L’échiquier politique national connait un changement notable depuis quelques jours avec l’arrivée de Bakary Woyo Doumbia (Fare) à la Codem, propulsant ce parti à la quatrième place, et de Mahamadou Lamine Wagué (URD) au RPM.
Ces derniers jours, la configuration de l’Assemblée nationale a été beaucoup affectée par la transhumance politique. Notamment la ruée vers le RPM, le parti présidentiel, qui dispose désormais de 76 députés avec l’arrivée de Mahamadou Lamine Wagué, précédemment à l’URD. Ce parti ne compte plus que 16 députés, tout comme le Pasj. Derrière cette famille Adema, on retrouve le parti Convergence pour le développement du Mali (Codem) qui vient d’enregistrer l’adhésion de Bakary Woyo Doumbia, le seul député que le Fare comptait encore à l’hémicycle. Si le parti de Modibo Sidibé disparait totalement de l’Assemblée nationale, après avoir été quatrième force avec 7 députés, c’est désormais la Codem qui monte en puissance. Cette progression du parti de Housseiny Amion Guindo ne fait que confirmer les couleurs du paysage politique national. Il est dominé par le Rpm qui a connu une véritable ruée vers ses listes législatives après la victoire de son président à l’élection présidentielle. Il est suivi de l’Urd et du Pasj. C’est le candidat de l’Urd qui a joué et perdu la finale contre IBK.
Mais si l’Urd et le Pasj se maintiennent dans le peloton de tête, ils ont cependant perdu beaucoup de poids politique sur le plan national, et la dégringolade continuera lors des communales prévues en avril prochain, à l’issue desquelles ces deux partis enregistreront d’autres défections. Si des militants et cadres sont restés dans la Ruche, pour beaucoup, ce n’est pas par conviction morale ou politique mais tout simplement parce qu’ils ne savent pas où aller, le parti majoritaire ne voulant pas d’eux. Quant à l’Urd, des cadres et élus sont demeurés plus par attachement personnel au président du parti, Soumaïla Cissé, qu’ils comptent voir jouer le rôle de chef de file de l’opposition, un poste qui sera bientôt doté d’un statut officiel avec, espèrent-ils, des avantages et privilèges. Mais même s’il héritait de ce poste, il ne pourrait l’animer efficacement parce qu’il n’en a pas la carrure encore moins la culture, contrairement à Tiébilé Dramé, le président d’un Parena même faiblement représenté à l’hémicycle mais qui est seul à animer véritablement l’opposition. Contrairement à l’Urd et au Pasj, le « parti du bélier blanc » a des cadres et militants qui l’ont rejoint et l’animent par conviction. Tout comme d’autres formations comme le Miria ou la Cnas. La Codem aussi.
Miria, Cnas, Parena, Codem
Tout au long de la crise sécuritaire et politico-institutionnelle, la Codem avait adopté une position centriste, sans être tout à fait neutre, entre le FDR et la Copam. La crise passée, le parti de la quenouille a récupéré les partis unis pour la République (PUR) pour se lancer dans les joutes électorales et rallier le camp d’IBK avant le second tour de la présidentielle. Une décision unilatérale de son état-major qui a ensuite eu l’aval de sa base. Et c’est cela qui fait la force de ce parti, ses militants sont avec leurs dirigeants par conviction, presque par dévotion. Et la direction du parti ne se limite pas, comme dans d’autres partis y compris le RPM ou l’URD, à un seul homme mais à un tout, un collège représentatif de toutes les régions du Mali. Les observateurs de la scène politique nationale expliquent que cela crée des fidélités collectives envers des hommes qui incarnent des valeurs partagées, une conviction profonde d’œuvrer pour le bien collectif, un sentiment de faire de la politique autrement mais proprement.
Et si depuis sa création, la Codem n’a pas cessé de grimper la pente, montant en puissance, son ascension ne s’arrêtera sûrement pas là car quoi qu’il advienne, les militants seront toujours là.
Ce qui n’est pas le cas pour le tout puissant parti présidentiel. Aujourd’hui, si le RPM a 76 sièges à l’Assemblée c’est parce que par calcul, certains individus sont prompts à changer de volonté et de conviction comme la girouette au gré du vent. La victoire d’IBK à la présidentielle a attiré au RPM toutes les mouches qui ne veulent pas perdre une seule miette du gâteau. Ils émigreront ailleurs, dans un peu plus de quatre ans, quand IBK aura tiré sa révérence à la fin de son seul et unique mandat. Et le Rpm connaitra le même délitement que le Pasj connait aujourd’hui. Les partis des hommes intègres seront toujours là et continueront de monter en puissance.
Cheick Tandina