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PAYSAGE POLITIQUE MALIEN : La recomposition

A l’approche des échéances électorales de 2018, les alliances, les fusions-absorptions et les recompositions se font sur l’échiquier politique. Recomposition ou décomposition ? Le citoyen, militant électeur perd son latin.

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Le marigot politique malien est difficile à lire, difficile. Aucune alliance, aucun compromis, aucun engagement n’est figé dans du marbre. Tous les jours que le bon Dieu crée, les alliances se font, les lignes bougent, les petits se font absorber, d’autres naissent.
La semaine qui vient de s’écouler a vu des changements majeurs sur l’échiquier politique, avec le CAP de Racine Thiam qui s’est fondu dans l’URD. Même si au RPM et affidés on a voulu minimiser l’évènement, le fait n’est pas mineur : Racine Thiam, malgré son faible poids relatif est un mouvement de jeunes, de jeunes qui ont fait leurs preuves et qui en veulent ! Le Cap rejoint l’URD, une grosse pointure, et à l’heure où le RPM a réussi à s’attirer toutes les frustrations, l’arrivée du CAP à l’URD, au-delà de l’aspect apport massif, est un coup médiatique indéniable et il est certain que dans les chaumières, des tisserands ont dû invoquer sur eux toutes les foudres du ciel.
A côté, à Mopti, une autre formation politique, Yelema, tenait son congrès. Son président, fort dans les effets d’annonce, avait réussi à capter l’attention des médias en annonçant son départ. Si finalement, comme on s’y attendait, cela n’a été qu’une baudruche, Yelama a réussi quand même à faire en sorte que toutes les attentions soient portées sur Mopti le temps de son congrès.
Le président du parti, Moussa Mara, ancien premier ministre et surtout démissionnaire de l’attelage majoritaire aura un grand rôle dans les élections à venir. On l’aime ou on l’aime pas, il est celui qui occupe le terrain en permanence, qui n’éprouve aucune difficulté à parler avec les différentes chapelles. Il est vrai que l’homme n’a pas de ligne et désarçonne tous ceux qui veulent le lire ou voir clair en lui. Partout et nulle part, Moussa Mara comptera et /ou fera mal. En tout état de cause, son départ de la majorité présidentielle est un coup dur qui ne semble pas bien compris du camp présidentiel.
La majorité ! Qu’est ce qui en reste d’ailleurs ? les régionales du 17 décembre qui n’ont pas encore été confirmés ont montré une grande dissension au sein des deux grandes formations qui la composent.
D’abord, nous avons vu que le RPM n’est pas un mouvement uni et homogène. Les frustrations longtemps contenus des « militants de premières heures et des moments difficiles » surgissent face aux militants de la 24è heure qui ne se gênent pas pour jouer des coudes et se faire de la place. Aujourd’hui, personne ne contrôle le RPM, y compris IBK. Il semble que 3 branches se distinguent clairement, plus ou moins. La branche majoritaire, contrôlée par Tereta, qui fait dans la dissidence silencieuse, attendant des jours meilleurs, la tendance Abdoulaye Idrissa Maiga, ayant les manettes et cherchant à se consolider, et la tendance Karim/IBK, plus dans l’idéologie et à la recherche d’un lustre à jamais perdu. Le drame est que ces trois « courants » ne se parlent pas, travaillent, au sein du parti les uns contre les autres, le tout au détriment du parti.
Les résultats, réels, des municipales ont été catastrophiques, et étaient l’occasion, soit de purger, soit de chercher une vraie conciliation avec Tereta, ce qui n’a pas été fait. Le RPM ne survivra pas aux élections à venir, quelque soient ces élections.

A la recherche du paradis perdu
Le second casse-tête chinois est le rapport Adéma RPM. Je t’aime, moi non plus ! Depuis la prise du pouvoir par le RPM, son compagnon, l’Adéma (qui n’est pas fiable, ayant été à tous les râteliers), n’est victime que de déconvenus. Tous ses cadres ont été relevés, son président, au sein de l’attelage gouvernemental, n’est pas mieux traité qu’un président d’un petit parti. Pire, le RPM devait soutenir l’Adéma pour la mairie de Bamako, comme gage de leur bonne foi et pour les contraindre logiquement à aller avec IBK pour la présidentielle de 2018. Mais, on a vu à la dernière minute le parti sortir un candidat. Même si celui-ci n’est pas crédible et qu’il traine le plus grand nombre de casseroles, il n’en demeure pas moins que le geste n’est pas anodin. Si l’abeille en fait une bonne lecture, elle verra au moins dans quel estime son « allié » le tient !
Il y a une vraie désaffection vis-à-vis du politique, une situation voulue et entretenue par les politiques. Du coup, surgissent des candidats du cru, avec lesquelles il faudra compter.
Il y a d’abord Igor. Il n’est pas un inconnu au Mali, ayant été dans des gouvernements, aussi bien avec IBK que sous ATT. D’un bagout indéniable, il a des gens qui travaillent pour lui etil peut compter à l’heure du décompte.
Dans ce lot, on peut également mette Hamadoun Touré, l’ancien secrétaire général de l’IUT. On se demande par quelle clairvoyance il a pu échapper à IBK qui devrait le mettre dans son escarcelle, mais, justement, des ténors de la majorité présidentielle sont des porteurs de sa candidature, ce qui n’est pas négligeable.
Enfin, parmi les candidats hors système, Modibo Koné. Très peu connu des Maliens, il y a peu, il est comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, bousculant tout sur son passage. Il a visiblement réussi un maillage qui peut compter. En tout état de cause, il est visiblement celui dont la candidature est prise au sérieux, si l’on en juge par le nombre d’articles dans la presse pour le vouer aux gémonies.
Les candidats « hors systèmes », les hommes neufs sont ceux qui feront la différence dans les élections à venir.
Alexis Kalambry

 

Source: lesechos

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