La Pharmacie populaire du Mali (PPM) vit un des moments les plus sombres de son histoire. Et pour cause. En effet, outre l’interminable bras de fer qui oppose depuis un certain temps le PDG et ses travailleurs. La Pharmacie populaire du Mali est aussi en train de mourir à petit feu du fait de la gestion catastrophique d’un président Directeur général.
C’est le moins qu’on puisse dire a propos de l’actuel Directeur général de la PPM. Le Dr Moussa Sanogo, puisque c’est de lui qu’il s’agit, ne cesse de faire parler de lui depuis son arrivée à la tête de la PPM. Et cela de la plus mauvaise des manières, tant dans la gestion des Hommes que dans la gestion des fonds de l’entreprise. Les sit-in successifs des travailleurs (trois au total) dans la cour de la PPM, le mois dernier, donnent à coup sûr, une idée de l’ambiance qui règne au sein de la PPM. Une atmosphère qui s’est davantage détériorée à cause de l’entêtement du Dr Moussa Sanogo à tenir d’une main de fer la PPM en nommant à des postes stratégiques, des proches , des diplômés de catégorie inférieure au détriment des cadres supérieurs exerçant au sein de l’entreprise. Ce qui est contraire selon les travailleurs aux textes qui régissent la PPM. C’est d’ailleurs de là qu’est parti le bras de fer qui oppose aujourd’hui le tonitruant PDG et ses travailleurs. La presse en a d’ailleurs suffisamment parlé. Inutile donc pour nous de revenir sur ce feuilleton qui, en réalité, n’est que la face visible de l’iceberg.
Un déficit budgétaire de plus 700 millions de FCFA en 2017 ?
Comme on le dit, il n’y a jamais de fumée sans feu. Derrière la crise qui prévaut actuellement à la PPM se cache une autre crise, et non des moindres : celle des finances. En clair, l’héritage financier laissé par le PDG sortant, Dr Abdrahmane Tounkara, est en souffrance. Autrement dit, les comptes de la Pharmacie populaire du Mali sont aujourd’hui aux rouges à cause de la gestion catastrophique d’un PDG qui ne jure que par l’argent ? En effet, selon des sources bien introduites, la Pharmacie Populaire du Mali a enregistré au terme de l’exercice 2017, un déficit budgétaire de plus de 700 millions de FCFA. Une situation qui, selon nos sources, aurait poussé le commissaire aux comptes, le doyen Tièkôrô Diakité qui a certifié le bilan de l’exercice en question, à démissionner de son poste. Ancien ministre de l’Economie et des finances sous l’ère Moussa Traoré et commissaire aux comptes de la PPM depuis 1995 jusqu’à sa démission le 26 février 2018 (Soit 23 ans). L’homme, en démissionnant, aurait confié à des proches, qu’il n’a jamais vu un PDG aussi nul et budgétivore que le Dr Moussa Sanogo. Il a donc préféré rendre le tablier que de voir son image associée à un bilan aussi catastrophique, explique un proche collaborateur. ‘’C’est du jamais vu. La PPM n’a jamais été sous la menace d’une disparition que sous l’ère du Dr Sanogo’’, nous confie un travailleur qui ne voit pas d’avenir à la PPM tant que le Dr Sanogo sera à sa tête. C’est d’ailleurs les mêmes mots qu’on entend tous les jours aujourd’hui dans la bouche de la quasi-totalité des travailleurs de la PPM.
Le conseil d’administration en stand-by, le Cabinet CAO à la rescousse pour revoir le bilan !
Décidemment, le PDG de la PPM, Dr Moussa Sanogo est dans le dur. Alors que nous tendons vers la fin de l’année 2018, Il a toutes les peines du monde aujourd’hui à convoquer le conseil d’administration pour faire le bilan de l’exercice 2017, conformément à la loi qui veut que le conseil d’administration soit tenu au plus tard six mois après la clôture d’un exercice. C’est dire que, le conseil d’administration de la PPM devait se réunir depuis le mois de juin dernier. Ce qui n’a pas été fait. Et jusqu’à présent, c’est le statut quo. Pas de conseil d’administration pour l’heure. Chose que ne comprennent d’ailleurs pas du tout les travailleurs qui, lors des sit-in du 08 et 16 octobre 2018, ont donné de la voix pour exiger la tenue du conseil d’administration. Le Dr Moussa Sanogo que nous avons interrogé, vendredi dernier, dans son bureau, dans le cadre du recoupement de nos informations, est resté, pour sa part, évasif aux différentes questions que nous lui avons adressées. Le PDG qu’il est, s’est réservé de commenter notre question relative au déficit budgétaire de plus 700 millions de FCFA enregistré au terme de l’exercice 2017. Il s’est contenté d’indexer le désormais ex commissaire aux comptes, Tièkôrô Diakité. De ses dires, ce dernier a voulu’’ imposer’’ un proche à lui comme commissaire aux comptes quand il démissionnait. Aussi, par rapport au conseil d’administration, le Dr Moussa Sanogo dit ne pas être tenu par les ‘’exigences d’un groupuscule d’individus’’ qui veulent le nuire. Nous revenons encore à la charge : Pourquoi n’avez-vous pas tenu jusque-là le conseil d’administration ? Est-ce parce que le bilan de l’exercice 2017 est déficitaire à plus de 700 millions de FCFA? Le Dr Sanogo de répondre : ’’ même si le bilan est déficitaire, ça n’empêche pas la tenue du conseil d’administration’’. Et pourtant vous avez présidé le conseil d’administration de l’exercice 2015 et 2016 après la démission en juin 2016 de votre prédécesseur, le Dr Abdrahmane Tounkara?, réplique-t-on ? Je suis le président du conseil d’administration, a-t-il répondu. Comme pour dire que