(Reuters) – Les ministres français des Armées et des Affaires étrangères ont déclaré vendredi à leurs homologues russes que le déploiement de combattants de la société privée Wagner au Sahel serait “inacceptable” pour la France, qui se veut ferme dans la défense de ses intérêts dans la région et dans ses efforts de lutte contre les mouvements islamistes armés.
Florence Parly et Jean-Yves Le Drian se sont entretenus à Paris avec Sergueï Choïgou et Sergueï Lavrov alors que les sujets de tensions se multiplient entre les pays occidentaux et la Russie.
La France est particulièrement préoccupée par l’hypothèse d’un recours du Mali aux combattants de la société russe Wagner, une organisation officiellement privée avec laquelle le Kremlin dément tout lien.
“Les ministres français ont exprimé le caractère inacceptable que revêtirait le déploiement de mercenaires de Wagner dans la bande sahélo-saharienne. Ils ont réitéré leurs messages de fermeté quant aux risques de déstabilisation régionale et d’atteinte aux intérêts de la France et de ses partenaires engagés dans la lutte contre le terrorisme au Sahel”, est-il écrit dans un communiqué conjoint de leurs ministères.
Le président français Emmanuel Macron a annoncé le 10 juin dernier une “transformation profonde” de la présence militaire française au Mali, avec l’objectif de maintenir à terme entre 2.500 et 3.000 hommes au Sahel, sur les 5.100 mobilisés aujourd’hui dans le cadre de l’opération Barkhane.
Les relations entre Paris et Bamako n’ont cessé dès lors de se dégrader, la France accusant la junte malienne de “s’essuyer les pieds sur le sang des soldats français”, le Mali dénonçant “un abandon en plein vol”.
Le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a été reçu jeudi à Moscou par Sergueï Lavrov. A cette occasion, il a déclaré que Bamako pourrait demander l’aide de la Russie pour assurer sa sécurité, tout en indiquant qu’aucun contrat n’avait été signé à ce jour avec une société militaire privée russe.
Sergueï Lavrov a pour sa part déclaré qu’il appartenait aux seules autorités de Bamako de décider de leur stratégie dans la lutte contre les groupes djihadistes au Sahel.
La junte au pouvoir au Mali s’est engagée à rendre le pouvoir aux civils à l’horizon de février 2022, avec l’organisation d’élections législatives et présidentielle.
Florence Parly et Jean-Yves Le Drian ont souligné vendredi auprès de leurs homologues russes “leur vigilance sur le respect du calendrier de la transition par les autorités maliennes”.
Emmanuel Macron a pour sa part reçu vendredi à l’Elysée le président du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré, le président du conseil militaire de transition tchadien, Mahamat Idriss Deby, et le président nigérien Mohamed Bazoum, pour évoquer la lutte contre les groupes djihadistes dans la bande sahélo-saharienne.
Ils ont notamment “évoqué les activités opérationnelles à venir de la force conjointe du G5 Sahel”, selon un communiqué de l’Elysée. (Reportage John Irish, version française Jean-Stéphane Brosse, Sophie Louet et Bertrand Boucey)