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Panama Papers : plusieurs pays, dont le Panama, ouvrent des enquêtes

Alors que Vladimir Poutine apparaît comme la “cible” de l’enquête, Moscou vise les États-Unis, les accusant d’être à l’origine de ces révélations.

Panama Papers

Dans l’oeil du cyclone depuis dimanche, le Panama réagit. La justice panaméenne va en effet ouvrir une enquête. “Les faits décrits dans des médias nationaux et internationaux sous l’appellation “Panama Papers” vont faire l’objet d’une enquête”, a indiqué le ministère public dans un communiqué. L’enquête aura pour objectif d’établir si des infractions ont été commises, par qui, ainsi que d’identifier les éventuels dommages financiers, a précisé le ministère public. Le gouvernement du Panama avait assuré dimanche qu’il “coopérerait vigoureusement” avec la justice en cas d’ouverture d’une procédure judiciaire. Le ministère public panaméen a reconnu la “complexité et l’étendue sans précédent des informations” divulguées, mais a déclaré qu’il “mettrait en oeuvre tous les instruments” à sa disposition pour mener à bien l’enquête.

Au-delà du pays d’Amérique centrale, les conséquences ne se sont pas fait attendre après l’onde de choc. Les répercussions de la divulgation par une centaine de journaux dans le monde de quelque 11,5 millions de documents provenant du cabinet d’avocats panaméen Mossack Fonseca ont été immédiates. Séisme politique en Islande, lancement d’enquêtes enFrance, en Espagne et en Australie, indignation de la Russie, démentis en cascade.

Démentis et justifications

À Moscou, la réplique a été cinglante, visant directement les États-Unis : l’enquête a été menée notamment par des “anciens employés du département d’État, de la CIA et des services secrets” et compte plein d’”inventions”, a accusé un porte-parole. La “cible principale” de l’enquête, selon laquelle des proches de Vladimir Poutine auraient détourné jusqu’à 2 milliards de dollars, serait la Russie et son président dans le but de “déstabiliser” le pays, a-t-il assuré.

Le Premier ministre islandais Sigmundur David Gunnlaugsson, qui aurait créé une société dans les îles Vierges britanniques pour y cacher des millions, est aussi dans la tourmente : il a exclu de démissionner, malgré les milliers de manifestants à Reykjavik lundi soir. Une motion de censure a été déposée par l’opposition, qui sera soumise au vote à une date indéterminée. Alors que recourir à des sociétés “offshore” n’est pas illégal en soi, plusieurs personnalités évoquées dans les “Panama Papers” ont tenté de se dédouaner.

D’autres révélations attendues

En Ukraine, sans nier l’existence de comptes aux îles Vierges britanniques, le président Petro Porochenko a ainsi assuré respecter la loi à la lettre. En Argentine, le président Mauricio Macri, cité comme directeur d’une entreprise basée aux Bahamas, a lui aussi nié toute irrégularité et indiqué qu’”elle a cessé d’exister en 2008 car l’investissement ne s’est pas fait”. Également mise en cause pour des biens immobiliers à Londres gérés via le cabinet panaméen, la famille du Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif s’est défendue de tout acte illégal. Plusieurs gouvernements ont déjà engagé des procédures.

La justice française a ouvert une enquête pour “blanchiment de fraudes fiscales aggravées”, les pratiques dévoilées étant “susceptibles de concerner des résidents fiscaux français”. En Espagne, la justice mais aussi le fisc ont ouvert des enquêtes, et le fisc néerlandais promet de s’intéresser aux possibles cas d’évasion fiscale. L’Australie a lancé des investigations sur 800 clients de Mossack Fonseca. Près d’une trentaine de banques allemandes, parmi lesquelles Deutsche Bank et Commerzbank, auraient eu recours aux services de Mossack Fonseca, selon leSüddeutsche Zeitung, le quotidien qui a obtenu le premier les documents cryptés, transmis par un lanceur d’alerte dont l’identité est secrète.

Le quotidien Le Monde s’est engagé à divulguer le nom d’un “grand parti politique français”. L’émission télévisée française Cash Investigation promet aussi de dévoiler des informations sur plusieurs personnalités, dont l’homme d’affaires Patrick Drahi, mais aussi sur les pratiques de la banque Société générale.

Publié le 05/04/2016 à 07:35

Le Point.fr

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