Le patriarcat est un système social, politique et économique qui accorde traditionnellement un pouvoir et un privilège disproportionnés aux hommes par rapport aux femmes. Ce système est enraciné dans nos cultures et sociétés. La perception a-t-elle évolué ?
Le droit de vote, à la propriété, les droits reproductifs, la violence domestique, la discrimination au travail, le droit à l’éducation, le mariage précoce et forcé… les domaines sont autant de pans à conquérir pour sortir du patriarcat.
Les normes culturelles et les systèmes patriarcaux peuvent favoriser le silence des femmes et décourager leur prise de parole. Les femmes peuvent craindre des sanctions sociales ou professionnelles si elles remettent les normes établies. La transition a mis en valeur les légitimités traditionnelles.
Atouts ou menaces pour les femmes et les filles ?
“Les droits des femmes et des filles ont évolué au fil du temps. Les mouvements féministes et les efforts de défense des droits des femmes ont joué un rôle majeur dans la lutte contre les inégalités de genre et dans la promotion de l’égalité des sexes. Dans de nombreuses sociétés patriarcales, les femmes ont été privées du droit de vote pendant de nombreuses années. Le mouvement pour le droit de vote des femmes (suffragettes) a été un moment clé dans l’histoire de l’égalité des sexes. Au fil du temps, de nombreuses sociétés ont accordé aux femmes le droit de voter”, explique Aboubacar Konaté, doctorant en droit.
“Les lois anti-discrimination et les mouvements pour l’égalité des sexes ont contribué à améliorer la situation, mais, bien que des disparités subsistent encore”, poursuit-il.
Selon Oumar Korkoss du bureau des jeunes du Réseau des communicateurs traditionnels du Mali (Recotrade), “cette société patriarcale doit continuer car rien n’est 100 % bon ou mauvais, en plus c’est une réalité qui a perduré des siècles. Nous devons essayer de voir ensemble les imperfections afin de les corriger”.
De son côté, Aly Diabaté estime que “ça doit évoluer parce que qui dit société, dit femmes, hommes et enfants. C’est cet ensemble qui constitue une société sinon elle perdra sa valeur et deviendra un phénomène de monopolisation. Donc, il est plus souhaitable et préférable une société où tous prennent une part non prédéfinie”.
Ousmane Ambana, écrivain, pense que “dans certaines sociétés, le pouvoir est donné aux hommes. Cela relève de l’organisation interne de ces sociétés. Seulement, au lieu de prôner la complémentarité entre les hommes et les femmes, une autre politique plus dominatrice masculine prend le dessus”.
Pour Hadiaratou Togo, “le patriarcat n’est pas mal en soi mais avec la mondialisation il y a des idées préconçues qui font que les hommes pensent que le monde leur appartient et le pire est que c’est la société qui a fait les choses ainsi ; c’est ce qui fait les hommes ont l’égo surdimensionné. Certes, nous ne sommes pas pareils, mais nous sommes complémentaires, donc ce n’est pas nécessaire de donner plus de poids à la société patriarcale qui du reste doit changer”.
“La société patriarcale est un frein pour nous les femmes. On ne peut même pas s’exprimer parce que nous sommes inférieures aux hommes. Cela doit évoluer. Il est préférable de nous donner un peu de considération pour qu’on laisse nos emprunts à l’instar des hommes”, ajoute pour sa part Mariam Kéita.
“Les femmes ont toujours eu la parole en plus on peut dire que les hommes sont juste leurs porte-paroles mais la démocratie a marché sur leur esprit raison pour laquelle elles se battent pour une place qu’elles ont. La plupart des décisions prises par les hommes viennent d’elles d’où l’expression la nuit porte conseil”, tempère, Moctar Traoré, chef de quartier de Kalabancoura.
Aminata Agaly Yattara
Ce reportage est publié avec le soutien de Journalistes pour les droits humains (JDH) et NED
Mali Tribune