«Paix et Sécurité en Afrique : enjeux de stabilité et de développement durable » est le thème de la cinquième édition du Forum international de Dakar. Une occasion saisie par Macky Sall pour faire la leçon à l’ONU.
Le Président de la République, Macky Sall, n’est pas passé par quatre chemins pour dire ce qu’il pense des opérations des Nations unies en Afrique. « Lorsque les troupes des Nations unies sont réduites à rester dans les camps en attendant des ordres qui viennent de News York ou d’ailleurs, les malfaiteurs s’en donnent à cœur joie. Il faut revoir la nature de la mission, c’est une question de bon sens », a déclaré le Chef de l’Etat. Il s’exprimait lors de l’ouverture de la cinquième édition du Forum international de Dakar sur la Paix et la Sécurité en Afrique. Pour lui, il va falloir malheureusement prendre l’imposition de la paix. C’est la philosophie même de la mission de maintien de la paix qu’il faut oser remettre en cause et discuter selon les cas, particulièrement dans le Sahel. Il a soutenu que l’objectif du forum est de lever les tabous au fond des choses. Dire à l’Onu voilà ce que le forum de Dakar pense. « Au Mali, il n’est pas normal avec ces 10.000 casques bleues et la force Barkhane, qu’il continue d’y avoir des forces qui perturbent le pays. Ce n’est pas logique. En principe, il y a des choses qu’il faut corriger », a-t-il martelé tout en donnant l’exemple de la RDC, le Congo, entre autres. Et de poursuivre : « Je pense que ce forum de Dakar gagnerait à nous donner des orientations et des indications qui pourraient nous permettre d’avancer dans le même sens ». A l’en croire, la question de paix et de sécurité en Afrique reste au cœur des préoccupations communes. Les menaces directes et indirectes transcendent les frontières, montrent que tout le monde est exposé. Plus personne n’est individuellement à l’abri car chaque pays est une cible potentielle. Face aux menaces, Macky Sall a fait savoir que la coopération entre Etat ne se pose plus comme un devoir de solidarité, mais un impératif d’intérêt commun dont la prise charge conditionne tout ce qui reste, y compris les taches de développement économique et social. « La paix, la sécurité et la stabilité sont les préalables du développement. Et en retour, le développement fortifie la base de la paix, de la sécurité et de la stabilité », a-t-il souligné. Ainsi, dira-t-il, face aux défis sécuritaires, le premier devoir est de faire en sorte que « nos états restent forts et résilients. Quand l’Etat est affaibli, il perd sa fonction protectrice, la confiance de ses populations et de ses partenaires ».
L’initiative de l’UA pour les opérations d’imposition de la paix divise le Conseil de sécurité de l’Onu
Quant à Mme Bintou Keita, la Sous-Secrétaire générale aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, elle a rappelé lors du panel des chefs d’Etats qu’il y actuellement 14 opérations de maintien de la paix, dont 7 les plus larges sur le continent africain. S’agissant de la question de revisiter le modèle évoqué par Macky Sall, « Je crois qu’il faut cerner la part des choses entre les opérations d’imposition de la paix vis-à-vis des opérations de maintien de la paix », a-t-elle expliqué. Selon elle, le secrétaire général a été très clair sur sa proposition au niveau du Conseil de sécurité. Sa proposition est de soutenir l’initiative de l’Union africaine pour les opérations d’imposition de la paix. Il a proposé au conseil d’avoir des soutiens sous la forme de contribution obligatoire. Mais pour l’instant, le Conseil de sécurité est divisé et n’a pas approuvé la proposition. « Je sais que sous l’impulsion de plusieurs Etats membres du Conseil et de l’Union africaine, le plaidoyer continue et nous espérons que ça donnera des résultats pour des opérations initiées par l’Union africaine et soutenue par des contributions obligatoires », a-t-elle dit. À propos du débarquement de la Russie dans le jeu sécuritaire en République centre africaine (RCA), cette dernière a laissé entendre: «On évoque même la présence de mercenaire plutôt que de militaires. La France compte équiper l’armée centrafricaine de 1400 fusils d’assaut, conformément aux normes de l’ONU, mais le débarquement de la Russie inquiète ». D’après elle, 75% du territoire en RCA sont aux mains de groupes armées et 25% de la population dépendent de l’aide humanitaire.
Zachari BADJI