Aujourd’hui, vivre au Mali, précisément dans la Région Kayes, dans les zones habitées majoritairement par les Soninkés reste très difficile à tenir. Sans doute, cela relève d’un véritable parcours du combattant. L’esclavage qui semble être une pratique des autres époques y demeure toujours d’actualité.
De Gruimahanahali à Ayourou en passant par Dafarara dans la Région de Kayes, l’asservissement et les tortures attentatoires à la liberté physique et morale des personnes continuent toujours de faire des victimes. Ce, face au silence assourdissant des plus hautes autorités du pays. Récemment, il a été enregistré l’expulsion et des actes de violences barbares des citoyens maliens par d’autres Maliens, tous vivants dans le village de Gruimahanahali. Ce, pour avoir refusé d’être traités «d’esclaves».
Selon nos informations, il y a eu six blessés graves et d’importants dégâts matériels déplorés aussi à Aouro, dans la même Région de Kayes. C’est à cause d’un barrage interdit à ceux qui sont considérés à tort comme des esclaves. C’est pour dénoncer ces pratiques liberticides et impunies que plusieurs de nos compatriotes vivant aux États-Unis d’Amérique ont organisé, le weekend dernier, un meeting devant le siège de l’Ambassade du Mali à Washington. Un meeting de dénonciation qui intervient en un moment où les États-Unis se lancent dans une dynamique de guerre économique contre tout pays complice ou dans un pays où l’esclavage est toujours pratiqué.
C’est ainsi que le Président Donald Trump, à travers une Lettre adressée au Congrès américain et à Nouakchott, a exposé sa volonté de mettre fin à l’admissibilité de la Mauritanie (qui compte plus de 43.000 esclaves) aux avantages en matière de préférence commerciale en vertu de la Loi sur la croissance et les perspectives économiques en Afrique (AGOA). Cela, à compter du 1er janvier 2019. Selon nos confrères de la VOA AFRIQUE, ledit décret signé par le Président américain met en cause les pratiques de travail forcé et l’esclavage moderne. Selon un décret présidentiel publié par le Bureau américain en charge du commerce: «La Mauritanie ne respecte pas les critères d’éligibilité de l’AGOA. En particulier, la Mauritanie n’a pas progressé dans la lutte contre le travail forcé, précisément contre le fléau de l’esclavage héréditaire. En outre, le Gouvernement mauritanien continue à limiter la capacité de la société civile à travailler librement pour résoudre les problèmes liés à la lutte contre l’esclavage». C’est du moins ce qu’indique le document.
Selon les Responsables du Département américain, cette action montre la détermination de l’Administration de Trump à mettre fin à la pratique de l’esclavage moderne et à appliquer «les dispositions relatives au travail dans nos lois et accords commerciaux».
Selon The Global Slavery Index, 43.000 personnes (soit plus de 1% de la population mauritanienne) seraient asservies. Parmi ces 43.000 personnes, il y a des esclaves sexuelles, victimes de mariages précoces; des esclaves urbains, domestiques maltraités et non payés ou ouvriers dans le secteur de la construction ; en zones rurales, des familles entières réduites au travail forcé pour cultiver les terres de leurs maîtres.
Selon des sources diplomatiques, après la Mauritanie, c’est le Mali se trouve sur les viseurs du Président Trump. Car, dans les Régions du Nord et de Kidal, le phénomène d’esclavage reste impunément impuni.
Le temps nous en dira plus …
Seydou Konaté
LE COMBAT