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Pays Dogon : Les communautés Peulh et Dogon se sentent abandonnées par l’Etat

Depuis des mois, la vie est très difficile au pays dogon. Il ne se passe pas de jours sans qu’il n’y ait des morts. Peulh, Dogon, toutes les deux ethnies sont victimes de ces conflits intercommunautaires. Le gouvernement est incapable de mettre fin au carnage. Quant au Président de la République, il se trouve dans un grand silence. En un mot, il se contente des propos évasifs comme à l’accoutumée sans action concrète.

Le Pays Dogon, cette zone de paix et de cohésion entre toutes les communautés qui y vivent, est devenu, depuis près d’un an, un charnier. Attaque sur attaque, chaque jour, on y enregistre des morts. Des attaques djihadistes, on se retrouve, malheureusement aux affrontements ethniques (conflits intercommunautaires). Les communautés qui vivent dans cette zone sont dans la terreur totale. Elles travaillent peu, dorment peu, et sont toujours en danger de mort. Les hostilités s’aggravent ; chaque jour, on enregistre des morts. Dogon et peulh, toutes les deux ethnies sont victimes de cette insécurité dont le Pays Dogon n’avait jamais connu.

Tous les djihadistes ne sont pas Peulh, et tous les chasseurs ne sont pas Dogon

Ce qui est grave dans ce conflit dit « Dogon-Peulh », c’est que l’amalgame domine toutes les deux communautés, chose qui pourrait être évitée si l’Etat avait joué son rôle. Toutes les attaques contre la communauté dogon sont attribuées aux Peulhs, et toutes les attaques contre la communauté peulh sont attribuées d’office aux chasseurs ‘’Dogon’’. C’est là où réside l’amalgame.

Ce qui est bon à savoir : tous les djihadistes ne sont pas Peulh et tous ceux qui parlent la langue peulh ne sont pas forcément de l’ethnie peulh. De même, tous ceux qui portent la tenue des chasseurs n’appartiennent pas forcément à cette confrérie, et tous les chasseurs ne sont pas Dogon. Les bandits armés peuvent utiliser la langue peulh pour enfoncer les populations dans la confusion, comme ils peuvent en faire avec la tenue des chasseurs traditionnels.

L’État a failli à sa mission de sécurisation des personnes et de leurs biens au Pays Dogon

La crise est à son apogée. La confiance entre Dogon et Peulh s’est effritée. L’ultime moment où l’autorité de l’Etat doit s’exercer dans toute sa plénitude, la triste réalité assombrit l’espoir par l’absence totale de l’armée malienne dans beaucoup de zones de cette partie du Mali. Les villages, hameaux …sont sécurisés par leurs habitants à la place de l’État. Les armes sont détenues n’importe comment et par n’importe qui.

Dans le cercle de Bankass où nous nous sommes rendus la semaine dernière, l’État est quasi inexistant. Dans les périphéries de la ville, c’est la terreur chez les populations. Ce sont elles qui veillent sur leur propre sécurité et leurs biens. Les entrées des villages sont fermées déjà à 19 heures et les jeunes prennent gardent jusqu’au lendemain, alors que l’armée se trouve dans la ville de Bankass.

Pis, beaucoup d’habitants reprochent à nos Famas de ne pas intervenir vite dans les attaques même s’ils sont alertés à temps. Est-ce vrai ? On ne peut le confirmer. C’est en tout cas ce que bon nombre de citoyens leur reprochent.

Il est plus que clair que la détérioration du climat, la multiplication des attaques et les différents carnages… pouvaient être évités si l’État était présent dans cette zone comme il le faut.

Le Premier ministre parle trop, mais ne pose aucun acte de sortie de crise du centre

On ne peut pas mettre fin à une telle crise par le bluff. Depuis le début de cette crise, on entend que des promesses creuses de la part du Premier ministre, Soumeylou Boubeye Maiga. Aucun acte concret du gouvernement n’est perceptible pour y mettre fin. Qu’est-ce que les nombreuses visites du Premier ministre, de certains autres membres de son gouvernement ont apporté de potable ? Malheureusement rien. Les tueries continuent, et cela des deux côtés, Dogon et Peulh. À quoi a servi l’accord de cessez-le-feu signé à Mopti en septembre dernier ? Rien, car de sa signature à aujourd’hui, ‘’plus de 180 Dogon sont tués, des greniers et villages incendiés ; des centaines de têtes de bétails volés’’, nous confia un proche de Dan Na Ambassagou. En ce qui concerne le côté des Peuls, les faits sont graves au regard du tableau chargé par le nombre de morts. Pour preuve,la dernière attaque date du 1er janvier 2019 à Koulogo où 37 personnes ont été tuées par des hommes armés ; des bétails disparus…

Donc, il est temps que celui que beaucoup appellent « Tigre » prouve sa tigritude tout en prenant des décisions pouvant aboutir à la paix et à la cohésion sociale entre les Dogons et les Peulhs qui ont su vivre des siècles dans une grande entente.

IBK doit sortir de son silence !

Malgré le degré inqualifiable de la crise, le président IBK semble être insensible. On l’entend rarement se prononcer sur la question alors que le chef de son gouvernement a complètement échoué. Il n’a plus de solution à cette crise du centre. Beaucoup se posent la question sur les raisons du silence du 1er magistrat sur une question aussi urgente que la situation sécuritaire au centre du Mali, notamment le conflit intercommunautaire au Pays Dogon. Il est, aujourd’hui, plus que nécessaire que le président IBK sorte de son silence et propose sa stratégie pour mettre fin à ces massacres des populations au centre du pays. Monsieur le président, le sang des Maliens a trop coulé dans cette zone. Sortez de votre silence et garantissez la paix des personnes et de leurs biens comme vous l’avez promis pendant la campagne présidentielle passée.

Votre acte du vendredi dernier en vous rendant dans le village victime de massacre vers Bankass, est un pas mais pas un grand pas. Il faut des actions concrètes sinon vos sons de cloches à répétition ne rassurent plus.

Boureima Guindo

Source: Le Pays

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