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A Paris, le nouveau centre pour migrants déjà saturé

La structure ouverte en novembre pour accueillir à titre provisoire des migrants est totalement surchargée, explique Emmaüs, gestionnaire du site, qui interpelle le gouvernement dans une lettre. La faute à un manque de places dans les centres proposant un hébergement à plus long terme.

femme sdf sans abri migrant clandestin paris

Emmaüs sort de sa réserve. Dans une lettre datée de mercredi, l’association interpelle les ministres de l’Intérieur et du Logement sur l’état du centre pour migrants de La Chapelle, dans le nord de Paris, dont Emmaüs est gestionnaire. «Le fonctionnement actuel deviendra, si la situation n’est pas débloquée, rapidement intenable», estime le président, Paul Duprez. Emmaüs reproche à l’Etat de ne plus assurer son rôle.

Ouvert en novembre par la mairie de Paris dans le XVIIIarrondissement, ce lieu d’environ 400 places prévoit un accueil «inconditionnel» pour cinq à dix jours. Le but étant d’étudier les situations administratives de chacun et d’orienter vers une structure adaptée. Pour assurer la «fluidité» de ce dispositif, l’Etat s’est engagé à proposer des solutions d’hébergement à la sortie. C’est là que le dispositif est grippé. Depuis plusieurs semaines, le nombre de places proposé n’est plus suffisant. Avec des conséquences directes : devant le centre, beaucoup de migrants dorment dehors en attendant mieux.

La convention passée entre la ville de Paris et l’Etat prévoit qu’il revient à ce dernier de proposer «une offre d’orientation dans un centre d’accueil adapté». En novembre, lors de l’inauguration du centre, Emmanuelle Cosse, la ministre du Logement, se voulait rassurante : les places en CAO (centres d’accueil d’orientation – pour tous, relevant ou non de la demande d’asile) et Cada (centres d’accueil pour demandeurs d’asile) n’étaient pas saturées. Depuis le 10 novembre, plus de 4 000 migrants ont été hébergés dans le centre, dont près de 3 000 orientés dans des structures spécialisées (CAO ou CHU migrants en Ile-de-France). La situation semble désormais beaucoup plus compliquée.

«Nous avons dû, dès la semaine dernière, déplorer une baisse particulièrement inquiétante du nombre d’orientations vers des places d’aval, ce qui provoque un enchaînement de dysfonctionnements : augmentation de la durée du séjour, allongement de la file extérieure d’attente, actes de violence devant le site», déplore le président d’Emmaüs. Début février, une évacuation a dû être organisée devant le centre pour éviter la formation d’un nouveau campement de rue : 143 personnes avaient été prises en charge à ce moment, selon la mairie de Paris.

Emmaüs pointe également la situation particulière des migrants «dublinés», ceux soumis à la procédure européenne dite de «Dublin» : leur demande d’asile dépend du pays dans lequel ils ont laissé pour la première fois leurs empreintes. «Les personnes relevant de ce statut représentent actuellement 90% des hommes hébergés», indique Paul Duprez. Pour faciliter la dernière évacuation de Calais à la fin du mois d’octobre, le gouvernement s’était engagé à suspendre cette procédure et à leur assurer un accueil en CAO et CHU. Un tel engagement n’a pas été pris concernant les migrants hébergés dans le centre de La Chapelle, s’exposant de fait à des mesures coercitives à la sortie (assignation à résidence, placement en rétention ou expulsion). «L’essentiel des questions que l’on traite dans ce centre portent sur Dublin, confirme Pascal Brice, le directeur général de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra). En ce moment, un nombre important de migrants sont placés sous cette procédure par les préfectures.» Ces migrants ont généralement laissé des empreintes ou ont entamé des procédures en Italie, en Hongrie, en Bulgarie, en Allemagne ou encore en Norvège.

La mairie de Paris, Anne Hidalgo, s’était déjà alarmée de la situation dans un courrier daté du 16 février. Elle anticipait les difficultés : «Les perspectives pour les prochains jours laissent à penser que le décalage entre le nombre de demandes et le nombre de solutions offertes sera rapidement insoutenable. Et ce, alors même que l’agence Frontex vient d’annoncer que le nombre d’arrivées en Europe se maintiendra à un niveau élevé dans les prochains mois.»

Contacté, le ministère du Logement, en charge des CAO, n’a pas répondu à nos sollicitations. La préfecture d’Ile-de-France, en charge des CHU, assure, elle, que la situation s’est améliorée ces derniers jours : «250 places ont été proposées par semaine en moyenne au mois de février.» Mais selon nos informations, seulement 182 places d’hébergement au long cours ont été proposées depuis une semaine. Loin des pics à 380 places par semaine.

Ismaël Halissat

Source: liberation

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