Depuis des années, l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) n’a eu de cesse d’exiger la baisse du prix des produis de grande consommation dont la viande. Parmi les points de revendication de son dernier préavis de grève, figure la cherté de la vie. Ce, en dépit des efforts consentis par le gouvernement et ses partenaires pour l’amélioration des conditions de vie des populations.
Ainsi, en mars 2019, le ministre en charge du Commerce devait prendre des mesures pour baisser les prix de certains produits de première nécessité, notamment le riz et la viande, au plus tard fin mars 2019, conformément à l’accord du 29 janvier conclu avec l’UNTM et aux engagements du gouvernement. Pour constater la réalité et l’effectivité de cet engagement, notre équipe de reportage a fait le tour de certains marchés.
Au Marché du Dibida, le kilo de la viande avec os est toujours à 2 200 Fcfa tandis que celui sans os est à 2 700 Fcfa et le filet varie entre 3 250 et 3 500 Fcfa. Les bouchers du marché de Djicoroni Para affichent les mêmes prix.
Le président du comité syndical des grossistes du Marché du Dibida, Amadou Molobali Fomba, explique que cette flambée est due au fait que les syndicats égorgent eux-mêmes les vaches et viennent ensuite vendre la viande aux autres bouchers. « Nous cédons la viande en gros ici à 2000 Fcfa. Ce qui fait que les bouchers sont obligés de vendre à 2200 Fcfa, juste pour avoir un peu de bénéfice », a-t-il justifié.
En effet, la subvention du gouvernement n’a pas été effective dans tout le pays tel que c’est le cas du Marché Dibida, d’après notre interlocuteur. « Notre association n’a pas voulu de cette baisse de prix puisque cela ne nous arrange point, à cause de la cherté de l’animal », dit Amadou Molobali Fomba. Ce dernier a aussi pointé du doigt la libéralisation des prix comme étant la cause du désordre qui règne dans la commercialisation du prix de la viande. Toute chose qui fait que les bouchers ne vendent pas tous aux mêmes prix. « Certains vendent le kilo de viande avec os en dessous de 2200 Fcfa », souligne-t-il.
Koniba Coulibaly, boucher installé au bord de la voie bitumée, affirme qu’il vend au même prix que nos précédents interlocuteurs. Selon lui, le prix de la viande varie selon les années. « Entre 2016-2017, le kilo de viande était à 2000 Fcfa. Le cas de cette année est différent à cause de la cherté de l’animal », justifie notre interlocuteur qui ajoute que le gouvernement ne s’est pas entendu avec les bouchers au sujet de la subvention, puisque le prix élevé de l’animal ne permet pas de baisser les prix de la viande.
Mme Soumano Nathalie Goita, une ménagère, indique le niveau actuel des prix de la viande l’empêche d’acheter les autres condiments comme elle veut. « Il y a des plats que j’aimerais préparer mais le prix élevé de la viande ne me permet pas de préparer la quantité que je veux », a-t-elle argumenté.
Une autre interlocutrice affirme qu’elle est mariée dans une grande famille et que l’argent qu’on lui donne pour faire ses courses ne lui permet pas d’acheter une certaine quantité de viande. « Je prépare ma sauce dans une marmite de 10 kilo et j’achète au minimum 1 kilo de viande alors qu’on ne me donne que 5000 Fcfa pour préparer ». Et d’ajouter que tous les condiments sont chers. Raison pour laquelle, elle proteste contre cette cherté qui l’expose à beaucoup de problèmes dans sa vie conjugale.
Contrairement à notre précédente interlocutrice, Mme Diarra Aminata Touré ne se plaint pas trop parce qu’elle vit seule avec son mari. « Je n’achète que 300 Fcfa de viande pour ma sauce. Et, à vrai dire, je ne sens même pas la hausse du prix », confie-t-elle. Mais, elle s’empresse de lancer néanmoins un cri de cœur au gouvernement afin qu’il réduise les peines des autres femmes confrontées à la hausse du coût du panier de la ménagère.
SSD/MD
(AMAP)