on entendre.
Le plaidoyer de Macky Sall
Le dialogue semble être la seule alternative crédible pour la résolution de cet incident diplomatique. Après une première rencontre des officiers supérieurs des deux pays à Lomé, le gouvernement ivoirien a adopté une nouvelle posture dans la résolution de ladite affaire. On sent que les autorités ivoiriennes sont revenues à de meilleurs sentiments et privilégient désormais le dialogue, autrement dit, la voie des négociations comme seule issue à cet incident malheureux intervenu entre nos deux pays. ADO (lâché par l’ONU, Minusma, SAS et l’Allemagne) semble avoir mis un peu d’eau dans son « gnamakoudji » (jus de gingembre).
En visite officielle au Mali, le président sénégalais Macky Sall et non moins Président en exercice de l’Union africaine s’est prononcé sur la question des militaires ivoiriens détenus au Mali. Le Président Macky Sall dit avoir noté la disponibilité du Mali à poursuivre le dialogue pour un dénouement heureux de cette situation. Il a salué dans le même cadre « les efforts du Président Faure Gnassingbé, qui travaille pour trouver une solution » à ce problème. Le chef d’État sénégalais pense qu’une solution sera vite trouvée à ce « contentieux et je plaide pour qu’il y ait une solution africaine… ».
Selon de nombreux observateurs, cette visite du président en exercice de l’Union africaine au Mali a été bénéfique. Car, selon eux, le président Assimi Goïta adoptera une posture conciliante à l’instar de son homologue ivoirien pour un heureux et rapide dénouement à cette impasse. En tout cas, le duo ADO & Assimi est la clé de voûte de cet incident diplomatique et la raison d’Etat doit forcément primer sur toutes les autres considérations dans le cas d’espèce.
Agoumour
Source: Journal le Démocrate- Mali