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Oumar Mariko dans l’émission débat politique de Radio Kledu «Nous ne sommes ni adeptes de la trahison ni de la vengeance»

Le jeudi 27 février 2014, l’émission débat politique de Radio Kledu recevait le secrétaire général du Parti Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance (Sadi). Il a été question de : sa réélection à Kolondiéba, l’affaire des bérets rouges, l’interpellation et l’incarcération de militaires membres de l’ex-junte, ses primes d’indemnité qu’il veut reverser au trésor public. Oumar Mariko n’est pas allé avec le dos de la cuillère, puisqu’il a décrié la gestion du pouvoir par IBK et fustigé le comportement des ministres de la Défense et celui de la Justice. Il faut signaler que cette émission devrait recevoir le fils d’IBK, Karim Keïta, qui a désisté un jour avant l’émission. Nous tentons ici de rendre en français cette émission réalisée en langue bamanankan.

oumar mariko depute assemblee national sadi

 

 

Qu’est-ce que vous pensez de la prorogation du mandat des maires pour une durée de 6 mois ?

Oumar Mariko : Une telle initiative devrait être portée à la connaissance de nous qui sommes de la mouvance présidentielle, ne ce serait que pour le respect. C’est sans aucune considération pour nous que nous avons appris, comme tous les autres Maliens, cette décision du gouvernement. Nous, nous ne voulions même pas que l’élection présidentielle se tienne, tout comme les législatives, à plus forte raison les municipales. Si c’est fait pour que tout le monde puisse avoir sa carte Nina, que les urnes soient proches des électeurs ou pour favoriser le retour des réfugiés et déplacés dans les conditions de sécurité, pour une meilleure organisation des élections, je dis que c’est une bonne chose. Ça ne nous dérange pas dans ce cas.

6 mois pour permettre une meilleure organisation, ça doit arranger tout le monde…

Ils savent ce à quoi s’en tenir d’ici la fin des 6 mois. Mais  ce qui se passe actuellement dans ce pays n’encourage rien. Dans  notre pays, on est en train de tout mélanger. Or, il faut la paix dans notre pays. Sans  la paix, on ne pourra rien faire de durable. On a l’impression que certains ne veulent pas la paix dans ce pays ; ils ne veulent pas que le pays soit stable alors qu’ils sont membres du gouvernement actuel. Si on continue comme ça, nous ne pourrions pas aller de l’avant. Il faut que cessent les arrestations contre les militaires, que le ministre de la Défense cesse de livrer les militaires, que le ministre de la Justice arrêter sa mauvaise gestion de la justice.

Qu’est-ce que vous appelez mauvaise gestion de la justice ?

Ce qui se passe dans ce pays est connu de tous : les interpellations, arrestations de militaires, exhumation de corps de gauche à droite. Ça ne se passe pas dans le respect du droit, mais, c’est fait pour se venger, venger des gens. Ce qu’on m’a fait, je vais me venger, mettre les Maliens dos à dos. C’est ce que nous voyons. C’est une mauvaise gestion de la justice. C’est à la fois l’œuvre du ministre de la Défense et des Anciens combattants et celui de la Justice. Ils sont en train de juger comme ils veulent. Ils ne font rien dans les autres dossiers en justice, ils ne font rien pour donner suite aux multiples affaires, mais ils braquent les Maliens vers ces arrestations de militaires, ces exhumations de corps. Dans quel pays on peut arrêter un militaire comme un coq ? Comment peut-on comprendre qu’un pays qui cherche à sortir de la crise et dont le président affirme à toutes les occasions qu’il ne discutera pas avec les hommes armés, ce qui veut dire qu’il compte sur l’armée, que son ministre de la Défense se permette de détruire cette même armée ?