c’est lui chef et que c’est lui qui décide. Qu’il en soit ainsi ! Mais le Dr Moussa Sanogo doit savoir qu’il ne convainc personne à travers ses propos. La tenue du conseil d’administration est une obligation selon la loi qui précise d’ailleurs la période à laquelle elle doit se tenir. Ignore-t-il aussi que les travailleurs sont représentés au conseil d’administration ? Mieux, le sieur Sanogo a aussi oublié qu’il a été le premier à se glorifier des bilans de l’exercice 2015 et 2016, alors qu’il n’a rien foutu, tout le mérite, expliquent nos sources, revient au Dr Tounkara qui a posé les germes de ce succès. A titre de rappel, la PPM a enregistré un résultat bénéficiaire d’environ 515 millions de FCFFA au terme de l’exercice 2015. En 2016, elle a fait un bénéfice d’environ 400 millions de Fcfa. Et pour ceux qui ne le savent pas, le Dr Moussa Sanogo a été nommé en juin 2016 comme PDG de la PPM, dans la foulée de la démission de son prédécesseur .Il a pris fonction le mois suivant, c’est-à-dire en Août. Aussitôt entré en fonction, il a présidé son premier conseil d’administration dans les toutes premières semaines de son arrivée. L’Etat étant une continuité, le directeur intérimaire de l’époque s’est juste de contenter de faire le point de la situation de la PPM et le remettre à qui de droit (Dr sanogo). Ce dernier n’avait qu’à présenter le travail de sabre réalisé par son prédécesseur. Ce n’est pas compliqué ça. Et il l’a bien fait. Il s’agissait là du conseil d’administration de l’exercice 2015. Quelques mois après, il a tenu pour le compte de l’exercice 2016, son deuxième conseil d’administration. Ici aussi, c’est le même exercice sauf que là, il avait déjà fait quelques six mois comme PDG. Comprendra qui pourra ! Mais pourquoi ça rechigne donc à faire le bilan d’un exercice qu’on a pourtant pleinement assuré ? Nous ne saurons le dire. Mais Certaines sources avancent que le Dr Moussa Sanogo a honte de présenter un bilan aussi négatif que le sien. Le PDG qui a coutume de se taper la poitrine pour dire qu’il est un bon gestionnaire est tout simplement gêné qu’on dise qu’il est premier PDG a enregistré un déficit budgétaire aussi conséquent depuis la création de la PPM , le 05 octobre 196O, indiquent nos sources. C’est d’ailleurs pourquoi, rapportent nos sources, il est en train de faire des mains et des pieds pour saboter le travail du commissaire aux comptes, Tièkôrô Diakité qui a eu à certifier les comptes de la PPM. Selon toujours nos sources, il aurait donc, à cet effet, recruté un autre cabinet, en l’occurrence le cabinet CAO qu’il aurait payé à environ 20 millions 500 mille FCFA, juste pour reprendre le bilan déposé par le commissaire aux comptes. Alors que les honoraires dudit commissaire (Tièkôro Diakité) coûterait pour tout et en tout à la PPM, la maudite somme de 2 millions 5 cent mille FCFA par an. Dans quel pays sommes-nous ? Mais, malheureusement pour le Dr Sanogo, le cabinet en question qui a été appelé pour tenter de colmater les brèches, a fini par abandonner le travail à mi-chemin. Et pour cause. Le cabinet aurait comptabilisé un déficit, voire un trou d’environ 1Milliard 200 millions, soit environ 500 millions de plus que celui décelé par l’ex commissaire aux comptes. Pouvait-il en être autrement ? Assurément non ! Entre-temps, le puissant PDG continue de scruter les horizons pour renverser la tendance en sa faveur. Très remonté actuellement, le Dr Sanogo, apprends-t-on, a choisi de bloquer les honoraires du commissaire aux comptes. Selon nos informations, ce dernier n’aurait pas perçu jusque-là ses honoraires. Comme quoi, le premier responsable de la PPM est en guerre avec tout le monde. Bras de fer par ci, bras de fer par là. ‘’C’est peine perdue. Puisque, qu’il le veuille où non, il va tenir le conseil d’administration. Et de surcroît en présence du commissaire aux comptes. L’article 721 du traité relatif à l’harmonisation du droit des Affaires est formel : Le commissaire aux comptes est obligatoirement convoqué à toutes les assemblées d’actionnaires au plus tard lors de la convocation des actionnaires eux-mêmes par lettre au porteur contre récépissé ou par lettre recommandée avec demande d’avis de réception’’, lance un travailleur de l’entreprise. Voilà qui est bien clair.
Le silence coupable des autorités ?
Ce qui est curieux dans tout ça, c’est que la situation qui prévaut à la Pharmacie Populaire du Mali est connue des autorités. Mais personne n’a levé le petit doigt. Le ministre de la Santé, le professeur Samba Sow , s’est personnellement rendu à la PPM les jours qui ont suivi les sit-in des travailleurs pour tenter de calmer les esprits. Après ça, rien. On ne l’a plus entendu parler de la PPM, du moins officiellement. Pareil pour le ministre de l’Economie et des finances, qui, selon nos informations, a été officiellement informé de la situation par courrier par les responsables syndicaux de la PPM. Mais jusque-là rien à faire. Le Dr Sanogo reste campé sur sa position et se la coule douce à la Pharmacie populaire du Mali. Nous y reviendrons en long et en large sur les’’ sales affaires’’ du Dr Moussa Sanogo. De l’important stock de médicaments périmés, au recrutement de certains membres de sa belle famille, en passant par les nombreuses créances que la PPM n’arrive pas à recouvrer.
A .N’djim
Le Point