malien autour du pays en danger. L’acharnement de la CEDEAO à considérer la promesse
d’organiser les élections le 27 février 2022 par la transition, comme une parole d’Évangile ou du Saint
Qoran, malgré les réalités sur le terrain qui dénotent la précarité et la fragilité du pays, a prouvé à tous
les maliens la mauvaise foi de l’organisation sous régionale. Il n’est donc pas étonnant qu’après les
sanctions jusqu’ici inédites infligées à leur pays, que la grande majorité des maliens et avec eux, des
africains panafricanistes et de la diaspora des pays africains expriment leur indignation face à ce
mépris d’un peuple qui ne demande qu’on lui accorde un peu plus de temps afin qu’il panse certaines
de ses plaies avant de recommencer à marcher.
Comme dans tout grand rassemblement de ce genre, il y a ceux qui sont excessifs, le meeting du 14
janvier n’a pas été en reste. Mais il faut comprendre qu’en de telles circonstances, c’est le cœur qui
parle et quand le cœur parle, la raison s’éclipse. Mais, après ces intenses moments d’émotion, n’est-il
pas venu le temps de la raison ? C’est le rôle du leader que d’amener ses affidés ou partisans à la
raison et leur faire comprendre qu’en géopolitique, on est prisonnier de la situation géographique de
son pays et de la réalité du moment. Et, au Mali plus qu’ailleurs, nous n’avons d’autre choix que la
« realpolitik » pour surmonter nos difficultés actuelles afin de nous permettre en toute tranquillité de
bâtir une vraie stratégie de désenclavement pour nous libérer du carcan de la logique économique
coloniale qui a toujours consisté à considérer que les pays de l’hinterland comme le nôtre ne doivent
servir qu’à fournir des matières premières et de la main d’œuvre à moindre coût pour les industries de
la métropole ou des pays côtiers. C’est pourquoi, pendant toute la période coloniale on n’a observé
aucun début d’industrialisation de ces pays. Et, tous les produits industriels importés provenaient soit
de la métropole ou des pays côtiers. Ce système perdure encore, d’où notre dépendance vis-à-vis de
ces pays, malgré la mondialisation des échanges commerciaux.
Aujourd’hui, il nous est impossible de nous passer, de la CEDEAO aussi bien économiquement que
politiquement et moralement étant donné notre tradition panafricaniste. Il faudrait donc trouver le plus rapidement possible, un terrain d’entente pour arriver à la paix des braves. Et, la meilleure façon d’y
parvenir c’est de mettre nos experts au travail pour élaborer dans les plus brefs délais un
chronogramme de l’organisation des élections avec comme guide, les recommandations des ANR.
Ainsi, on sait que pour organiser des élections, il faut : le retour de l’administration dans la majeure
partie du pays, l’établissement d’un fichier électoral fiable, la création de l’organisme unique de
gestion des élections, etc. et pour chaque activité les experts détermineront un temps. En ce moment,
si discussions il y a, elles porteront sur les temps de faisabilité des différentes étapes. Ce travail
technique aura l’avantage d’une part, au plan interne, de renouer le dialogue avec ceux qui étaient de
bonne foi, septiques sinon opposés aux ANR et d’autre part, de prouver aux maliens, à la CEDEAO et
à la Communauté internationale que le gouvernement de transition n’a nullement l’intention de
perdurer au pouvoir.
Si nous voulons capitaliser cet éveil d’esprit patriotique de ce 14 janvier 2022, comparable à celui qui
était survenu lors de l’éclatement de la Fédération du Mali il y a de cela 62 ans, alors l’heure est venue
de laisser la place à la realpolitik.
…sans rancune
Wamseru A. Asama