Vous parlez comme un opposant alors que vous êtes de la majorité présidentielle…

Je ne parle pas comme un opposant. Je parle comme j’ai l’habitude de le faire, en tant que citoyen de ce pays. Est-ce que les opposants actuels ont parlé de cette affaire ? Etre avec le pouvoir ne veut pas dire s’abstenir de critiquer certaines actions surtout quand on les juge contreproductives. C’est différent de l’opposition, d’autant que je peux le dire avec discernement. Ce n’est pas forcément le cas de l’opposition. Les gens pensent qu’être avec la majorité présidentielle veut dire qu’il faut fermer les yeux sur ce qui ne va pas. Non, nous avons fait 5 ans dans le gouvernement d’ATT, mais nous le critiquions quand même ! Nous sommes là pour construire ce pays. Celui qui est au pouvoir ne pas seul le faire, il a besoin de tout le monde. Notre rôle n’est pas de nous taire quand les choses tournent mal. Dans ces conditions, nous n’aiderons pas le pouvoir.

Comment voyez-vous la reprise des pourparlers avec les groupes armés ?

Pour moi, on peut faire des pourparlers avec ceux qui sont pour l’intégrité du Mali, et non avec ceux qui réclament l’autonomie ou l’indépendance. C’est pourquoi, il sera mieux indiqué de se retrouver avec ceux qui sont pour l’unité nationale. Le Mali n’est pas à diviser.

Que pensez-vous des rebelles qui ont été élus députés ?

On a dit que je suis un jihadiste du sud, parce qu’on était opposé au régime d’ATT. Ceux qui sont tombés avec le coup d’Etat du 22 mars 2012 sont partis chercher des mercenaires pour venir faire le 30 avril 2012. Ils ont perdu. Mais ce sont les éléments de ce 30 avril que le ministre Soumeylou Boubeye Maïga est en train de mettre aux postes de responsabilité au sein de l’armée. Il est en train de faire juger les éléments du 22 mars 2012. Soumeylou Boubèye Maïga et Mohamed Ali Bathily sont en train de faire ce travail. Le  ministre de la Justice est en train de tout foutre en l’air dans ce pays. Je me suis exprimé partout sur le cas d’Ag Bibi. Il a beaucoup travaillé pour Alpha Oumar Konaré qui l’utilisait pour faire des négociations au nord. Ça s’est passé ici ! ATT a emprunté la même voie. Ag Bibi lui-même a dit un jour dans Le Républicain : «Je suis rebelle, fils de rebelle. Mais je ne veux pas que mon fils devienne un rebelle». Il a affirmé qu’il ne comprenait pas la démarche des autorités maliennes qui, chaque fois qu’il y a crise, l’envoyaient négocier avec des bandits, qu’à son grand étonnement, l’Etat donnait de l’argent à ces mêmes bandits puis les libéraient. Moi, j’ai vu ça dans Le Républicain. Est-ce qu’on peut dire à ce monsieur qu’il est rebelle et qu’il ne doit pas être député ? Il faut d’abord chercher à savoir pourquoi il est devenu rebelle. Sinon on va taxer beaucoup de gens d’être des rebelles, sans en avoir les preuves. Si on vérifie, on se rendra compte que ce sont des gens qui se battent contre les injustices sociales dans notre pays.

A regarder de près, ils sont nombreux ces rebelles avec différentes formations comme : MAA, HCUA, MNLA. Moi, j’ai rencontré deux fois les leaders d’Ansardine qui est devenu HCUA. Tout le monde était au courant de ces deux rencontres, y compris les autorités de l’époque. Ce qui me tracasse, c’est que je n’ai eu l’occasion de parler de la rébellion dans aucune émission dans notre pays. Sinon j’ai beaucoup de choses à dire  là-dessus.

Qu’est- ce qui s’est passé avec Ansardine à Niafunké en 2013 ?

