Lisez l’interview !
Quelle est votre impression après le changement intervenu au Mali ?
Adama Dramé : Un grand soulagement ! Nous avons été soulagés ! Nous avions suivi les évènements pas à pas ! Ce sont, eux-mêmes, qui le disaient : « Que Dieu œuvre au triomphe de la vérité. » C’est fait aujourd’hui. Dieu n’a jamais œuvré à la manifestation du mensonge. Ils n’avaient plus affaire aux Maliens, mais à Dieu qu’ils ont défié… On n’a jamais vu ça dans le monde entier après Idi Amine Dada et Mobutu…
A quoi les Maliens peuvent-ils désormais s’attendre maintenant ?
Comme le disait si bien l’ancien président américain, Barack Obama : « l’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts mais d’institutions fortes ». Le Mali aussi. Il faut, pour ce faire, avoir des textes règlementaires propres et bien appliqués. Cela évitera les contestations post-électorales et les conflits y inhérents. C’est à ce prix qu’on aura des institutions fortes. Et celui qui sera élu à la suite des élections organisées par ces institutions, aura toute la légitimité pour diriger le pays.
Peut-on faire confiance à ces militaires pour créer les conditions nécessaires à cet effet ?
Personnellement, je leur fais confiance. D’abord parce que nul après IBK ne pourra faire la même chose… Par ailleurs, je suis en contact avec eux (les membres de la junte, Ndlr ) … Je leur ai donné des conseils.
Il vous est demandé à tous de revenir au bercail. Mamadou Hawa Gassamba a d’ores et déjà préparé les billets pour le retour Qu’en dites-vous ?
Nous voulons bien retourner, mais pas avant que les personnes impliquées dans notre départ soit mises hors d’état de nuire. Je ne suis pas seul. J’ai en effet reçu le message m’invitant au retour et je me prépare par conséquent.
Mais c’est à cause de l’affaire Birama et de la menace de mort y afférente que je me suis exilé. Les choses ont désormais changé. Nous envisageons, Papa Mambi et moi, revenir. Je suis en effet, constamment en contact avec « l’Epervier du Mandé » ici à Paris !
Il était impératif pour nous de partir au pays… Et le sais-tu ? Ils ont fait disparaître le dossier Birama Touré. Heureusement que j’ai pu mettre la main dessus avant de quitter le Mali. Cela a été fait après le départ du juge d’instruction Diarra qui a eu le courage de convoquer Karim Kéita. Un ministre a été en effet nommé pour régler définitivement trois affaires : celui de l’avion présidentiel, des équipements et fournitures militaires (affaire KAGNASSY), le dossier des ex-putschistes (Amadou Haya Sanogo et autres) parce que ceux-ci en savent trop sur eux et enfin, celle Birama Touré.
Il s’agissait pour eux de classer ce dernier dossier. Et dans une certaine mesure cela n’était pas possible, d’y extraire Karim Keïta et condamner les lampistes. Ils avaient en effet entamé leur sale besogne. Des magistrats ont même rencontré un de nos témoins de cette affaire en vue d’acheter son silence… Nous avons des témoignages précis contre eux.
Leur truc était de taxer tout opposant ou journaliste respectueux de sa déontologie et de la vérité, d’apatride.
Et pensez-vous que l’affaire Soumaïla Cissé connaîtra une issue heureuse avec la junte ?
J’ai en effet bon espoir ! Ce sont eux qui ont fait enlever Soumaïla Cissé et l’ont remis aux Jihadistes… D’ores et déjà, selon certains, le prisonnier est arrivé à faire parvenir une lettre à sa famille à travers le CICR. (La remise de lettre à la famille Cissé a eu lieu le lendemain Ndlr) Il dit être sain et sauf mais craint pour sa vie car sa santé qui se détériore.
Vous souvenez-vous qu’avant cette lettre, IBK a été le seul à dire qu’il était en vie et qu’il connaissait parfaitement ses ravisseurs ? Ce n’est tout simplement pas le mode opératoire des jihadistes.
Et que savez-vous par rapport aux dossiers que vous aviez évoqués, l’achat de l’avion présidentiel ?
Je l’ai dit en son temps. L’appareil en question a été acquis à 7 milliards F CFA et facturé à 21 milliards.
Le marché de Kagnassy est de l’ordre de 98 milliards. Ils l’ont poussé à 125 milliards F CFA pour mieux se lécher les babines.
Et qu’en est-il de l’image du Mali en France ?
L’image du Mali est sérieusement écorchée en Europe. Et l’on espère que les choses changeront à partir de cet instant. Et comme le dit si bien l’Imam Dicko, nous ne sommes pas un peuple soumis
Et pour conclure ?
Nous restons sereins et droits dans nos bottes comme nous l’avions été au temps d’Alpha Oumar Konaré, d’ATT et d’IBK lui-même. Nous n’hésiterons nullement à publier tout ce que la junte fera de bien ou de mal.
Traduits et transcris par Batomah Sissoko
Source : le sphinx