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Patrimoine culturel immatériel : QUI SONT LES TRESORS HUMAINS VIVANTS ?

Leur sélection se fait sur la base de la valeur des traditions et des expressions concernées en tant que témoignage du génie créateur humain, et l’enracinement dans les traditions culturelles et sociales

Mariam Bagayogo artiste balafoniste danseuse traditionnelle

La disparition d’un sage africain est une perte pour l’humanité, car ses connaissances ne sont pas conservées dans un livre. Le grand homme de culture malien Amadou Hampaté Bâ a illustré ce sinistre culturel en ces termes : « en Afrique un vieillard qui meurt est une bibliothèque brûle » Le moyen efficace pour l’UNESCO d’assurer la sauvegarde durable du PCI est d’encourager les détenteurs de ce patrimoine à continuer de transmettre leurs connaissances et leur savoir-faire aux générations qui les suivent. Ainsi la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO de 2003 place la transmission parmi les mesures de sauvegarde visant à assurer la viabilité de ce patrimoine. L’UNESCO encourage également les États à créer des systèmes nationaux de “Trésors humains vivants”. Dans cette perspective, il convient d’identifier des praticiens expérimentés dont certains seront récompensés par une distinction officielle et incités à poursuivre le développement et la transmission de leurs connaissances et leur savoir-faire. Les mesures de sauvegarde visent à assurer la viabilité de ce patrimoine. L’UNESCO encourage les États à créer des systèmes nationaux de « Trésors humains vivants ». Dans cette perspective, il convient d’identifier des praticiens expérimentés dont certains seront reconnus par une distinction officielle et incités à poursuivre le développement et la transmission de leurs connaissances et leur savoir-faire. Les Trésors humains vivants sont des personnes qui possèdent un haut niveau de connaissance et le savoir-faire nécessaire pour interpréter ou recréer des éléments spécifiques du patrimoine culturel immatériel. Le programme des Trésors humains vivants encourage les États membres à accorder une reconnaissance officielle à des détenteurs de la tradition et des praticiens talentueux, ainsi qu’à assurer la transmission de leurs connaissances et leur savoir-faire aux jeunes générations. Les États sélectionnent de telles personnes sur la base de leurs réalisations et de leur volonté à transmettre leurs connaissances et leur savoir-faire aux autres. La sélection se fonde également sur la valeur des traditions et expressions concernées en tant que témoignage du génie créateur humain, et sur leur enracinement dans les traditions culturelles et sociales, leur caractère représentatif pour une communauté donnée et le risque de les voir disparaître. Au Mali, un premier travail d’inventaire a concerné toutes les régions du Mali lors de l’élaboration de la Carte cultuelle du pays entre 2001 et 2004. Ce travail a abouti à l’établissement d’un inventaire des Trésors Humains Vivants dans le District de Bamako et dans certaines régions du Mali. Une seconde étape des mesures d’identification et de protection des compétences, en vue d’actualiser l’inventaire, ensuite, de sélectionner, reconnaître et encourager en les proclamant Trésors Humains Vivants du Mali pour leurs connaissances et savoir-faire. Ce nouveau travail a donc pour objectif de mettre en place un Système de Trésors Humains Vivants au Mali et de permettre la préservation et la promotion de la valeur scientifique des personnes choisies, tout en les amenant à assumer leurs responsabilités quant à la pérennisation de leurs savoirs par la transmission aux générations. Depuis, notre pays a proclamé les sept (07) Trésors humains vivants ou THV par le ministère en charge de la Culture à travers la Direction nationale du patrimoine culturel (DNPC). Ils ont bénéficié d’une attestation de reconnaissance du département. Il s’agit de la grande cantatrice du Bélédougou (Kolokani) Mariam Bagayoko, Mohamed Sory Bamba (le précurseur du n’ko), Kondji Konaté, Békaye Niaré, l’association «  les Barey Ton », spécialisée dans la construction des maisons en terre à Djenné ; le « Yerkoy Hou Tchen Koy Yo » de Tombouctou, Diango dite Oumou Koné. Bekaye Niaré et Kondji Konaté sont décédés depuis quelques années. L’objectif de la classification des trésors humains vivants du Mali est la sauvegarde du patrimoine immatériel de notre société qui constitue une immense richesse culturelle. Un mécanisme a été mis en place pour le transfert des savoirs ancestraux. Le système a vocation de vulgariser et mettre le savoir local à la disposition du plus grand nombre de jeunes maliens afin de conserver le savoir local. Le but principal de cette action du patrimoine est d’éviter que les détenteurs des savoirs immatériels meurent sans passer le témoin de leurs connaissances à la nouvelle génération. La DNPC et l’UNESCO ont vite compris que le savoir local est menacé. N’étant pas écrit, il reste très fragile car il est dans l’esprit et la conscience du soudanais devenus malien . Le choix des THV s’effectue sur la base de critères bien définis selon Moussa Moriba Diakité, chef de Division patrimoine ethnographique, de la Direction nationale du patrimoine culturel. Ils bénéficient de la reconnaissance nationale pour services rendus pour la valorisation du patrimoine. Les critères de sélection sont définis par le ministère de la Culture. Mais toutes les personnes désignées doivent être vivantes. Ainsi ces personnes élues auront le temps de transmettre leur savoir, avant de mourir. Cependant, le département en charge de la culture, de l’artisanat et du tourisme a lancé une nouvelle perspective pour proclamer les nouveaux trésors humains vivants en remplacement des deux défunts. Cette proclamation aura lieu dès que le budget sera alloué pour remplacer les deux THV décidés. Selon Diakité de la DNPC, chargé du dossier  » nous avons déjà identifié les nouveaux THV, mais nous sommes confrontés à un problème de budget. Il est également demandé aux différents THV de proposer des projets de formations. Mais pour le moment nous attendons de pouvoir formaliser les propositions que les uns et les autres vont nous faire. Les THV restent mal connus de nos compatriotes, car la mobilisation sociale reste faible. Pour notre interlocuteur, il est impérieux de travailler avec le milieu scolaire pour mieux faire connaître montrer leurs portraits et leurs activités aux enfants.

