Rester membre du groupement des partis de l’opposition ou rejoindre la majorité présidentielle ? C’était l’équation posée lors du Congrès du Pdes (parti pour le développement économique et de la solidarité) qui réclame l’héritage de l’ancien président, Amadou Toumani Touré. Mais, le spectre de la déchirure a plané sur ces assises dès l’ouverture. Occasion pour les leaders de l’opposition, Soumaïla Cissé et Tiébilé Drame de faire des interventions très remarquées.
Ce 1er congrès ordinaire du parti a été l’occasion pour les responsables du parti d’échanger sur les sujets d’actualités et de dégager des pistes de réflexion pour l’ancrage et le positionnement du Pdes au plan national. C’était également l’occasion pour les responsables du parti, de faire le bilan des activités menées depuis 2013.
Pour Mme Dandara Touré, présidente des femmes du parti pour le développement économique et la solidarité, la tenue de ce congrès est un jour heureux de l’histoire de notre pays. La rencontre, a-t-elle ajouté, offre l’occasion de relire les textes du Pdes, de parler de ses idéaux, mais également de rendre un vibrant hommage «au héros du 26 mars, ami incontestable des enfants, ATT».
Le président du mouvement des jeunes du parti, Moulaye Haidara a évoqué le contexte de cette rencontre. «Une rencontre qui intervient à un moment où notre pays se trouve à la croisée des chemins, avec la crise du nord qui n’est pas résolue, la tenue des prochaines échéances électorales. Le Mali va mal, les Maliens aussi…», estime-t-il. Pour lui, cette rencontre permettra d’impulser un nouveau dynamisme au Pdes et, partant, d’agir dans le sens de la pérennisation des idéaux du président Amadou Toumani Touré.
«Depuis le coup d’Etat de mars 2012, et le vent de destruction qui s’est emparé du pays, notre parti, le Pdes s’attèle à la consolidation de la démocratie», a déclaré le président par intérim du parti, Djibril Tall. Il a salué « le courage et la constance de l’engagement politique de certains membres du comité directeur national qui ont accepté d’aller dans l’opposition et qui ont œuvré sans relâche pour que le parti vive ». Pour Djibril Tall, le message, lors de ces assises, est un message de vérité, mais aussi d’espoir d’un parti uni et qui tient à prendre sa place au service exclusif du peuple malien.
L’opposition monte au créneau
Les présidents des partis invités sont intervenus. Premier à prendre la parole, le président du Parena, Tiébilé Dramé, a fustigé la gestion du régime en place. Selon le leader du Parena, cette rencontre du Pdes se déroule à un moment où le Mali fait l’objet d’une gestion calamiteuse, cinq ans après les élections de 2013 qui ont porté IBK à la tête du pays. Pour Tiébilé Dramé, au lieu du redressement promis, le pouvoir IBK a excellé dans l’amateurisme et l’irresponsabilité dans la gestion des affaires de l’Etat. «Jamais autant de scandales n’ont éclaté au cours d’un mandat dans ce pays. Au Mali, jamais un président n’a autant installé sa famille au cœur de l’Etat», a dénoncé Tiébilé Dramé. Qui constate tout simplement que l’élection d’IBK oblige à faire un constat : Il y a eu erreur… sur la personne. Une erreur qui pourrait être corrigé lors des prochaines échéances électorales. Pour cela, le Pdes a un rôle crucial à jouer selon Dramé. « L’heure n’est plus aux tergiversations, ni aux faux semblants, mais à un choix clair et net », assène le président du Parena. Avant de se montrer plus incisif : « Il y a deux camps qui s’affrontent. Ceux qui ont pillé le pays, fricoté avec la junte de Kati et ceux qui ont résisté au coup d’Etat le plus débile du monde, défendu la constitution, dénoncer l’incurie de ce régime », affirme Dramé.
Pour le chef de fil de l’opposition, Soumaïla Cissé, le long chemin que Pdes et l’URD ont passé ensemble, a contribué à instaurer entre les deux formations des relations particulières faites de confiance et de respect mutuel. «Quand il s’est agi de défendre notre constitution, nos institutions et nos acquis démocratiques, nous étions côte à côte », a déclaré Soumaïla Cissé. Avant de rappeler les moments sombres du coup d’Etat du 22 mars et de rendre hommage à toutes les femmes et hommes qui, dans les rangs du FDR, ont mené une lutte héroïque pour exiger le respect de la constitution malienne et le rétablissement de l’ordre. Soumaïla Cissé a également demandé au Pdes de s’interroger sur ses alliances futures. « Vous qui vous réclamez de l’héritage de ATT. Posez-vous un certain nombre de questions. Dans ce Pays, on est jugé par ses actes, ses paroles. Qui a dit que le Président ATT a trahi le Pays ? Qui a voulu traduire le même ATT devant la haute cour de justice de la République ? Enfin qui a contraint ATT à l’exil pendant cinq ans ? ».
Le président de l’URD a insisté sur le fait que la conscience politique de notre peuple s’éveille avec vigueur, plus qu’une espérance, sa soif de justice, d’égalité et de progrès s’exprime de plus en plus massivement. Alors pour Soumaïla Cissé, ce n’est pas le moment de succomber à des chants de sirènes. Au contraire c’est le moment de rester soudé. « Ensemble nous avons mobilisé nos militants et tenu avec bonheur les manifestations unitaires de l’opposition. Restez des Hommes et Femmes de conviction, Hommes et Femmes de courage, ne transigez pas avec les valeurs d’intégrité et de respect de la parole donnée », a-t-il déclaré. Avant de poursuivre : « Ne faites pas honte à l’héritage de Amadou Toumani Touré », averti le chef de fil de l’opposition. « A la croisée des chemins Le Mali a besoin de l’engagement sans faille de tous ses enfants, chacun à sa place et dans son rôle. Vous du Pdes et NOUS de l’URD, nous serons assurément au rendez-vous du DEVOIR! », a conclu l’honorable Cissé.
Au moment où nous bouclions, les travaux de ces assises se poursuivaient… Nous y reviendrons.
Mémé Sanogo
Source: L’ Aube