Ce que les gens ne savent pas, c’est que j’ai rencontré Ansardine avant le coup d’Etat, parce que j’ai vu que des Maliens ont été délaissés par le gouvernement d’ATT, tout comme l’armée. En tant que Malien, j’ai senti que je pouvais éviter la guerre à mon pays, que je pouvais apporter ma contribution, c’est ce que j’ai fait. Comme en 1990, j’ai été à la rencontre des rebelles en Mauritanie, quand j’étais encore étudiant. Après j’ai refusé le Pacte national pour la simple raison que ce n’était pas bon pour notre pays. C’est de la politique, si la politique ne règle pas la rébellion, l’argent ne saurait le faire. A Niafunké, les gens d’Ansardine m’ont dit comment et pourquoi ils ont pris les armes. Après la chute d’ATT, ils ont marqué une pause ; ils ont nettoyé Gao en chassant le MNLA avant de s’installer confortablement dans la région de Tombouctou. Ils m’ont dit que si ATT était resté au pouvoir, qu’ils prendraient Sevaré. Et trois colonels de l’armée malienne m’ont dit la même chose. Ils se sont arrêtés parce qu’il a eu la chute d’ATT. C’est pourquoi les Maliens et IBK ne doivent pas remercier Haya et son groupe de cette manière. Jusqu’à ce jour, ils préparent des listes de radiation de certains militaires. Est-ce que ceux qui font ce travail veulent vraiment le bonheur des Maliens ? Par ailleurs, je constate que le président de la République ne dit rien. Les Maliens ne veulent pas de la Cédéao ni de la France. Ils souhaitent se parler entre eux pour aplanir les différends. C’est mon combat de tous les temps. Aujourd’hui, ce qu’on voit, c’est qu’on est en train d’attendre ceux qui ne veulent pas appartenir au Mali, alors qu’il y a des gens qui disent oui à un Mali un et indivisible. C’est dommage. C’est la France qui nous pousse à aller dialoguer avec ces gens, et notre ministre de la Défense travaille à cela. Ils sont en train de créer une situation d’insécurité généralisée au nord, pour que les déplacés et réfugiés ne reviennent pas. Dans le cas contraire, il y aura des affrontements entre les différents groupes et ça sera encore le chaos.

Donc on ne peut pas parler de stabilité et de retour à la paix avec le gouvernement actuel ?

Jamais, parce qu’il fait de la mauvaise gouvernance. Nous, nous avons dit que nous soutenons IBK, parce qu’il a parlé de dignité et d’honneur des Maliens. Mais nous ne sommes pas là pour lui dire de belles paroles. Nous pouvons lui refuser des choses sans jamais le trahir. Nous n’allons pas le mettre dos à dos avec le peuple pour des questions d’intérêt personnel. Mais s’il se trompe, je vais le lui dire. Le Mali ne doit pas laisser la France faire ce qu’elle veut parce qu’elle est à la base de cette crise. C’est elle qui a créé le MNLA de toutes pièces. Ils sont aidés en cela par le FDR, Soumeylou Boubèye Maïga et Mohamed Aly Bathily. Et IBK reste coi.

Le ministre de la Justice est très proche de vous, parce qu’on l’a très souvent vu avec votre groupe…

Avant d’être dans le gouvernement, on peut le dire, on se connaissait. Mais ce que je ne comprends pas actuellement chez lui, c’est son acharnement contre Sanogo et son groupe jusqu’à ce qu’il donne des instructions à son procureur. On a aussi travaillé avec son procureur Daniel Tessogué, mais actuellement, on ne le comprend pas lui aussi. C’est lui qui a enfermé les travailleurs de Radio à Koutiala. Juste pour dire que ce n’est pas une question de personne. C’est dans les années 1980 qu’on était proche de Mohamed Aly Bathily, parce qu’il était avec Madame Sy Aminata Konaté, la femme de Victor Sy. Ils sont un certain nombre de magistrats qui ont dit non à Moussa Traoré, parce qu’ils n’ont pas voulu faire un mauvais jugement dans l’affaire des éleves. On était d’accord avec lui. Après, il est devenu le directeur de cabinet de Sambou Soumaré, on a commencé à douter lui, mais il est resté notre camarade. Après la chute de Moussa Traoré, nous l’avons soutenu pourqu’il soit le directeur de cabinet d’ATT pendant la transition. ATT l’a chassé sans qu’on en sache les raisons. Le même ATT l’a envoyé à la Francophonie, puis, l’a nommé ambassadeur à Dakar. C’est après tout cela qu’il est revenu au pays pour travailler avec nous. Il s’est éloigné de nous pour aller vers IBK parce qu’il croyait qu’ATT allait donner le pouvoir à IBK. C’est pourquoi, je dis qu’il ne travaille pas dans le cadre d’une justice équitable et juste. Mais il travaille pour se venger. Je me fonde sur deux faits pour le dire. Le  premier, c’est la gestion de l’affaire Haya. Dans cette affaire, il est l’avocat des bérets rouges. S’il est vrai qu’il est un bon juriste, il n’aurait pas dû accepter d’être le ministre de la Justice. Et s’il acceptait de l’être, il devrait laisser les procureurs gérer cette affaire sans immixtion. Or, ce qu’on voit, c’est le gouvernement qui fait l’exhumation des corps ; c’est le gouvernement qui fait des communiqués à la radio et à la télévision nationale. C’est une violation des textes. Ce Mohamed Aly Bathily va en guerre contre les magistrats en les humiliant. Et pourtant, on sait qu’il a pris de l’argent avec des bérets rouges, d’autant qu’il est leur avocat. Alors se pose un problème éthique et moral. Le deuxième fait, c’est qu’ils sont en train de faire croire qu’il  n’y a que cette affaire au Mali, alors que les Maliens ont des problèmes à longueur de journée au niveau de la justice. Tout le monde sait que la justice n’a pas changé. Des gens viennent nous voir à longueur de journée avec des problèmes. Nous avons même des preuves contre certains magistrats qui ont pris des pots-de-vin pour libérer des prisonniers.