A. SOW

PRESENTATION DE TROIS THV

La plus jeune des THV de notre pays s’appelle Oumou Koné, elle a 43 ans. Elle a été très vite initiéé à la traumatologie traditionnelle par ses parents qui détenaient cette « science ». Elle réside à Sabalibougou en Commune V du District de Bamako. Elle entretien cet un héritage à travers les nombreux soin qu’elle prodigue en longueur de journée et parfois même de nuit. Elle s’efforce également de transmettre ce savoir à ses progénitures. Elle n’est pas la seule femme sur cette liste fermée des Trésors Humains Vivants du Mali. Il y aussi Mariam Bagayogo, la reine du balafon. Née vers 1936 à Kolokani, d’un père chantre religieux, joueur de bofile (flûte en bambou) et d’une mère panégyriste, Mariam réside dans sa localité natale jusqu’en 1987, année à la quelle elle s’établit à Bamako (Kalaban – Coura) pour raison de famille. Bercée dès son enfance par son instrument, Mariam s’impose comme virtuose dans sa localité avant de prendre d’assaut la scène nationale dans les années 70 du XXe siècle. Depuis ces années, elle parcourt le monde pour représenter le Mali à des rencontres artistiques et culturelles avec de plus en plus de verve et de notoriété. Âgée aujourd’hui de 80 ans, Mariam ne voudrait pas se retirer de la scène sans assurer la relève. «Tous mes enfants jouent et chantent» dit-elle tout haut, fière de constater cette volonté chez ses héritières de poursuivre son œuvre. L’artiste voudrait volontiers passer son savoir à toute personne désireuse d’apprendre à jouer du Nkusunbala ou à chanter louanges et éloges pour le travail bien fait et le comportement moral idéal dans la société. Le sage de Badalabougou, Karamoko
Mahamoud Bamba, est chercheur, historien, traditionnaliste, linguiste et sociologue. Karamoko Bamba, comme l’appellent ses intimes, est l’un des principaux animateurs du mouvement N’ko, une écriture africaine inventée en 1949 qui permet de transcrire toutes les langues. Sans se tromper, on peut dire que Karamoko Bamba est un sage de notre époque, doté d’un savoir et d’un savoir-faire. «L’alphabet N’go n’est ni arabe, ni occidental, c’est une écriture purement africaine. Apprendre le N’ko pendant un an, c’est comme apprendre une langue étrangère pendant 12 ans. Le N’ko est enseigné presque partout en Afrique de l’Ouest», nous confie-t-il. Hanane Wou de Sankoré et Cobawou de

Djigarey Ber, un groupe de maçons de Tombouctou, et Barey Toun de Djenné, sont aussi sur la liste des trésors humains vivants du Mali. Ils ont été choisis pour leur savoir-faire dans l’architecture traditionnelle. Ce sont des gens qui ont pris soin de leur métier, parce qu’ils travaillent uniquement avec un seul matériau, le banco. Des trésors humains ont été identifiés pour remplacer ceux qui sont décédés. Mieux, il faut noter qu’il y’a un statut et un règlement qui peuvent faire perdre un THV en cas de faute grave vis à vis de ces codes de bonne conduite pour les trésors humains vivants. Celui qui sort de ces bonnes conduites, n’est plus trésor humain vivant. Il existe plusieurs trésors humains vivants du Mali qui ne figurent pas sur cette liste. Ceux qui y figurent, ont bien besoin du soutien des uns et des autres, comme disent les textes en la matière. Ils ont aussi besoin de promotion, car ils jouent un rôle capital dans la société malienne. Les THV ne peuvent-ils être l’objet d’un programme d’enseignement au niveau de l’école fondamentale pour permettre aux enfants de connaitre ces Hommes et leurs vies? A. S.

Source : Essr

 

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