Est-ce que vous avez donné ces preuves à IBK ?

Non. Ce n’est pas notre travail. IBK a des services pour faire ce travail. Mais, si des solutions ne sont pas trouvées, nous allons ventiler ces informations dans les jours à venir. Ce qui me dépasse dans tout cela, c’est l’affaire Mamadou Diawara. Je ne pouvais pas imaginer un instant que Bathily soit un décideur dans ce pays et que Diawara crpoupisse en prison. J’ai interpelé des ministres au temps d’ATT sur la base des arguments de Bathily et de Me Amidou Diabaté. Il y a eu le coup d’Etat avant que ces ministres ne soient interpelés, et l’assemblée nationale a bloqué mes interpellations. Mohamed Aly Bathily me disait que le droit n’a pas été dit dans ce dossier. Aujourd’hui, il peut dire le droit, au lieu de faire des discours va-t’en-guerre pour détruire l’armée malienne, pour suivre les organisations internationales de droit de l’homme. Il a dérouté du droit chemin.

On a appris que vous êtes allés voir Haya en prison…

Je dois aller le voir dans ces deux jours. Je vais d’abord faire ma conférence le samedi 1er mars 2014, parce que certains ont clamé partout que j’ai volé l’argent de l’Etat. Ils affirment que même n’étant plus député, que je continuais à prendre l’argent de l’Etat. Beaucoup de choses ont été dites. Je vais restituer les 28 millions au trésor public, il s’agit du cumul de mes primes, mes indemnités et salaires. Ils m’ont enlevé l’immunité parlementaire, mais, aujourd’hui, je suis élu député et la population de Kolondiéba m’a élu de la plus belle manière. Il est temps qu’on se dise la vérité dans ce pays. Chacun a subi quelque chose à un moment donné, si tout le monde devait se venger, ça serait la catastrophe !

Après tout ce que vous venez de dire, est-ce que vous êtes de la majorité présidentielle ?

Oui, nous ne sommes pas de l’opposition. Il y a des gens qui se disent de l’opposition. S’ils veulent que Sadi fasse le combat pour qu’ils prennent le pouvoir, on ne le fera pas. Nous les voyons, qu’ils sachent que nous travaillons pour le pays et le peuple malien.

Un mot pour conclure cette émission

Je demande à ceux qui croient en nous de venir dans notre parti, afin qu’on travaille dans les sections et sous-sections pour faire changer le pays. Nous soutenons le RPM et IBK, mais il faut qu’eux-mêmes s’aident avant notre appui. Nous soutenons les militaires et nous resterons fidèles au groupe d’Amadou Haya Sanogo. Nous ne sommes ni adeptes de la trahison ni de la vengeance.

 

 Kassim TRAORE

Source: Le Reporter

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